L'obéissance est la fierté des lâches, notre Légion d'honneur.
C'est un cadeau qui nous est fait, ça: savoir quand c'est la fin
Ses mains ont alors caché son visage. Ses épaules se sont affaissées doucement. Sa spécialité. J'ai alors eu terriblement honte de lui, et je me suis juré de n'être jamais un père comme lui.
Je fus pire.
Je me suis dit que le bonheur on ne le sait qu'après; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur.
une naissance c'est toujopurs plein d'eau,plein de larmes
la philématophobie
Le bonheur est une telle ivresse, une telle violence qu’il emporte tout. Les pudeurs. Les peurs. Il peut être si douloureux, il peut faire vaciller, anéantir. Exactement comme le malheur. Mais on ne le dit jamais de crainte que tout le monde se méfie du bonheur. Parce que alors tout s’écroulerait. Parce que deviendrions tous des fauves qui se dévoreraient les uns les autres.
Comprendre, c'est faire un pas de géant vers l'autre. C'est le début du pardon.
Sur les photos, on ne voit pas la cuisson du poisson. On ne voit pas les compliments menteurs : « le bar était parfait. » On voit notre nouvelle voiture. On me voit moi, couillon, à côté de la nouvelle voiture. On voit le vélo Barbie à trois roues. On voit Joséphine et Nathalie dans la baignoire. On voit Anna et son mari Thomas dans notre petit jardin, près d’une jacinthe fanée. On ne voit pas ma mère. On ne voit pas les mensonges. On ne voit pas le bébé que Nathalie n’avait pas voulu garder un an plus tôt parce qu’elle ne savait plus si elle m’aimerait toujours. On ne voit pas cet amour-là, bref et infini, immense et tragique. On ne voit pas mes larmes d’alors. Mes nuits d’alors sur le canapé. Mes insomnies d’alors. Le mal qui infusait alors. Le fauve qui se réveillait.
On ne voyait que le bonheur.
J'étais un monstre. Le voisin charmant, poli,souriant. Un homme sans histoires. Jamais un mot de travers. Jamais un regard flou. Il triait ses ordures. On ne l'a même jamais vu écraser un mégot par terre. Quand même sa femme l'a quitté. Il a été viré de son travail pour corruption, je crois. Son père est handicapé ou quelque chose comme ça. Et sa mère. Elle est morte dans des conditions épouvantables. Il l'a abandonnée
J'étais un papa qui avait fait du mal à sa fille, qui s'apprêtait à en faire à son petit garçon. Mais ma main avait tremblé.
Elles étaient cruelles parfois ; elles disaient ça ne sert à rien un frère, on aimerait mieux un petit chien.