Citations sur Le théâtre de Slávek (29)
Tchèque, j'étais le paysan de Sporck, Sporck était le paysan des princes. On est toujours le Tchèque de quelqu'un. (p. 182)
Les compagnons de mon père étaient maçons, appareilleurs, charpentiers, sculpteurs. Attirés par l'embauche, beaucoup venaient d'Italie, des pays allemands, et même de France. (...)
La ville de mon enfance est couverte d'échafaudages. Que j'aimais le spectacle de cette ville ébrouant ses vieilles pierres. (p. 15)
Ainsi je lui appris qu'au début du XVe siècle, l'empereur du Saint-Empire et roi de Bohême Sigismond délivra aux Tsiganes présents sur ces terres des lettres de protection. Fort de ces lettres éditées chez nous, ils arrivèrent en France, d'où le nom de Bohémiens qu'on leur donna là-bas. (...)
Notre siècle n'aime plus le peuple de Lasdislav [Chef des Tsiganes]. Les seigneurs, les bourgeois, les paysans, l'Eglise, tous lui donnent à porter malheurs et méfaits, pêle-mêle, quand il n'y a pas de quoi. (p. 213-214)
Josef n'avait pas le goût de vivre sans Ludmila.
Il lutta encore quelque temps pour moi.
Un jour le voyant torturé de fatigue, luttant pour garder les yeux ouverts, boire une gorgée d'eau d'oiseau entre deux respirations calamiteuses, je lui dis qu'il pouvait, s'il le devait, partir tranquille, que Josef et Ludmila m'avaient donné en dix-sept ans ce que peu de parents auraient donné en cent, que j'avais fait de si bonnes réserves que je pourrais soutenir toutes les pestes à venir.
Mon père avait confiance en moi.
Il me crut. (p. 153)
Je ne fus jamais impressionné par un titre, une charge. C'est que, me taquinaient mes amis, avec tes béquilles, tu ne peux pas faire la révérence. C'est vrai. Il faut bien qu'il y ait un peu de bon à être infirme. (p. 112)
Elle apprit dans ces temps-là à regarder Prague un peu avec mon coeur, à la considérer à la mesure de la terreur que j'avais qu'on la détruise. Si mon amie se souciait de Prague pour moi, d'abord, elle finirait par l'aimer, quel que soit le biais. (p. 348)
Je n'ai ni le sens, ni le goût de trancher sur la valeur des hommes et des femmes selon la couleur de leur peau, de leur langue, de leur pays ou de leur rang. Si j'avais dû prendre ce pli imbécile, je n'aurais pas eu le privilège de connaître Broz qui était très seul hors notre amitié. (p. 214)
S'exiler pour être libre ? Qui croit ça ? Pour survivre peut-être, mais il y a tant de choses dont l'exil ne libère pas. (p. 311)
Qu'un nouveau théâtre vienne se nicher sous le toit de cette maison commune, au coeur du coeur de mon quartier, oui cela, même d'où j'étais, j'avais fini par l'entendre. (...)
De nuit, sous la charpente en forme de coque de navire renversé, bientôt on jouerait la vie.
Oui, cela je l'entendais.
Quand j'écrivais que cette bête d'homme a besoin pour vivre d'autre chose que de pain et d'eau. (p. 326)
Est-ce que sur sa terre, Françoise me prêterait la même oreille que lorsqu'elle vivait sur la mienne ? Est-ce qu'un amour dépend de là où il prend ? Déplacé, tient-il à lui-même ?
Quitter Prague, et ne plus parler ma langue ? Cela me semblait beaucoup d'un coup . (p. 167)