Citations sur Sanderling (30)
Elle aiguise sa mémoire à ne rien perdre, s'assoit le lendemain sur la mémoire rafraîchie de la veille.
Germain exagère, l'homme est une créature qui veut vivre et se répliquer comme toutes les autres, de la bactérie au baobab, de la baleine à la framboise.
"Avec le progrès de la sélection, plus rustique et résistant que le lupin, il n'y a pas. J'ai de très bons rendements, c'est dans ces prés-là que mes vaches paissent jusqu'à Noël. Et puis tu peux aussi exploiter l'huile maintenant que le lupin est débarrassé de son amertume. Et elle est fameuse ! Je ne comprends pas qu'il y en ait si peu pour voir ses qualités. Les gars sont complètement aveuglés par le soja, c'est plus des paysans, c'est des veaux..."
p.95
Cette parcelle est trop vaste, les haies qu'il a densifiées autour n'y feront rien, la terre s'érode. Quels contours donner à ces haies pour qu'elles gênent le moins possible la circulation des engins ? Un tracé baroque prend forme dans sa tête. Ça fera jaser, peu importe. Il entend l'écho de la voix de Julienne qui le rassure : "Ton grand-père disait que tu avais le sens du juste et du suffisant. Il avait raison. Fais-toi confiance."
"Après l'homme, qui dira aux fleurs comment elles se nomment."
E. Granek
Landry ne les entend pas, pas plus qu'il n'écoute la radio toujours allumée, qui commente sans fin le jölkulhlaup, les dégâts, l'éruption à venir, car s'il roule scrupuleusement vers la baie de Quiberon, en pensée, il pagaie sur le grand fjord, il va vers un nid, confetti posé sur l'immensité barrée d'un horizon rose. Ça dot être ça un pèlerinage, la route qu'on suit, carte en main, mène ailleurs.
p.143
Ce qu'on appelait l'environnement ne peut pas être ce rien poisseux, mouillé, ces oubliettes ! Cet arbre noir, pourri, à demi-noyé, qu'on ne fait qu'apercevoir à travers le brouillard de cendres, qui se souvient d'hier, du temps où il était vert et où des pommes rouges alourdissaient ses branches?
Tu vois mon chêne, là? Et ben mes plus beaux voyages, c'est là-dessous que je les ai faits, avec un livre, et mon imagination pour la route.
Merlin est un grand animateur du bistrot d'Alice, ce n'est pas tant l'alcool qu'il va chercher ou la compagnie, c'est l'envie de s'opposer, d'avoir une bonne discussion musclée. Il considère que c'est hygiénique. (...)
D'autres vont au bistrot, juste pour être debout à côté de quelqu'un, en silence, d'autres par curiosité, pour les nouvelles. Certains prétendent qu'ils y vont pour faire vivre le bistrot d'Alice, par magnanimité donc.
La barre rose nacré s'élargit, plus lumineuse à chaque instant, elle gagne sur le ciel. Le noir en rabat se grise, la mer s'anime. Avec le soleil qui perce, l'eau de plomb devient bleue. L'eau charmée par la lumière joue, danse et brille, le blanc unique des icebergs, épais et mat tout à l'heure, devient "des" blancs, des blancs bleus, translucides. Les petits icebergs coiffent la mer des couronnes turquoise formées à leur base.