J'ai été sélectionnée par PriceMinister pour participer à l'opération « la BD fait son festival ». Une liste de BD m'était proposé, mon choix s'est porté sur «
S'enfuir récit d'un otage » du dessinateur québécois
Guy Delisle. J'avais déjà en projet la lecture de «
Chroniques de Jerusalem » car j'aime ce genre de bd reportage, carnet de voyage, récit qui traite de faits réels, politiques… Merci encore pour cette opération et je suis ravie d'avoir été sélectionnée et l'ouvrage est d'une grande qualité tant par son contenu que la forme, un pavé de 428 pages édité chez Dargaud.
L'histoire qui nous est contée est réelle, c'est celle de Christophe André, administrateur de Médecins sans frontières en Tchétchénie, enlevé dans la nuit du 1er au 2 juillet 1997. Les enlèvements dans la région sont monnaie courante à cette époque, le français n'y échappera pas.
J'ai beaucoup aimé cet album sombre qui évoque les quatre mois de captivité de cet homme. le style est simple et dépouillé, les personnages sont presque caricaturés, le gris bleu domine, plein feu sur notre personnage, Delisle ne le lâche pas un seul instant. C'est sombre comme les pièces où on le tient enfermé, c'est sommaire, un matelas à même le sol, une petite couverture, un radiateur auquel il sera attaché pendant deux mois. C'est sommaire comme les repas, une soupe, un thé, un bout de pain, rarement de la viande. La lumière du jour ne filtre pas, il a été enlevé la nuit et lors de ces deux ou trois déplacements avec ses ravisseurs c'est aussi la nuit que tout s'effectue. Les dessins, les couleurs utilisées traduisent parfaitement les conditions de détention et les états d'âme du français qui évoluent avec le temps. Des envies de fuite oui mais s'enfuir quand et comment ?
Comment vivre ce dur quotidien, quatre longs mois de séquestration, pas d'échanges avec ses ravisseurs, compter les jours c'est important et puis les pensées négatives, s'empêcher de penser à ceux qu'on aime, occuper son esprit pour ne pas s'effondrer psychologiquement, les bruits ordinaires, les bruits inhabituels, les idées noires, l'humiliation, la désagréable sensation de n'être qu'une marchandise, l'attente, la chaleur, les mois qui passent, des idées de fuite, puis une demande de rançon exorbitante d'un million de dollars et des tractations qui stagnent et n'aboutissent pas.
C'est une découverte, j'aime ce style et je pense me pencher à l'avenir sur les albums de
Guy Delisle. Merci encore à l'équipe de PriceMinister pour la sélection et la qualité de l'ouvrage. On me demande de noter la BD, ce que je ne fais jamais mais je me prête au jeu. Je me suis vraiment sentie en captivité avec cet homme, donc tout est parfait!
Lien :
https://chroniquesaigues.com..