Amateur de polar, passez votre chemin, «
Boréal » n'est pas pour vous. Dommage. Quel gâchis.
Et pourtant tout commence bien. Habile construction, adroite mise en place de l'intrigue. Petit à petit, tout y est. Malgré quelques lourdeurs et longueurs inutiles on est pris par le mystère de cette découverte d'un troupeau d'un millier de boeufs musqués morts au Groenland puis dans la foulée par celle de villageois tout aussi morts, quelques kilomètres plus loin. Massacre de militaires ? Accident nucléaire ? de son écriture impeccable
Sonja Delzongle nous met sur plusieurs pistes. On est dans l'attente haletante… S'annonce alors un palpitant thriller écolo-politique.
Et puis patatras. À la moitié du livre, elle change carrément son fusil d'épaule. Et d'un polar, on vire à un film d'horreur, un blockbuster hollywoodien, un récit fantastique, fantasmagorique ou de science-fiction, que sais-je encore, où tout est abracadabrantesque. du coup, les petites erreurs entrevues au début deviennent soudain plus visibles voire risibles. Quelques exemples pour le fun :
1. Mathieu, un de ses personnages, qui se masturbe dehors par - 40° en voyant ses collègues faire l'amour ? Comment fait-il pour sortir son engin avec toutes les couches qui le protègent nécessairement ? L'auteure a sans doute voulu s'encanailler mais ça ne prend pas.
2. Luv, un autre personnage, serait froide avec ses collègues parce qu'elle emploie le vouvoiement. Sauf qu'une norvégienne qui s'adresse à un canadien le fait sans aucun doute en anglais comme avec tous les autres membres de la mission internationale qui viennent tous d'un pays différent. Or il n'y a pas de vouvoiement en anglais.
3. À vouloir faire un « thriller international »,
Sonja Delzongle s'embrouille d'ailleurs souvent. Elle parle ainsi de « caribou » (p. 66), or ce terme est uniquement employé en Amérique du nord. Dans nos contrées, y compris au Groenland, on dit simplement « renne ». L'auteure parle aussi de la « Queule river » (p. 87), qui se trouve en Amérique du sud. Pourquoi « River » alors ? Soit il faut employer la langue locale, « rio », ou plus simplement rester en français.
4. Ferguson le danois « a l'air d'un rugbyman KO à la fin d'un match perdu ». Ben peut-être, mais les Danois savent-ils seulement que ce sport existe ? La comparaison est donc mal employée. Un boxeur aurait suffit…
5. Cerise sur le gâteau, le coup de la panne d'essence de la motoneige. Pas crédible une seconde. Mesure de sécurité élémentaire que personne ne peut oublier, surtout des professionnels.
Et ainsi de suite… N'en jetez plus…
Bref, 0 pour un polar ; 0,5 pour le scenario mais 5 quand même pour l'écriture : telles sont mes notes. D'où une moyenne de 2,5.