Mon travail m'amène à rouler beaucoup chaque semaine. Pendant ces longs trajets, j'écoute des Audiolivres. le catalogue n'étant pas très fourni et lisant beaucoup par ailleurs, je suis parfois à court d'idées. Devant le nombre de lecteurs enthousiastes, j'ai décidé de tenter un premier roman de
Sonja Delzongle, en l'occurrence «
Boréal ». Je vous explique pourquoi j'ai regretté amèrement mon achat.
Attention il y a du gros SPOIL mais comme je vous recommande de ne surtout pas lire ce roman, ce n'est pas très grave 😉
- Style : il est pour le moins décevant, je vous livre deux petits exemples très poétiques ; les relations sexuelles sont comparées à des « frottements humides de muqueuses » et les yeux des Inuits à des « fentes de store » … c'est beau non ? Je vous passe la scène de sexe finale qui est plus que digne d'une série Harlequin ou d'un roman de gare, j'en avais les larmes aux yeux tellement le style est grotesque
- Personnages : j'ai lu une critique disant qu'ils arrivent chacun, dans la base, avec leurs traumatismes. Là ce ne sont plus des valises qu'ils trimballent, ce sont des extraits du catalogue des horreurs humaines (divorce, mort, cancer, faillite, culpabilité, enfant caché, adultère …). Attention, on s'accroche (c'est un peu compliqué), la palme d'Or revient à Luv « l'héroïne » du roman, elle a abandonné sa première fille, celle-ci a été éduquée par les parents de Luv (les grands-parents donc). Elle va attenter à la vie de sa mère Luv en lui tirant une balle dans l'abdomen alors que celle-ci est enceinte de sa seconde fille (c'est bon, vous suivez ?). le père de Luv va le découvrir et tuer sa petite fille (qu'il a donc élevée) en lui roulant dessus avec un 4x4 puis mourir de son cancer du cerveau dans sa cellule (non je n'exagère pas !). Il fallait l'inventer ? pas certain … de plus aucun de ces personnages n'est attachant. Comme Luv par exemple qui a quand même le diable au corps, mariée, elle aura envie successivement de coucher avec le chef de l'expédition, puis le reporter pour finir par coucher avec le glaciologue canadien (enfin !), tout ça en 3 semaines de temps.
- Film : si on envisageait une adaptation cinématographique de ce livre, ça serait au mieux une Xième série B avec sa tribu perdue, dégénérée, consanguine, un peu irradiée et cannibale … ça fait rêver aussi non ?
- Hécatombe : ils sont 8 au départ dans cette base arctique, il n'en restera que deux à la fin du roman, le chef de mission mangé par les ours (couic), la scientifique anglaise mangé par les cannibales (couic), le cuisinier mangé par un chien (couic), le photographe français mort d'une septicémie suite à une fracture ouverte du poignet en une nuit (un record médical à publier ! couic), le reporter mort de faim car il refuse de manger de la chair humaine (couic) et la scientifique japonaise qui se tranche la gorge elle-même (couic), sans oublier les deux policiers partis à leur secours écrasés par des blocs de glace (couic et couic). Il vaut mieux ne pas trainer dans ce roman, c'est mauvais pour la santé. On précisera également que les deux survivants (ressuscités plutôt ?) se sont laissés mourir dans la nuit polaire au milieu de nulle part et ont été trouvés et secourus par hasard juste au moment où ils passaient l'arme à gauche, ah les unités mobiles du SAMU en traineau font des miracles dans le coin !
- Bases scientifiques (je suis vétérinaire) : bien documentées selon certaines critiques : je ne vais pas refaire un cours sur la rage qui est un virus donc non sensible aux antibiotiques mais un étudiant qui citerait autant d'âneries sur cette affection ne validerait pas son doctorat. le must étant probablement le gentil chien de compagnie qui devient une bête tueuse, mangeuse elle aussi de viande humaine et la scène impayable où il a la ruse (le vilain toutou) de gratter à la porte pour qu'on lui ouvre et d'égorger en suivant l'innocent qui lui ouvre (pour le dévorer bien sûr) … et de revenir ensuite faire des léchouilles à son maitre qui pendant ce temps lui aussi mange ses anciens compagnons. Idem, l'unité vétérinaire de comportement canin ne sera pas validée sur ce coup !
- Thriller écologique : alerte arnaque, c'est encore un coup du service marketting, trouvez-moi les responsables ! C'est vaguement saupoudré de quelques idées écologiques assez éculées en plus, sans aucun approfondissement, lisez plutôt le bouquin de
Fred Vargas sur le sujet, ça sera nettement plus intéressant.
- Invraisemblances totales : je crois que vous avez la dose, on va rajouter une ou deux petites anecdotes pour finir. Quand vous partez en motoneige dans la nuit polaire où on ne voit rien, où il fait un froid pas possible, où tout le monde se fait zigouiller, vous vérifiez le réservoir d'essence non ? Et bien eux, non, c'est idiot ? Ou le tunnel de glace qui n'a pas bougé depuis des années qui s'écroule deux fois de suite, enfermant puis libérant (magique, tu me vois, tu me vois plus !) un des deux seuls survivants. J'en passe et des meilleures.
La bonne question est pourquoi je suis allé jusqu'au bout ? Pour connaître la fin ? Et bien, il n'y a pas de fin (sauf si vous aimez les scènes de sexe Harlequin), tout a déjà été dévoilé avant, c'est assez surprenant comme procédé non ?
Allez, lisez des bons romans !