Je m'enfonce un peu plus dans l'atmosphère martienne de Skye. De la planète rouge, elle a les ocres orangés, les rouilles et les ors, et les reliefs rudes. Mais l'ensemble reste malgré tout plus monochrome que dans les Highlands.
Il est vrai qu'en Ecosse, le surnaturel prévaut et cette part de mystère, ainsi que les ombres de revenants légendaires, lui confère un charme irrésistible.
Oui, je crois en l'existence d'une vie au-delà de notre planète, alors que je n'en ai absolument aucune preuve et que je me réclame en permanence de saint Thomas. Pourquoi donc ne croirais-je pas en la possibilité d'une créature cachée dans les profondeurs d'un lac écossais?
Par plages d'un gris profond, le Loch Ness se rappelle au regard, qui a à peine le temps de s'arrêter sur des embarcations abandonnées le long d'une rive trop courte, abrupte même.
La tourbe, qui a donné ses teintes au confluent du Loch Ness et en constitue les couches supérieures, fruit de dizaines de milliers d'années d'accumulation de mousses et divers végétaux, et de sédimentation, est si pauvre en nutriments que certaines plantes ont dû, en dernier recours, se nourrir d'insectes.
Le Loch Ness, sa beauté presque étrange. Troublante.
Les monstres sont des exutoires aux pulsions animales et aux penchants les plus obscurs, mais également aux peurs les plus profondes.
2° C. C'est la température qui s'affiche à mon arrivée dans la petite ville de Fort Augustus où le GPS me conduit laborieusement jusqu'au cottage perché sur les hauteurs et tout près du lac, qui m'hébergera. Fort Augustus, aux portes du Loch Ness et de ses mystères, de son monstre. Son souffle humide qui se dépose dans les rues et sur l'herbe.
Ici, on parle du monstre au féminin.
Parce qu’un monde privé de monstres est un monde privé de poésie… Un monde sans rêves et sans évasion. Un monde sans possibles et sans avenir.