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Citations sur La Désirade (17)

Quelques passagers, la rumeur courant que c'est l'homme à la canne qui les a sauvés, viennent lui serrer la main en insistant pour qu'il accepte leur carte de visite.
_ Le commandant s'est-il fait sauter la cervelle ? demande l'ingénieur chimiste polonais.
_ Je crois, dit le steward, qu'il a bu quatre bouteilles de vodka. Il doit être pour le présent ivre mort.
_ C'est une autre solution, dit le Polonais.
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Je n’ai pas trouvé l’âme humaine sous mon scalpel parce que l’âme n’appartient à aucun homme individuellement mais à l’humanité tout entière.
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on va te fermer ta plaie. Elle a l’air saine, maintenant.
– Vous allez la coudre ? demande Lafitte.
L’autre s’esclaffe dans l’ombre.
– Pas moi, garçon. Il y a longtemps que je n’ai plus de doigts. Et ici, il n’y a ni fil, ni aiguille. On tisse, on ne coud pas.
Lafitte contemple sans sourciller le petit panier plein de gros termites rouges qu’apporte un Indien. D’une main, l’homme rapproche les bords de la blessure. Le termite mord. L’Indien, qui le tient de l’autre main entre deux doigts, pouce et index, de l’ongle du pouce coupe la tête et la sépare de l’abdomen. La tête n’a pas lâché prise. Voilà un point de suture de fait. La pluie tambourine sur le toit de palmes.
Du fond de la case, le lépreux a surveillé l’opération.
– N’est-ce pas beau, la médecine indienne, garçon ?
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– Comment ? plus de roi de France ?
– On lui a coupé la tête.
– À Louis XV le Bien-Aimé ? Pas possible !
– À Louis XVI.
– Et qui est roi, alors ?
– Il n’y en a plus. C’est la République.
– C’est quoi, la République ?
– C’est quand tous les hommes sont libres et égaux.
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Les premiers jours du nouveau pouvoir, en cette fin d’hiver gris et pluvieux, sont chargés de promesses comme un mois de mai. Le droit au travail est reconnu et les Ateliers nationaux sont créés. Le salaire est de deux francs par jour. Quarante mille chômeurs se précipitent et on monte de province en sabots pour s’inscrire. Les titres de noblesse sont supprimés. Le suffrage universel direct est institué. L’esclavage dans les colonies est aboli. La journée de travail est réduite à dix heures. La paix est déclarée aux peuples du monde. Lafitte est heureux : la Désirade n’était pas que le nom d’une île au loin.
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Au moment où il va se retirer, Karl Marx le rappelle.
– Je ne crois pas avoir entendu votre réponse en ce qui concerne la nature et l’objectif du phalanstère que vous aviez tenté de créer au Nouveau Monde et qui vous a laissé cet idéal vague sur fond de pessimisme que je constate en vous. Industriel ou agricole ?
– Ni l’un ni l’autre, monsieur Marx.
– Le commerce, le négoce ?
– Dans une certaine mesure. J’étais pirate,  Marx se lève et sa chaise tombe.
– Pirate ? Un vrai pirate ?
– Un vrai. J’avais quand même des lettres de course.
– Vous ne produisiez rien par vous-même ?
– Non, Monsieur. Rien. Je prenais aux autres. Marx redresse sa chaise, se rassoit.
– Je suis heureux que vous ayez échoué. Cela aurait été une insulte à toutes les théories.
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Le vieux marquis de Chérence, qui a émigré parmi les premiers avec le comte d’Artois et porte encore culotte et perruque blanche poudrée, y retrouve le général Humbert, ancien lieutenant de Hoche qui, républicain acharné, a quitté la France quand Napoléon s’est fait sacrer empereur. Il arbore l’uniforme du commissaire en mission dessiné par le peintre David : parements brodés, ceinture tricolore et bicorne emplumé. Question d’honneur et de convictions, les deux hommes ne se parlent pas, mais comme l’un et l’autre sont fanatiques du jeu de piquet, ils engagent des parties muettes avec, chacun debout derrière sa chaise, l’un, son majordome en perruque poudrée, encore plus vieux que son maître, l’autre, son ancien ordonnance qui en est resté aux soldats de l’an II et porte sa chevelure en tresses. Ce sont eux qui font les annonces et comptent les points.
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