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Citations sur Une partie de chasse (40)

J'ai trouvé ce qui nous sépare, toi et moi. Vous et nous. La conscience de votre propre finitude, vous l'avez, je l'accepte, je le constate, mais ce qui vous manque, c'est la conscience de la finitude de l'autre. L'amour nait de là.
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Des arbres de plusieurs mètres de haut ploient sous la main du vent, aussi souples que des chevelures. Partout, des miroitements se répondent. C'est de l'eau, pense Tristan.
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C'est bien ce que je disais, murmure le lapin, d'une voix lointaine, comme s'il s'exprimait à présent depuis un au-delà. Vous vivez dans la malédiction du sexe. Votre chute est constante. Elle ne vous mène nulle part, car il n'existe pas de fin à ce mouvement. Vous avez gardé l'instinct, mais vous l'avez vidé de son sens. C'est pourquoi vos existences sont vouées à la misère, vos cerveaux à la folie, vos corps à la déchéance. Jamais vous n'êtes apaisés, jamais vous n'êtes satisfaits. Plus je te côtoie et plus j'aime ma vie. Je suis plein de gaieté à l'idée d'être une bête. La simple pensée que j'ai échappé au pitoyable destin humain m'emplit de joie. Vous êtes l'exception ridicule. Vous naissez perdants. Jeune homme, tu me donnes tant en te livrant à moi. Tu me donnes envie d'être moi, de vivre et de mourir, que ce soit par balle ou sous la dent d'un renard, la roue d'une voiture, ou la pierre jetée par un enfant.
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Vieux, vieille, vieillard, vieillarde, ces mots me font frissonner de douleur et de joie. Ce sont les mots les plus beaux, les plus effroyables et les plus doux de notre langue. J'ose les prononcer. Je sais le risque que je prends. Mon coeur pourrait lâcher par excès de volupté. Mais je parie sur l'excellence de mon coeur, je n'ai pas le choix. Je parie sur l'excellence de chacun de mes organes et de mes muscles. Je suis fait pour durer, pour endurer, pour survivre. Je vais y arriver. Je serai peut-être le seul, mais qui sait ? Une fois mûr et usé, quand les dents me manqueront et que mon sang voyagera moins prestement dans mes veines, je pourrai enseigner aux autres, prendre quelques jeunes sous ma protection et leur confier mes secrets, mes ruses, leur expliquer que c'est possible.
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Pelage. Le mot lui-même est doux. Et pour quelle raison croyez-vous qu'on y entende comme en écho, comme à la racine, le mot «peau» ? Justement parce que le poil naît dans la peau, s'y plante si serré qu'il ne laisse pas passer l'eau, mais pas trop pour laisser passer l'air. De cette façon, notre peau respire sans craindre d'être mouillée.

dixit le lapin
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Petit lapin, tu ne connaîtras jamais la victoire sur l'absurde, celle que nous accomplissons chaque jour, à chaque seconde de notre existence. Ce qui rend notre exaltation supérieure à la vôtre, c'est que, contrairement à vous, nous sommes désespérés. Je sais, j'ai compris, tu m'as convaincu : j'accepte que vous possédiez une conscience de la mort, je suis même prêt à m'en faire le héraut, à porter la nouvelle parmi les miens.
Vous vous savez mortels, mais vous êtes sauvés par le sens.
Chacun de vos actes est logique, utile, efficace. Appelons ça la loi de la nature. Quel repos, certes, mais quel ennui. Je vais te dire, moi, ce que vous n'aurez jamais, ce que tu devais nous envier, la pépite que tu devrais rapporter aux tiens : ce qui vous manque, c'est la possibilité de faire n'importe quoi, d'agir en dépit du bon sens, de tordre le cou au rendement, à la raison, à la causalité. Nous seuls avons le pouvoir d'agir contre notre bien, mais parfois, me croiras-tu, c'est ainsi, en nous dirigeant vers notre perte, que nous accédons à un bien suprême, une qualité d'être supérieure, une présence au monde plus intense que tout ce que tu pourras jamais entrevoir ou ressentir.
Nous nous battons sans cesse, contre nous-mêmes, contre notre instinct, nous cherchons, nous errons, nous nous trompons et, grâce à ces détours, à ces refus, nous nous élevons, au sein même de notre chute, nous volons, nous transcendons.
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Chacun de vos actes est logique, utile, efficace. Appelons ça la loi de la nature. Quel repos, certes, mais quel ennui. Je vais te dire, moi, ce que vous n’aurez jamais, ce que tu devais nous envier, la pépite que tu devrais rapporter aux tiens: ce qui vous manque, c’est la possibilité de faire n’importe quoi, d’agir en dépit du bon sens, de tordre le cou au rendement, à la raison, à la causalité. Nous seuls avons le pouvoir d’agir contre notre bien, mais parfois, me croiras-tu, c’est ainsi, en nous dirigeant vers notre perte, que nous accédons à un bien suprême, une qualité d’être supérieure, une présence au monde plus intense que tout ce que tu pourras jamais entrevoir ou ressentir.
Nous nous battons sans cesse, contre nous-mêmes, contre notre instinct, nous cherchons, nous errons, nous nous trompons et, grâce à ces détours, à ces refus, nous nous élevons, au sein même de notre chute, nous volons, nous transcendons.
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- Tu ne sais pas qui est ma femme, murmure Tristan, malgré lui.
Et puis il pense : Personne ne sait qui est ma femme, parce que c'est ma femme. Toi, les autres, tout ce que vous voyez, c'est la rivière, le courant pollué, la crue furieuse, mais moi seul sais remonter à sa source, y boire, m'y baigner, parce que c'est ma femme.
Et, sur çes mots, enfin, il s'endort.
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Tristan obéit et se met à courir, téléphone à la main, vérifiant l’écran de temps à autre. Il revient sur ses pas. Court dans une autre direction. Revient. Repart. Court plus loin, haletant.
Dans la gibecière, le lapin se demande ce que le jeune homme fabrique. Il reconnaît l’affolement, le zigzag, la course désespérée. Se serait-il changé en lapin ? Qu’est-ce qui lui prend ? Est-il poursuivi, pourchassé ? Des fusils sont-ils braqués sur lui ? Le lapin voudrait dire au jeune homme que la fuite est vaine, qu’il vaut mieux attendre, tapi dans la mousse, sans bouger, presque sans respirer.
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La différence, quand on est mort,c’est qu’il n’y a plus de différences.
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