La Bougainvillée, tome 2 : Quatre-épices

J'avais lu avec passion et émerveillement le tome 1 des aventures de Jeanne, "Le Jardin du Roi", lors de sa réédition en 2010 par les Editions Albin Michel. Et je viens d'achever avec délectation le tome 2, "Quatre-Epices". Je suis encore étourdie par l'écriture magistrale et romanesque de cette auteure qui écrit des livres comme on n'en écrit plus. La Bougainvillée c'est un grand roman d'amour et d'aventures à travers la magnifique peinture d'un siècle des Lumières avide de conquêtes et de nouvelles terres.
Jeanne, l'orpheline aux yeux d'or, l'éternelle amoureuse, tisanière de son état (voir le tome 1), embarque déguisée en costume de valet sur "L'Etoile des Mers" pour assister son maître et amant Philibert Aubriot, botaniste du roi Louis XV, dans sa soif de découvertes de plantes exotiques à travers un périple vers l'Amérique du Sud qui devra les mener en Isle-de-France, l'actuelle île Maurice. Lors d'une escale au Brésil, Jeanne sera enlevée contre rançon et, après s'être échappée, sera remise aux mains de son ancien amant, le beau chevalier Vincent... Ni une ni deux, la voilà mariée, passionnément amoureuse... et déchirée de culpabilité. Son mari fait prisonnier à son tour, désespérée, Jeanne sera ramenée auprès d'Aubriot, qui ignore tout de ses frasques, à la santé fragile et très absorbé par l'étude de ses plantes...
Au coeur d'une nature enchanteresse, à travers des dialogues savoureux et pleins d'esprit, écrits dans une langue châtiée, sensuelle et des descriptions d'une poésie folle, Fanny Deschamps nous emporte dans un tourbillon d'émotions et de rebondissements, nous faisant battre le coeur à l'unisson de celui de la belle Jeanne, ravissante jusque dans ses mensonges, délicieuse dans sa fougue, admirable dans son esprit d'entreprise. A l'instar d'une Angélique marquise des anges qui n'aime rien mieux que ce qui lui résiste, nous verrons notre héroïne acheter une plantation, entourée de ses amies, s'évertuer à reconquérir celui qu'elle a trompé en usant de ses chers rougissements, larmes et autres subterfuges...

De Paris, nous partons pour l'Isle de France ( Maurice) avec Bougainville. Aubriot, alias Commerson botaniste du Jardin du roi et Jeanne Beauchamp, alias Jeanne Barret ( 1ere femme ayant fait le tour du monde). Quatre Épices, une plantation généreuse nous accueille en attendant le mari de Jeanne, corsaire le Capitaine Vincent. Plein d'aventures, plein de décors luxuriants, d'où l'on pourrait presque ressentir l'arôme des essences épicées : pas un instant d'ennui dans ce voyage littéraire : lecture recommandée pour ceux qui aiment l'histoire et le 18 ème siècle.

Lu en 2016. J'avais lu le premier tome vers 16-17 ans. J'avais préféré ce second volume, car un peu moins "fleur bleue" et plus aventureux.
Le XVIIIème siècle, les voyages de découvertes, la marine royale et marchande, le commerce triangulaire, les brigands et les corsaires. Et une jeune femme intelligente et intrépide, partagée entre deux amours...

Au coeur du règne de Louis XV, une grande fresque qui mêle la petite histoire à la grande.

Si c'est bien une intrigue amoureuse qui sert de prétexte et de fil conducteur, on ne peut qu'être admiratif face à l'ampleur de la restitution historique qui est proposée, ainsi qu'à l'analyse approfondie qui est faite du sentiment amoureux.

Le premier volume se déroule en France, dans le Lyonnais puis à Paris. Les moeurs de la société de Louis XV y sont décrites avec précisions et férocité.

Le second tome se déroule sur les océans, puis en Amérique du Sud, pour finalement se poser longuement à l'Isle de France (actuelle Ile Maurice), alors franchement rattachée à la Couronne.

On plonge alors dans le monde du commerce maritime avec "les Indes", en plein essor, de la contrebande et de l'établissement des nouvelles colonies avec, notamment, une plongée dans filtre dans la pensée et la réalité esclavagistes.

Le récit est parfaitement imbriqué dans la réalité historique et on y croise tous le grands noms de l'époque, politiques, savants, philosophes ou aventuriers.

L'écriture est d'inspiration très classique et rappelle assez les auteurs du 19e siècle.

Au final, près de 1500 pages très denses en tout, mais qui se lisent avec grande facilité, portées par un sens de la formule qui fait mouche.
Une oeuvre assez monumentale qui ravira les amateurs de romans historiques et tout à fait adaptée pour une lecture estivale, accessible tout en restant de grande qualité littéraire.