Terrible expérience que celle de cet homme entraîné à dépecer les femmes, terrible luxure que celle de cet homme dont le sang seul pouvait contenter l’appétit sensuel, terrible vie que celle de ce criminel qui, jamais découvert, toujours sur le point de commettre un nouvel exploit, vivait dans l’énervement continuel de ses nerfs et de sa sensualité, défiant victorieusement les forces de la loi et de la morale ordinaire.
"Le ciel était brouillé. Il bruinait encore. Sur l'asphalte étincelant se reflétaient les réverbères. Les tours de saint-Sulpice se perdaient lourdement dans une brume d'humidité. Je me retournais vers celui qui qui venait de poser sa main sur mon épaule, ne doutant pas un instant que ce ne fût celui que j'attendais. [...]. Nous marchâmes en silence jusqu'à la rue Guynemer dont la chaussée bitumée resplendissait comme un miroir des jeux des réverbères qu'elle réfléchissait. ce paysage familier me parut soudait mystérieux, et comme voué, en dépit de la présence des arbres de Luxembourg à toute la splendeur d'un pays uniquement minéral". (pp 37/ 39)
C'est dimanche et toute l'Angleterre s'apprête à fêter dignement sa joie en s'ennuyant.
« C’est alors qu’elle rencontra ce singulier promeneur. Il portait un costume bien rare à Whitechapel : seule la blancheur de sa cravate et de son plastron trouait le noir impeccable de sa cape et de son habit. Sur son chapeau de soie et ses souliers vernis, la fureur tremblotante des réverbères mettait de fugitifs reflets. »
"La figure de Jack l'éventreur est absolument légendaire. Nul ne l'a vu, ou plutôt, les personnes qui l'ont vu n'ont jamais pu le décrire, car on n'a retrouvé que leurs corps, horriblement mutilés [...] Jack l'Eventreur est sans doute mort maintenant, et mort impuni. il doit reposer dans un de ces calmes cimetières anglais où l'ombre rectiligne des cyprès se prolonge sur des gazons soigneusement peignés et sur des allées monotones. Chaque jour de la semaine s'appesantit davantage sur cette tombe mystérieuse. Les jeunes Anglaises, qui pour se rendre au temple protestant ou à l'église, traversent le cimetière, observent devant cette tombe comme devant les autres un silence recueilli. Et rien ne signale aux hommes que là, dans la paix tellurique, repose celui auquel on peut appliquer le titre de " génie du crime" (pp 8/9)