Citations sur Le cycle de Syffe, tome 1 : L'enfant de poussière (143)
"Un teinté, à n'en pas douter, un vrai petit sauvage."
- Aubergiste ! rugit le Var, et le rouquin accourut, un sourire contraint sur les lèvres, qui s'effaça au fur et à mesure que le guerrier parlait. "Nous serons de retour dans l'heure. Je veux des vivres pour une lune. Du pain. Des tubercules. Des haricots et des pois. De l'orge, un fromage à sécher si vous arrivez à en trouver, et je paierai bien. Que mes bêtes soient chargées et sellées ! S'il manque quoi que ce soit à mes affaires, je reviendrai prendre des mains.", conclut-il férocement.
Un bel esprit ne sert à rien, si on ne s'en sert pas.
« À Carme », dit-il sur le ton de la discussion, « les phalangistes ont le devoir d’aimer d’autres hommes. Leurs généraux pensent qu’un soldat se battra plus férocement pour défendre celui qu’il aime. Là-bas, les femmes sont des matrices et rien de plus. Nous, nous pensons que chacun devrait être libre de ses préférences. » Je pris à cœur ces paroles et, lorsque la bizarrerie initiale m’eut quitté, je les méditai souvent pour leur justesse.
Toute vie est une vie, du moucheron, au cheval, au sériphe. [...] Aucune vie ne veut s'éteindre et aucune vie ne vaut mieux qu'une autre. C'est la vérité la plus cruelle qu'un homme puisse comprendre...(p. 439)
Le monde n'avait jamais été à nos yeux une instance figée et confortable, mais une entité chaotique qu'il fallait dompter un jour à la fois. [p.15]
Il faut avoir quitté quelque chose pour savoir à quel point cela compte.
Puis, le visage du geôlier apparut dans la pénombre. C'était un homme laid, maigre et chauve, avec un bubon noir sur la lèvre supérieure. Je vis la sueur sur son front, et pourtant il faisait froid. Il y eut un tintement presque mélodieux, et le trousseau de clefs dont il ne se séparait jamais s'agita dans la serrure. Sa patte osseuse tremblait alors que le fer épousait le fer. Je reculai d'un pas. Il avait le visage rigide, comme celui d'un fou ou d'un fiévreux. La grille s'ouvrit avec un raclement. Le vent chantait au loin, dans les couloirs abandonnés. L'homme avança encore, d'un seul pas raide. J'eus peur de ce qu'il allait me faire, puis je vis l'éclat de l'acide sous sa gorge. Derrière, comme mariée aux ténèbres, une ombre imposante se détacha. Les braises des torches rougeoyantes jetèrent leur éclat sur les plis du tissu et, par intervalles, les écailles lustrées scintillaient. Une voix rocailleuse retentit dans le noir :
— Les fers maintenant.
Le geôlier s’avança et s’accroupit, tâtonnant avec son trousseau près de mes chevilles. L’ombre qui le contrôlait fit un pas en avant.
Lire devenait pour moi si naturel, que c'était à peine si je me souvenais d'un temps où il n'y avait pas eu la texture du vélin sous mes doigts, l'odeur alcaline de l'encre et cette farandole de miracles calligraphiés à parcourir.
Séduit et intrigué, j'entrai dans la danse pour tournoyer moi aussi parmi la nuée de lumières vivantes.