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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre sur le thème de la liberté de la femme, spécifiquement celle de disposer de son corps, de n'être pas violée -- mais cela ne dépend pas d'elle --, de pouvoir faire le choix toujours difficile et douloureux de l'avortement, reste d'une actualité frappante plusieurs décennies après la loi qui légalisa le droit d'avorter.

Deux aspects dans MURmur, d'abord une dystopie donnant la parole à une femme emprisonnée car elle a fait une fausse couche, avec un début évoquant en une poésie dramatique l'enfermement du corps emprisonné. Pas seulement le corps mais, avec lui, l'esprit, l'âme, la pensée. Cette première partie est présentée sous la forme de colonnes, comme un journal de cette enfermée qui crie sa désespérance, ajoutant encore à la puissance de l'expression de cette femme.

Ensuite, une nouvelle, Pièces, à la lecture de laquelle on reconnaît les protagonistes du procès de Bobigny. Ici, Caroline Deyns a choisi des noms communs pour les désigner : GrandeEnfant, PetiteSoeur, ToutePetiteSoeur, Père, Mère, Faiseuse, MaîtreAvocate, MadameLaMinistre, en tailleur bleu, matricule 78651, capable pour une rare fois d'assimiler la loi à la barbarie nazie, quitte à endurer la présence des croix gammées sur ses murs.

Le récit est dense, bien mené, il illustre la condition sociale de ceux qui n'avaient pas les moyens d'aller à l'étranger, exploités par un système prêt à les punir pour avoir usé tant bien que mal de leur liberté, ou plutôt de ce qui pouvait en rester après la contrainte, le viol, le regard des autres, bien ou mal pensants.

Une lecture qui reste indispensable, qui ne sombre pas dans le féminisme à tout prix, un texte qui emploie les mots justes, ceux qui atteindront leur auditoire sans artifice, rien que par une vérité nue.
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"Je transporte sur moi des explosifs qu'on appelle des mots"

Caroline Deyns, découverte avec Trencadis où elle retraçait le parcours de Niki Saint Phalle, est s'attache à parler des femmes, des voix féminines à travers son écriture. Qu'elle soit célèbre mais mystérieuse ou anonymes elles ont en commun le même souci, celui de se faire entendre.... Avec MURmur, l'auteure aborde le thème du corps féminin à travers deux formes.

D'abord une dystopie où la non-procréation est devenue un sujet politique et judiciaire, présentée sous une forme originale comme des messages glissés entre les barreaux.

Puis vient une histoire, Pièces, une histoire malheureusement banale et toujours d'actualité, celle d'une Grand Enfant, qui retrace le parcours d'une maternité non désirée où l'on retrouve sans qu'elles soient nommées Gisèle Halimi, Simone Weil et les grands moments des combats pour le droit à l'avortement.

Mettre en parallèle un futur possible lorsque dans certains pays ce droit est retiré il est toujours nécessaire de revenir sur le passé et Caroline Deyns le fait avec originalité en utilisant à la fois le visuel et les mots sans concession, forts, explicites.

Elle donne encore plus de force à son texte en ne nommant jamais ses personnages mais uniquement leurs fonctions, civilités, ni dates, ni lieux, ni temporalités faisant des deux textes des messages universels.

Il faut accepter de sortir de sa zone de confort, de ses acquis acquis pour rester vigilantes et même si ce voyage entre futur et passé (pas si lointain) n'a pas été une évidence de lectrice, je lui reconnais le mérite de la piqûre de rappel qui se démarque justement par son originalité.
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Voici un roman atypique. le début et la fin ont une mise en page particulière pour refléter la prison, le sentiment d'enfermement, de se cogner à un mur.
Il y a deux récits. D'abord celui d'une femme emprisonnée pour avoir perdu son bébé suite à une fausse couche, fait indépendant de sa volonté mais puni par la loi. Il n'y a pas de distinction pénale entre l'avortement et l'interruption de grossesse involontaire.
Puis vient le récit d'une jeune fille de 14 ans, appelée « GrandeEnfant », abusée par un garçon et enceinte. Sa mère l'aide à trouver quelqu'un pour avorter clandestinement puisque cet acte est interdit. S'ensuit un procès qui rappelle le célèbre procès de Bobigny en 1972. Il sera alors question du corps des femmes et de leur droit à en disposer, de liberté, du patriarcat, de féminisme, etc.
La lecture de ce texte a été parfois difficile et suffocante de par le sujet abordé et le malaise provoqué. L'écriture est sèche et concise pour raconter l'histoire de ces femmes. C'est extrêmement efficace.
J'ai été touchée par certains passages qui m'ont rappelé le procès et le combat de Gisèle Halimi. Mais ce n'est pas un coup de coeur pour moi. Une lecture « coup de poing » qui peut être éprouvante et qui ne sera pour tout le monde malgré l'importance du sujet.

Ce roman est finaliste du Prix Hors Concours 2023.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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