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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Retour vers le futur.
Non, rien à voir avec le célèbre film de Robert Zemeckis.
Dans Murmur, Caroline Deyns nous ramène à une époque pas si lointaine, où les femmes n'avaient pas le choix, pas le droit, pas la voix pour disposer de leur corps, de leur ventre, de leur vie.
Ici, on devine le futur. Il n'y a pas de date, pas de lieu. Ce que vivent les femmes, mères,  filles, soeurs, dans ce roman, est universel.
Dans un futur, peut-être pas si lointain donc, les femmes sont enfermées. Privées de la liberté à disposer de leur corps. Punies. Leur faute ? Avoir refusé d'enfanter. Interruption volontaire de grossesse, ou même, plus douloureusement, n'avoir pas été au bout ; une fausse couche ayant mis un terme au rêve de maternité.
Coupable !
Devant la dictature de l'homme.
La honte soit sur elles. Criminelles !
Mais le Murmur devient cri.
De rage, de révolte, d'espoir.
Et s'il faut se battre, s'il faut reprendre un combat que d'autres avaient mené bien avant elles, s'il faut se sacrifier, elles sont prêtes.
Caroline Deyns, dans une plume magnifique, nous offre un roman bouleversant, sur un sujet sans cesse d'actualité.
Ses héroïnes ?
Des anonymes.
Parce que là aussi, c'est de toutes les femmes du monde qu'elle parle.
Et cet anonymat de donner une puissance et une atmosphère particulières à son récit.
Narration en trois parties distinctes, pour un même objectif, titiller votre conscience.
Murmur est un roman, il faut le lire comme tel, mais parfois les romans ont bien d'autres pouvoirs...
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STUPÉFIANT
Caroline Deyns a réalisé un superbe livre, profondément intense et absolument génial.

Sans jamais mentionner aucun nom, ni instaurer une quelconque temporalité, elle retranscrit - à sa façon - le procès de Bobigny.

Les phrases claquent, le texte heurte, les mots font mal et sont nécessaires : c'est brillamment écrit.

La forme du récit est originale ce que j'ai d'autant plus appréciée. Sans parler de GrandeEnfant, Secrétaire, Collègue, MaitreAvocate… leur identité n'est pas dévoilée mais Caroline Deyns offre suffisamment de détails pour reconnaître le nom de chacune d'elle.

Ce texte est d'une modernité folle et pourtant il relate une histoire, procès, jurisprudence, nouvelle loi vieille de pratiquement 50 ans… on l'imaginait infaillible et finalement la période actuelle nous montre que le droit des femmes est malheureusement toujours en perpétuelle oscillation.

J'ai beau connaître le procès, la lutte de Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir et Simone Veil pour la dépénalisation de l'IVG, j'ai été plus que saisi à la lecture des faits : absolument inimaginable et pourtant tout est vrai…
Alors merci à Caroline Deyns pour ce roman, merci de remémorer l'histoire en rappelant ce (sombre) passé.

Ce sera sans aucun doute le genre de livre bluffant auquel je vais souvent repenser !
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Dystopie? Roman? Bien plus que cela, Caroline Deyns nous décrit un monde si proche du nôtre qu'il en est effrayant. Un monde dans lequel les femmes ne disposent pas de leurs corps et sont incarcérées lorsqu'elles avortent même en ayant fait une fausse couche.

Une femme est emprisonnée pour cette raison et dans la prison, entre ces murs, va se dresser un murmure où les mots vont sortir hors des murs.

"Je suis un terreau,
Je suis une terroriste.
Je transporte avec moi des explosifs qu'on appelle des MOTS".

À travers les mots, cette femme nous raconte l'histoire d'une jeune femme devant subir un avortement et qui va être poursuivie en justice. Cette histoire n'est pas sans rappeler le procès de Bobigny où la victime a été défendue par Gisèle Halimi.

Nos corps, nos choix, c'est avant tout l'histoire d'un combat, de nos droits.
C'est pourquoi les personnages ne sont pas nommés mais indiqués par leur fonction : Grande soeur, Petite soeur, Secrétaire, Mère, Garçon, ... Parce que ce livre parle de nous, de nous toutes.

La construction est atypique. Au départ les mots sont enfermés entre 4 murs puis ils prennent de plus en plus de place jusqu'à que les murs soient enfermés par les mots. Les murmures sont sortis hors des murs. Les entendez-vous ?

Je suis sortie de cette lecture bouleversée mais également révoltée, enragée.

Bref, un livre (ou plutôt devrais-je dire un cri) percutant, violent mais essentiel. À lire absolument !
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C'est un MURmure qui s'échappe d'entre quatre murs qui forment une cellule de prison. Et dans ce carré restreint au minimum voire en-deçà, où la pudeur et les corps sont à nus, elle nous raconte brièvement pourquoi elle est ici, enfermée, cloîtrée dans une pièce comme dans son corps que ne lui appartient plus. Parce-que c'est la loi qui détermine si la femme peut avorter ou non. Parce-que qu'une fausse couche met le doute, on enferme les femmes.

Parallèlement à son histoire, elle raconte celle de GrandeEnfant, de Mère, de la Faiseuse et de l'Intermédiaire. Femmes soudées qui ne font qu'une à travers un cri destiné aux hommes qui choisissent pour elles, aux hommes qui usent et abusent de leurs corps sans oublier d'y nicher un être. Alors les voilà claquemurer dans ce corps destiné à procréer, à assurer les lignées, mais elles n'ont rien demandé. Surtout GrandeEnfant.

Le courage va faire exploser les mots, pour reprendre leurs droits, le MURmure devient assourdissant, incontrôlable, élémentaire. Dans une construction tout à fait atypique, Caroline Deynes donne voix à sa fureur de femme, participe au combat continue. Les mots sont percutants et se répercutent entre eux, ils claquent, nous attrapent pour nous secouer.

Un MURmur intense qui se lit avec frénésie, qui loge en nous l'ardeur de combattre le poing levé. 👊
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Mais quelle claque !
Le postulat est simple : une société vraisemblablement dystopique où le droit des femmes de disposer de leurs corps n'existe plus. On y suit des héroïnes de l'ombre, de manière complètement anonyme vivant le drame du viol, de la fausse couche et de la réponse pénale. Et puis le récit prends un autre tour. La dystopie devient réalité et notre monde est repeint d'horreur. Nos droits sont fragiles et certains veulent les voir disparaître, coûte que coûte.
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Une lecture marquante.

Un récit en deux parties, l'une dystopique, l'autre relatant de faits réels. Un choix narratif intelligent qui nous rappelle avec brio que le droit à l'avortement est un droit aussi fragile que nécessaire.

Et puis l'écriture... Elle s'adapte merveilleusement à l'histoire : oppressante, pudique, puis très crue... bref elle sert intelligemment le propos.

Aucune pierre lancée, parfois de l'espoir, parfois de la révolte, parfois du désespoir puis un point final magistral qui nous rappel que rien n'est acquis.
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« MURmur », l'absolu, un viatique. S'il est un livre, le seul, à retenir dans l'orée tremblante des jours, c'est celui-ci.
Universel, essentiel, langue humaine qui se reconnecte à la matrice, femme (s).
À la beauté même sans relâche aucune. Dans l'éclat du réel où la cartographie féminine est virtuose de sincérité, de vérité.
Ce livre vous fera pleurer de par l'électrochoc de ce tour de force. Des entrelacs qui assignent les vents contraires, les turbulences, les guerres intestines faites aux femmes.
Caroline Deyns écrit pour elles, eux, et nous aussi. L'acuité boréale jusqu'au bord des cils. L'éminente littérature engagée, cruciale, où pas un méandre n'est ignoré.
Elle est altière, digne, éveillée, porte-voix, étendard, dans cette supériorité complice des êtres qui écrivent pour l'urgence, le rappel, pour ne rien céder au compromis.
Ce texte est un MURmure, un bruit sourd, tout ce qui délite les souffrances, les combats et les armures.
Femmes, la création marée-basse. Coquillage sur un ventre dont le mystère cache l'enfant.
Les fragments sont d'elles (ailes).
Écoutez le murmure qui approuve la rémanence des dires de Caroline Deyns.
« J'écris de chez les emmurées, les parquées, les claustrées, les assignées, les cadenassées, les séquestrées, les incarcérées. de chez les captives et les recluses. D'ici. de derrière les verrous et après l'écrou. de la geôle qu'est mon corps. Et de la prison où on l'a enfermé ». « Ici, j'ai oublié ce qu'était l'intimité. Même habillée, je suis nue ».
Femmes qui avortent et dont l'enfant est crime pour la loi. La société étranglée par ses faiblesses et ses lâchetés.
« J'écris du vide de ma pièce manquante ».
Femmes en désir de maternité. Femmes achevées comme un ourlet mal fait. Femmes enceintes, coquille qui éveille le bruit de la mer.
Lire cet écrin, c'est respirer. Plonger au fond de la matrice, sentir l'effluve d'une féminité écorchée vive.
« J'écris d'une époque et d'un pays délirants qui entérinent des lois punissant de prison toute femme dont la grosse a été interrompue ».
Fragment-litanie, le berceau pour ventre et le regard qui change de couleur dans le contre-jour. Ici, toutes les remontrances sont pointées du doigt. Ici, la femme est un cri. D'abandons, de joies, de souffrances, ou de combats. Guerrières au front pâle, les barbelés sur leurs consciences.
Chacun des morceaux d'architecture, des morceaux d'étoiles-femmes à pleine main, est l'oeuvre-mère.
« On nous fait croire qu'à part les mères, elles n'existaient plus. Les héroïnes.
« MURmur », la mappemonde dévoile les horreurs. Homme lâche qui abandonne la belle enfant vulnérable parce qu'enceinte. Ses batailles as de pique, as de mort, sans joker ni solidarité. Seule, la mère sera son capitaine, sa voie de secours.
Texte de renom, si percutant, si violent et pourtant son voile blanc est empreint de la plus belle humanité. La mère bouée qui fera de sa vie l'arme pour sauver l'enfant, GrandeEnfant.
« Le mot forcée. le mot frappée. le mot enceinte. le mot peur ».
« MURmur » comme la pleine lune qui ne ment pas. La trame est dévouée à elle (es).
La littérature est plus forte, plus urgente que la vie même. Écrire ainsi est un miracle.
Incontournable, fusionnel, « MURmur » illumine l'obscurité. Dénonce, témoin bienveillant, des existences en apogée que les ombres infinies tourmentent inlassablement. Ce livre est une cascade en pleine chambre. Ce livre est un nid survivance dans la nuit noire.
Grave, crucial, son crépitement est salvateur car dédié à elles.
D'utilité publique, le fronton qui rassemble l'honneur de la parole. Ce parchemin est la pierre angulaire d'une littérature triomphante et révélatrice.
Vigilance, toujours, étreindre ce livre. Laissez le partir chez vos filles et vos fils. Il est l'équité et vos larmes viendront d'elles, et de Caroline Deyns.
Un murmure inoubliable. La résistance est un flambeau.
« MURmur » et sa capacité exhaustive, un feu qui brusque les consciences.
Une urgence de lecture.
En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes 2023/2024. Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.


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Carolyne Deyns est inclassable et tant mieux. le roman est une boite d'exercice de style, le rythme et le ton sont donnés, nous offrant une place singulière en tant que lecteur. L'autrice ne s'interdit rien, son récit est beau, puissant, une lettre engagée pour un droit fondamentale, celui d'avorter.
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Ce livre c'est celui de la souffrance et du silence de deux femmes. Elles ne se connaissent pas, et comme beaucoup d'autres à travers le monde, elles ont en commun d'être opprimées et soumises à la loi des hommes. Mais la révolte gronde et c'est ce que relate Caroline Deyns dans ce très beau roman.

Il se déroule en deux parties : une dystopique (enfin pas tant que ça, cf la situation des femmes au Salvador) et une historique.
La première est le récit d'une femme emprisonnée pour avoir fait une fausse couche. Comme dans La servante écarlate de Margaret Atwood (auquel l'autrice fait un petit clin d'oeil), tout est sous contrôle pour que les femmes se soumettent : la littérature a été amputée de tout ce qui relevait du féminin, les tenues de ces prisonnières sont imposées pour qu'elles soient reconnaissables (en référence à Bobby Sands, nationaliste irlandais qui s'était en son temps révolté en refusant de porter la tenue des prisonniers de droit commun) et autres joies du même acabit. Mais c'est sans compter sur le "petit peuple chuchoteur" qui se transmet secrètement un texte que certaines résistantes ont appris par coeur ou comment rendre son poids d'encre à l'histoire, et comme le disait Marguerite Duras "Écrire c'est hurler sans bruit".
La seconde partie reprend les évènements qui ont menés au procès de procès de Bobigny. Si les faits sont très vite identifiables, les personnages sont anonymisés par respect pour eux (tant GrandeEnfant que Garçon, son violeur). L'autrice met en avant, en écho à la première partie du roman, la sororité qui se met en branle lorsque les femmes sont menacées.

Voilà pour les faits. Maintenant parlons de la forme, parce qu'il s'agit là d'un vrai parti pris éditorial. Dans la première partie, comme pour dire l'enfermement, les marges sont larges pour mimer les murs de la prison, ou selon les interprétations, le texte ressemble à un barreau ; quand la forme rejoint le fond. Et puis le titre MURmur ! les murs de la prison, le murmure (sans le e) de ces femmes qui se battent en silence et ce petit e manquant à reconquérir (et tellement féminin).

Caroline Deyns m'avait déjà conquise avec Trencadis, elle récidive avec ce très beau roman féministe que je vous recommande fortement.
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