Tenace, collante, elle nous a suivis partout. J'ai horreur que l'on vienne dans mes godasses (où il y a pourtant de la place). Aux heures des repas, elle était là. Fallait bien l'inviter à bouffer. Qu'est-ce qu'elle bouffe ! Elle a une santé !
Puis elle a une famille, aussi, charmante et encombrante d'ailleurs. C'est bien simple : nous pourrions écrire un livre sur elle.
Elle voulait toujours en savoir davantage. Colette en avait marre. Fallait tout le temps la consulter. Sans elle je racontais les mémoires d'un amnésique.
On lui a presque tout dit.
C'est emmerdant de raconter toujours la même vie. On voudrait en inventer une autre. "Eh bien voilà : j'ai connu Colette dans un bordel..."
Ce serait chouette. Pour nous, ça aurait plus de sel.
Caroline Alexander, c'est elle la journaliste, a tout poétisé dans son style.
C'est notre vie, mais c'est son regard.
Nos aventures itinérantes restent authentiques.
Elle ne les a pas déformées.
Elle ne nous a pas trahis.
Bien qu'elle ne manque pas d'air : elle a écrit "je" à ma place.
Elle s'est glissée dans ma peau, la vache....
- Robert Dhéry -
La Grosse Valse, de Robert Dhéry