Quel temps perd-on jamais puisque de toute façon le temps passe ?
A peine était-il assis sur le talus qu'il aperçut le Mont Damion qui se dressait devant ses yeux, tout proche semblait-il. Ainsi on vit comme un aveugle pendant des heures ou des jours et tout d'un coup la beauté des choses surgit devant vous. L'isolement de cette colline qui tranchait sur le relief adouci de toute la région lui donnait une apparence rigide, malgré le désordre de la sylve qui s'y implantait. Fabien s'avisa de faire quelques pas afin d'explorer les parages.
[André DHÔTEL, "Le Mont Damion", Gallimard, 1964, réédition Phébus collection "libretto", 2006]
Après les premiers arbres, c'était autre chose que de l'ombre, une lumière nouvelle, des milliers de lieux pleins de douceur. On savait soudain que la profondeur n'avait pas de limites.
[André DHÔTEL, "Le Mont Damion", Gallimard, 1964, réédition Phébus collection "libretto", page 37](extrait choisi par Aude Préta-de-Beaufort en son article "La religion d'André Dhôtel" de l'ouvrage collectif "Lire Dhôtel", pages 143-158, sous la direction de Christine Dupouy, Presses Universitaires de Lyon, 2003, 190 p.)
Lorsque Fabien songeait que son bonheur présent venait de tout ce qui s'était perdu, il éprouvait une extrême angoisse.