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Citations sur L'homme de la scierie (22)

Elle mélangeait tout, et avec elle, on se sentait en sécurité au fond d'un monde très normalement embrouillé où l'on n'avait que faire.

— L'air est doux ce soir, dit Albertine comme elle accompagnait son fils sur le seuil, mais c'est ennuyeux que toi et Rémi ne soyez pas mariés.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre X : DES YEUX BLEUS ET DES CHEVEUX NOIRS ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 181]
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Dans l'année 1900, le père Darfeux attrapa enfin une congestion.
— Je t'avais prévenu, disait Mme Darfeux, qu'à force de boire des alcools et de vivre dans les courants d'air sur le siège de ton omnibus...
— Ça fait bien dix ans que tu me répètes la même chose, riposta Darfeux, et forcément tout arrive.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la Scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950, Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre IV : "LES JOURS ET LES ANNEES PASSENT" ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020 — page 82]
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Henri avait donc six ans et son jeune frère quatre ans lorsque Auguste conçut le projet d'aller à Nogent et de s'embaucher dans les moulins qui ont fait de tout temps la célébrité de cette ville. Il y avait, paraît-il, bien des années qu'Albertine et Auguste discutaient de cette question, et quoique Nogent ne fût pas à plus de vingt-cinq kilomètres de Villadin, il semblait qu'on dût se rendre à l'autre bout du monde. On prononçait à mi-voix le nom de Nogent, pour que le grand-père n'entendît rien et ne vînt pas contrecarrer l'entreprise. Henri et Rémi partageaient le secret du nom sans rien y comprendre, et il leur sembla toujours, même lorsqu'ils y furent acclimatés, que Nogent était une ville étrangère, ou une ville libre, que l'on habite par faveur, de même qu'il est difficile, par exemple, d'être citoyen de Dantzig ou des Etats-Unis.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre II : LE FLEUVE ET LE CHÂTEAU ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020 — pages 33-34]
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Quelle étrange fille ! De loin en loin, elle priait Hector de l'accompagner dans une promenade à travers la forêt. Ils se rendaient toujours au même endroit, là où s'élevait une ancienne maison forestière fermée depuis longtemps. La jeune fille regardait un instant la maison, puis elle revenait au bras de son frère. Comment parvenait-elle à contenir la rage qu'il y avait en elle ? [...]

— Certainement Melle Joras n'est pas du tout folle comme on le prétend, disait Albertine. Mais, voyez-vous, elle vit dans son monde ! Et tous ces gens parlent comme dans un livre.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950, page 73 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 2020] (extrait de l'article "La traversée de la forêt", cité par Marie-Pierre MEYNET-DEVILLERS, "Les lieux d'André Dhôtel", "Cahiers André Dhôtel" n°4, publication de "la Route inconnue, association des amis d'André Dhôtel, année 2006, page 113)
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Très loin c'étaient toujours les champs et le fleuve pleins de lumières qu'on dévorait des yeux. On pêchait dans le fleuve avec des lignes faites de fil bis et d'une épingle recourbée.
Maintenant il y avait cette scierie.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre Premier : MORT LE 14 JUIN ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020 — page 15]
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Le chat, lorsqu'il eut fini de boire, regarda Henri qui, lui-même, le regardait et restait immobile. C'était un rite. Il fallait que tous deux soient immobiles à un moment donné. Puis on détournait le regard et autour d'eux c'était de nouveau le jardin et le ciel, les bruits de la rivière et les mouches.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la Scierie", Gallimard, 1950 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
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Ainsi on écoute ses manies ou ses lubies, on perd son temps, et le temps vous découvre des choses.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
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Un jour, M. Larache organisa une sorte d'expédition au château de Marcoux, dont il prétendait faire visiter les lieux historiques (quelque histoire locale) à ses élèves. Désiré Joras lui avait donné toutes facilités, et Henri se trouva engagé dans la promenade avec Rémi.

— De cette fenêtre, autrefois, la comtesse de Marcoux, guettait le retour des chasses dans l'allée de la forêt (récitait l'instituteur).

Mais Henri regardait les portes fermées des appartements qui entouraient le vestibule. L'une de ces portes s'entrouvrit bientôt et Désiré Joras vint se joindre au groupe conduit par M. Larache et je ne sais quel intendant miteux. Désiré Joras portait une barbe grise. Il avait une taille de géant. IL s'avança vers l'instituteur pour lui serrer la main, mais il ne prononça pas une parole. Après force compliments, M. Larache, à court de mots, lui dit :

— Monsieur Joras, permettez-moi de vous présenter mon meilleur élève, Henri Chalfour.

Le châtelain acquiesça et regarda Henri. Une autre porte venait de s'ouvrir, et au fond du vestibule, une jeune fille parut : Eléonore. Ses regards croisèrent ceux d'Henri, puis elle passa et sortit sur le perron.
Ainsi s'éveillent au fond des jours et des années certaines images qui ne sont rien pour nous, et qui reviennent nous hanter lorsque nous sommes à moitié morts, abrutis par le travail et par des événements impossibles à comprendre.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la Scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950, PREMIERE PARTIE, chapitre III : "CHEZ SEMIGANT" ; réédition aux éd. Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — pages 52-53]
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— Que dire à ces gens ? gémissait M. Larache. Ils s'intéressent à un morceau de pain et à un rayon de soleil. Comment leur faire comprendre ce qu'est un ingénieur des Ponts et Chaussées ?

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS. Chapitre III : CHEZ SEMIGANT, page 52]
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Henri transportait le fumier sur une brouette à claire-voie. Les brouettes avaient toujours inspiré à Henri Chalfour un intérêt mêlé d'indignation. Chaque fois qu'une affaire difficile survenait, une brouette apparaissait dans sa vie, un peu avant ou tout de suite après.
A treize ans, Henri Chalfour était entré au service de Semigant, cultivateur à la ferme de Noselles, entre la noue de Chevagnes et le fleuve, à une demi-lieue de Caunes, et sa première besogne consista à monder les vaches et à porter le fumier au tas situé à l'extrémité de la cour. Henri fut éreinté dès le premier matin et vaguement enchanté aussi de faire de l'équilibre avec ces piles de fumier.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : "DES NUITS ET DES JOURS", CHAPITRE III : "CHEZ SEMIGANT" ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 51]
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