- J'étais amoureux d'elle, avoua Johnny. Et je le suis toujours.
Harvey opina.
- Je sais.
Le cœur lourd, Johnny céda.
- Entendu je vais choisir.
Il prit une des deux allumettes. Cétait l'allumette cassée.
- J'ai la plus courte, dit-il. C'est moi.
Lorque le corps, toujours dans sa capsule de réfrigération, eut été déposée au domicile de Harvey et que le chauffeur fut reparti, Saint Cyr décrocha le téléphone. Mais rien à faire pour obtenir le siège de la Convention. Seule parvenait à ses oreilles, à son grand dam, l’étrange et lointaine litanie de Louis Sarapis... Il raccrocha, écoeuré, mais en même temps animé d’une farouche détermination.
C’en est assez, se dit-il. Je n’attendrai pas l’accord de Harvey ; je peux m’en passer.
Il fouilla la salle de séjour et trouva dans un tiroir un pistolet laser. Il le braqua sur le cercueil et appuya sur la détente.
La coque réfrigérée se mit à fumer ; le cercueil lui-même grésilla à mesure que le plastique fondait. A l’intérieur, le corps noircit, se racornit, pour se transformer enfin en une petite masse carbonisée impossible à identifier.
Satisfait, Saint Cyr remit le pistolet dans le tiroir.
Il décrocha à nouveau le téléphone et composa son numéro.
Et une fois de plus lui parvint la voix monotone : « ... personne d’autre que Gam ne peut y arriver ; Gam, l’homme qu’on réclame... un bon slogan pour vous, Johnny. Gam, l’homme qu’on réclame ; souvenez-vous-en. Laissez-moi la parole. Donnez-moi le micro et je leur dirai : Gam, l’homme qu’on réclame. Gam... »
Il y avait une semaine que le corps de Louis Sarapis était exposé, dans un cercueil de plastique transparent sécurit, à la curiosité d'un public qui ne cessait de défiler. C'était la succession habituelle de reniflements, de visages tirés, de vieilles dames éplorées en habits de deuil.
Dans un coin de la vaste salle, Johnny Barefoot s'impatientait. Mais il n'était pas là pour voir le cadavre ; son rôle, stipulé en détail dans le testament de Sarapis, était tout autre. En tant que directeur du service de relations publiques du défunt, il lui incombait — tout simplement — de ramener Louis Sarapis à la vie.
Il avait mis le projet à exécution et engagé Johnny dans son service de relations publiques :
l'emploi rêvé pour un homme ayant des idées brillantes dans un domaine non technique - autrement dit, un homme sans formation, un inutile, un inadapté, un hors-rang dépourvu de diplômes.
Mais comment faire? Il n'en avait aucune idée. Comment s'y prenait-on avec une psychotique? Comment combler un fossé aussi profond? C'était déjà difficile dans les situations plus ordinaires... et celle-ci comportait tellement d'éléments sous-jacents!
Il y avait une semaine que le corps de Louis Sarapis était exposé, dans un cercueil de plastique transparent sécurit, à la curiosité d’un public qui ne cessait de défiler. C’était la succession habituelle de reniflements, de visages tirés, de vieilles dames éplorées en habits de deuil.
Dans un coin de la vaste salle, Johnny Barefoot s’impatientait. Mais il n’était pas là pour voir le cadavre ; son rôle, stipulé en détail dans le testament de Sarapis, était tout autre. En tant que directeur du service de relations publiques du défunt, il lui incombait — tout simplement — de ramener Louis Sarapis à la vie.