Oliver Twist

Parmi les autres édifices publics d'une certaine ville, qu'il serait prudent, pour bien des raisons, de s'abstenir de mentionner, et auxquels je ne donnerai aucun nom fictif, elle se vante d'en avoir un qui est commun à la plupart des villes, grandes ou petites, à savoir un atelier; et dans cet atelier est né, à un jour et à une date que je n'ai pas besoin de répéter, dans la mesure où cela ne peut avoir aucune conséquence possible pour le lecteur, à ce stade de l'affaire en tout cas, l'élément de mortalité dont le nom est préfixé au début de ce chapitre. Longtemps qu’il eut été introduit dans ce monde de chagrin et de troubles par le chirurgien de la paroisse, il resta un doute considérable quant à savoir si l’enfant survivrait et porterait un nom quelconque ; auquel cas il est plus que probable que ces mémoires ne seraient jamais parus, ou, s'ils l'avaient été, étant contenus dans quelques pages, ils auraient possédé le mérite inestimable d'être le spécimen de biographie le plus concis et le plus fidèle existant. dans la littérature de toute époque et de tout pays. Bien que je ne sois pas disposé à soutenir que naître dans un workhouse est en soi la circonstance la plus heureuse et la plus enviable qui puisse arriver à un être humain, je veux dire que dans ce cas particulier, c'était la meilleure chose pour Oliver Twist que aurait pu se produire. Le fait est qu’il eut beaucoup de difficulté à décider Oliver à se charger de la fonction de respiration, pratique pénible, mais que l’habitude a rendue nécessaire à notre existence facile, et pendant quelque temps il resta haletant sur un matelas floqué, assez inégalement équilibré entre ce monde et l'autre, la balance étant décidément en faveur de ce dernier. Or, si pendant cette brève période,

...mais les souvenirs amènerent des larmes avec eux, comme le font toujours les espoirs du passé quand ils reviennent flétris ; et ses larmes la soulagèrent.

Vous les lirez, dit le vieux monsieur avec bonté, et vous y trouverez plus de plaisir qu'à en regarder la reliure; pas toujours cependant, car il y a des livres dont la couverture fait tout le prix.

- Réfléchissez un peu, dit Fagin, en haussant les épaules, et en tendant les mains, réfléchissez. Vous avez fait quelque chose de très joli, et qui me donne de l'estime pour vous ; mais en même temps, c'est une chose qui pourrait vous mettre autour du cou la cravate qu'est très facile à nouer et très difficile à dénouer... bref, la corde des pendus !

Cependant la même vie tranquille continuait dans la petite maison, et la même sérénité enjouée régnait chez ses habitants. Il y avait longtemps qu'Olivier était
devenu solide et vigoureux ; mais, malade ou bien portant, rien ne changeait la chaleur de ses sentiments envers ceux qui l'entouraient, même s'il n'en est pas ainsi pour beaucoup d'autres gens. Il restait le même petit être doux, affectueux, aimant, qu'il avait été au temps où la peine et la souffrance usaient ses forces, et où il avait besoin des personnes qui le soignaient pour obtenir la moindre attention ou le moindre réconfort.

L’enfant tressaillit et sourit dans son sommeil, comme si ces marques de pitié et de compassion l’eussent fait rêver d’amour et d’affection qu’il n’avait jamais connus ; de même que les sons d’une musique harmonieuse, le murmure de l’eau dans le silence des bois, le parfum d’une fleur, ou même l’emploi d’un mot qui nous est familier, rappellent parfois à notre imagination le vague souvenir de scènes sans réalité dans notre vie ; souvenir qui se dissipe comme un souffle, et qui semble se rattacher à une existence plus heureuse et passée depuis longtemps : car l’esprit humain est impuissant à le reproduire et à le fixer.

Bref, le rusé vieux Juif tenait l'enfant dans ses rets. Après lui avoir préparé l'esprit, par la solitude et la mélancolie, à préférer n'importe quelle compagnie à la société de ses propres pensées lugubres dans cet endroit sinistre, il faisait maintenant lentement pénétrer dans son âme le poison dont il espérait qu'il allait la noircir et en changer la teinte à tout jamais.

...; et les silhouettes mal rasées, mal lavées, crasseuses et sordides qui couraient sans cesse de côté et d'autre, faisant irruption dans la foule, puis en ressortant aussi vite ; tout cela rendait le spectacle étourdissant et affolant, au point qu'on en avait les sens égarés.

Il était trop habitué à souffrir, il avait trop souffert là où il était, pour déplorer sérieusement la perspective d'un changement.

Bref, le vieux rusé tenait l'enfant dans ses rets. Après lui avoir préparé l'esprit, par la solitude et la mélancolie, à préférer n'importe quelle compagnie à la société de ses propres pensées lugubres dans cet endroit sinistre, il faisait maintenant lentement pénétrer dans son âme le poison dont il espérait qu'il allait la noircir et en changer la teinte à tout jamais.