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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce recueil rassemble des reportages de la journaliste Joan Didion, sur l'Amérique désaxée des années 60 et 70.
Avec Joan, nous plongeons au coeur des mythes américains: elle rencontre les Doors, Janis Joplin, ou bien Huey Newton des Black Panthers. Interviewe des mineurs fugueurs constamment sous acide, explore le quartier hippie d'Aight- Ashbury, décortique les faits divers.. Jusqu'au moment où il est question du 9 août 1969, lorsque l'on découvre dans Cielo Drive, à Los Angeles, le cadavre éventré de Sharon Tate. Ce jour-là, tout le monde sut que les sixties étaient finies..
En août 1968, Joan Didion a été sacrée par le Los Angeles Time "Femme de l'année. le même été, elle a une dépression nerveuse.
Le recueil commence avec le rapport psychiatrique fait par une clinique de Santa Monica sur son état mental. Elle a "craqué" mais comme avec Fitzgerald dans Crack-up.. Son paysage intérieur ne fait que refléter le climat de l'époque..
Un ouvrage totalement prenant! Je ne connaissais pas du tout cette journaliste. C'est le livre qui m'a trouvé et j'ai été ensorcelé par Joan tout au long de cette lecture!
Elle m'a fait voyager dans cette Amérique qui semble sans cesse hésiter entre ordre et chaos, cette Amérique qui me fascine depuis si longtemps.
La couverture est une photo de Time Life. Joan Didion, à bord d'une belle voiture, accoudée à la portière, cigarette à la main, semblant nous attendre..
Vous êtes prêts pour un Road trip?
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En ouvrant le le livre de Joan Didion, vous allez entrer en contact avec une époque et un pays disparus, celui des USA des années 1960 et 1970. C'est un voyage quasi-lunaire que nous offre la journaliste américaine, originaire de Californie. En quelques lignes, elle dessine les contours d'une Amérique, pourtant superpuissance mondiale qui fait face à l'URSS, et qui ne cesse de voir se développer en son sein ce que l'on pourrait appeler des contre-cultures.

Mais Joan Didion est plus qu'une chroniqueuse de son temps, c'est une véritable sociologue et anthropologue en même temps. A partir de faits divers, de meurtres et de leur impact sur l'opinion publique, elle met en relief les ressorts de la vie sociale aux Etats-Unis. Et fidèle, si l'on peut dire, à l'école de sociologie de Chicago, elle nous fait voir sa Californie natale sous un angle peu ragoutant : celui d'un pays aride, d'un désert des sentiments où la folie guette les hommes.

Son regard, qui dissèque sans compromis, la vie des hommes s'applique ensuite à Big Apple, New-York, sa ville d'adoption. Là, elle nous fait voir une ville monstrueuse où tout n'est que magouilles, petits arrangements, loin de la légende dorée. Son texte sur Central Park et le viol d'un joggeuse en 1989 qui avait alors défrayé la chronique internationale, est un chef d'oeuvre de journalisme.

Vous l'aurez compris, mieux que de savants discours sur l'Amérique de la Guerre froide, il convient de lire Joan Didion et de la faire lire…Qu'on se le dise !
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Ce recueil réunit 11 chroniques écrites par Joan Didion, dans un style qui oscille entre journalisme et autobiographie. Certains critiques du livre rapprochent ce travail du Nouveau journalisme (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouveau_journalisme), courant qu'il m'a été donné de découvrir avec l'Amérique, et qui se caractérise par une approche littéraire du journalisme.

Cette approche littéraire, et parfois autobiographique - comme si Joan Didion se mettait en scène traversant des époques et évenements que l'on associe aujourd'hui à L Histoire - donne toute sa force à ces textes qui reviennent sur des élements représentatifs d'une époque : le "Summer of love", le débat soulevé par l'assassinat d'une joggeuse à Central Park dans les années 90... Loin d'une approche objective, Joan Didion porte son regard sur ces élements, notamment lorsqu'elle se plonge en immersion dans le quartier hippie de San Francisco. Plus fort : elle arrive à raccrocher des anecdotes, des faits divers à cette Histoire en construction, à "sentir" et à nous faire ressentir une époque à partir d'une simple rencontre. Raison pour laquelle ces chroniques n'ont pas perdu en intérêt, plusieurs décennies après leur écriture.
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En 3 mots... Sincérité, intelligence, bloc-notes
Impressions de lecture… J'aime beaucoup Joan Didion, que j'ai découverte avec Maria avec et sans rien. le présent ouvrage réunit sept textes écrits entre 1965 et 1990. Comme le titre du recueil l'indique, l'auteur nous entraîne sur le territoire des États-Unis d'Amérique. Les textes sont tirés de trois livres différents : Slouching Towards Bethlehem (1968), The White Album (1979) et After Henry (1992). On y trouve pêle-mêle les souvenirs de jeunesse de l'auteur (notamment ses années d'université), un reportage sur les adolescents fugueurs drogués dans les années 1960, des affaires célèbres (comme l'affaire Radin, l'assassinat de Ramon Navarro, ancien acteur de cinéma muet, le procès Miller ou l'histoire de Patricia Campbell Hearst), des agressions, des viols et une démystification de Central Park. On y croise des célébrités d'horizons différents : John Wayne le dernier cow-boy du cinéma américain, les Doors en plein enregistrement, Huey Newton cofondateur du Black Panther Party. On traverse des endroits : San francisco, Honolulu, New York, Hollywood, la rue, la prison, les tribunaux, les avions et la maison de Joan Didion. Bref, nous voyageons. Un voyage avec son lot de paysages, de rencontres, de rumeurs, de faits divers et l'auteur a même pensé à nous fournir la liste de ce qu'elle emporte dans son sac de voyage (p.107).

La couverture – une photo de Time Life – est parlante. On y voit Joan Didion à bord d'une belle voiture, accoudée à la portière, cigarette à la main, semblant nous attendre. Montons avec elle pour sillonner quelques coins de l'Amérique. le livre pourrait presque être un road trip, il contient en tous cas quelques confidences qu'on peut se faire dans l'habitacle, après avoir roulé des heures et fumé cigarette sur cigarette, comme les fragments de son rapport psychiatrique (p.81-82) que l'auteur nous livre tel quel, sans fards. le charme de Joan opère et il est à parier qu'avant la fin de la traversée vous serez tombé amoureux. Ce qui est frappant chez Didion c'est sa sincérité. Une sincérité qu'elle met au service de son écriture, quand elle parle d'elle bien sûr - et c'est déjà admirable - , mais aussi quand elle raconte les autres. Elle ne juge pas, elle observe, elle énonce avec un souci de justesse. Ce sont bien les textes et le regard d'une journaliste, et quand je dis cela je pense à ce que le journalisme fait de meilleur (et qui est rare), à ce qu'il devrait être. À noter une réflexion diablement intéressante sur la façon de parler des victimes de viol dans la presse américaine et de ce que cela induit, p.217-218. Joan Didion traite ses sujets avec recul, intelligence et sans se montrer dupe. Sa plume est concise, efficace, elle frappe juste. Pierre-Yves Petillon en parle très bien – et écrit très bien - ; à lire absolument : son excellente préface.

Revenons à Joan, ses souvenirs de l'université de Berkeley dans les années 50 me parlent particulièrement et me rappellent mes propres études de lettres pourtant suivies en France dans les années 2000. le texte « Adieu à tout ça » (à partir de la p.283) m'a bouleversée, tant je m'y suis reconnue, tant je l'ai trouvé merveilleusement écrit, tant elle a bien dit les choses. Elle y raconte son départ de New-York, ville dans laquelle elle est arrivée à 20 ans, qu'elle quitte à l'approche de la trentaine, quand elle se marie, et dans laquelle elle a toujours vécue sans s'y sentir vraiment chez elle, mais comme une « exilé[e] temporaire », « Quelqu'un qui vit en permanence avec des horaires d'avions dans son tiroir, vit selon un calendrier légèrement différent » (p.289). New-York, ville de sa jeunesse et de toutes ses incroyables possibilités, avant que n'arrivent les désillusions et les prises de conscience. « L'Album blanc » (à partir de la p.80) est une véritable compilation américaine, tandis que les premières pages de « Quelques rêveurs du rêve d'or » (à partir de la p.129) offrent une description admirable et prenante de la Californie. Rien qu'à la lecture on pourrait presque sentir « le souffle sec et brûlant du Santa Ana », l'odeur des incendies, les cris des couples au bord du divorce, les caravanes sous le soleil, l'écorce poussiéreuse des eucalyptus, le murmure fantomatique des coyotes.

Joan Didion entretient les images que nous pouvons avoir de l'Amérique. Un territoire sur lequel je n'ai jamais posé le pied, mais que j'ai découvert et imaginé à travers mes auteurs préférés. Ces images littéraires sont puissantes, elles laissent une empreinte peut-être plus profonde encore que les voyages qu'on fait pour de vrai, elles se mêlent à la réalité jusqu'à en reformer certains contours. Je cite Joan Didion : « Un lieu appartient pour toujours à celui qui se l'approprie avec le plus d'acharnement, s'en souvient de la manière la plus obsessionnel, l'arrache à lui-même, le façonne, l'exprime, l'aime si radicalement qu'il le remodèle à sa propre image » (p.341). C'est à un de ces « voyages sentimentaux » (selon le titre d'un des textes), que Joan Didion vous invite. Et visiter l'Amérique avec une guide pareille, pour une vingtaine d'euros, c'est une affaire.

Lien : http://quelscaracteres.eklab..
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J'ai découvert ce texte sur les conseils de Bret Easton Ellis qui la cite dans « white » (il cite « the white album » de Joan Didion qui en fait n'est jamais sorti en France mais dont ce recueil reprend certains textes).

C'est donc un recueil de chroniques d'une journaliste romancière engagée dans son époque en Amérique. Ils sont d'une intelligence fulgurante (jusqu'à la limite de la rupture parfois), d'une finesse rare et parfois d'une terrible drôlerie acide (son dézingage en règle du San Francisco hippie est tout de même un sommet d'humour noir, voire très noir, à ne plus savoir si l'on doit rire ou pleurer). Elle est évidemment dans la veine des grands auteurs journalistes américains tels de tom Wolf ou Truman Capote : prose limpide, dégraissée jusqu'à l'os, regard impitoyable sur son sujet et convictions assumées. Un pur bonheur (mais c'est à croire qu'en Amérique les grands journalistes sont tous de droite…).
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