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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Le bleu de la nuit,l'inévitable assombrissement."

Joan Didion,icône américaine,a perdu brutalement son mari en décembre 2003.Elle a relaté ce fait dans " L'année de la pensée magique", récit qui lui est consacré.
Dans cet ouvrage,elle parle surtout de Quintana,sa fille adoptive,décédée en août 2005 à seulement 39 ans.
Elle fait des allers retours dans le temps,s'appuie sur des phrases,des détails,des faits qui lui reviennent et qui sont source de questionnements.
Elle nous livre ses réflexions pour tenter de comprendre, pour exacerber sa douleur,ses peurs.
Elle revisite sa vie de famille et parle du temps qui reste.
J'ai aimé son écriture vive,ses répétitions, ce voyage dans ses belles années.
Son amour immense pour sa fille,sa culpabilité de mère.Elle nous offre ce dernier hommage alors que la mort rôde, se rapproche...
C'est incroyablement intime et sincère. C'est beau et triste à pleurer.
Joan Didion a "gardé le cap",à sa façon bien à elle.Mais ce qu'elle dit nous concerne tous.
Joan Didion est morte le 23 décembre 2021 à l'âge de 87 ans.

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Qu'est ce qu'être parent quand la fille et le père ont disparu?
Que demeure t-on sinon un écrivain, une femme confrontée à la vieillesse,à sa douleur indicible,à la perte?
Voilà quelques unes des questions auxquelles répond l'auteur de cet ouvrage relativement court,Joan Didion,après la perte de sa fille :Quantana,âgée de 39ans,disparue tragiquement, quelques mois seulement,après la mort de son époux.
Ce livre est insoutenable,pourquoi?car il est vrai,direct,dur et juste,il évite toutes les larmes.
Il répond à la question de Quintana:"quand quelqu'un meurt,mieux vaut savoir ne pas s'appesantir dessus".
L'auteur ne céde ni à l'impudeur ni à la complaisance,elle est d'une honnêteté scrupuleuse.
Avec une grande clairvoyance,comme si elle rédigeait son testament,elle fait le tour des sujets essentiels:l'adoption,l'argent,la maladie, la vieillesse, la mort.
A l'aide d'une écriture précise, sèche, lumineuse,sans larmoyer, sans s'apitoyer,elle n'embellit pas ses souvenirs,elle les sort de sa mémoire pour s'en débarrasser, les expose comme si elle les liquidait.
Elle fait place nette après une vie de réussite, d'amour.
Elle évoque des moments, des images,des mots,elle rend un vibrant hommage à sa fille: "les stéphanotis,fleurs piquées dans la natte épaisse de sa fille ,le jour de son mariage, ses petits mots conservés...."
Restent les fleurs qui éclosent et se fanent dans les allées de ce livre poignant et exemplaire,les stephanotis,la lavande,le magnolia,les fleurs de frangipanier........
Elle égrène les variétés comme dans un tableau pictural.
Leur parfum semble courir entre les pages.
Et enfin :Le Bleu de la Nuit,c'est une tentative de rassemblement de soi- même quand plus rien n'a de sens.
C'est un très beau livre,douloureux et superbe.


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"Ce livre est pour Quintana", la fille de l'auteur morte à 39 ans, quelque temps après son mariage, suivi d' un long séjour à l'hôpital puis de la mort subite de son père alors qu'il venait de lui rendre visite et un peu avant la sortie du livre à succès de sa mère sur la mort de son mari justement: "L'Année de la pensée magique", un livre qui m'a bouleversée, plus que celui-ci que j'ai cependant beaucoup admiré également.
Le thème est des plus douloureux mais ici on ne s'apitoie pas. L'écriture sèche et précise caractéristique de Didion évite tout épanchement inutile tout en évoquant ce qui effraie le plus: la solitude, la maladie, le vieillissement, la mort. Rien de tout cela n'est escamoté mais ce sont surtout les souvenirs des jours heureux qui envahissent les premiers moments et les premières pages, éblouissants comme le bleu des vitraux de Chartres par beau temps ou le bleu de la nuit new yorkaise quand on a l'impression que les journées n'en finissent jamais. «Le bleu de la nuit, c'est le contraire de l'agonie de la clarté, mais c'est aussi son avertissement.»
Les souvenirs heureux affluent en commençant par le jour du mariage de Quintana sous le signe de la légèreté, de la joie et des stéphanotis dans les cheveux sous le voile blanc, ce qui conduit à la vision de la véranda familiale pleine de ces jolies fleurs et à New York où l'auteur est revenue vivre, seule.
Elle revient sur les moments forts de l'adoption de sa fille, les retrouvailles récentes et ratées de celle-ci avec sa famille d'origine, et son propre sentiment de culpabilité, sa peur d'avoir pu rater son éducation.
Peu à peu cependant c'est la réalité de la femme de 75 ans qui s'impose de plus en plus avec ses chutes inexpliquées qui la conduisent à son tour aux Urgences, ses crises de paniques soudaines, ses intenses douleurs à la tête dues au stress que rien n'apaise, sa "peur de ce qui reste à perdre".
"Et pourtant il n'est pas un seul jour de sa vie où je ne la revois pas.
Qui prévenir en cas d'urgence?"
C'est un très beau livre.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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J'ai découvert ce roman par hasard. Je ne connaissais pas Joan Didion, plusieurs articles sont parus sur elle dans la presse. Des écrivains ont expliqué son influence dans leur oeuvre et j'ai eu envie de découvrir cet auteur.

Cette autobiographie évoque la mort d'un enfant, l'adoption, la vieillesse, la solitude, le veuvage. Et pourtant j'ai réussi à sourire en lisant ce livre. Joan Didion évoque avec une grande sobriété ses souvenirs. Elle ne cherche jamais à émouvoir mais à faire partager ses sentiments sur la mort et la vieillesse. J'ai juste été subjuguée par ce livre.
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L'écriture de Joan Didon est tout en pudeur, en émotion, en retenue mais en honnêteté et courage. Elle dit la maladie, le deuil, la perte, le sens de la vie et le devoir de rester parce que soi et pour l'autre en hommage
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"Quand vient la saison des nuits bleues, on a l'impression que les journées n'en finissent jamais. Et à mesure que la saison des nuits bleues se rapproche de son terme (inexorable, inéluctable), on est saisi d'un frisson, d'une appréhension physique, maladive, lorsqu'on s'en avise pour la première fois : la lumière bleue s'en va, déjà les jours raccourcissent, l'été n'est plus là.
Ce livre s'appelle "le bleu de la nuit" parce qu'à l'époque où j'ai commencé à l'écrire, j'avais l'esprit de plus en plus souvent tourné vers la maladie, vers la fin des promesses, le déclin des jours, l'inévitable assombrissement, l'agonie de la clarté.
Le bleu de la nuit, c'est le contraire de l'agonie de la clarté, mais c'est aussi son avertissement."

C'est ainsi que s'ouvre ce magnifique et poignant récit de Joan Didion.

Le bleu de la nuit c'est l'histoire de la perte de sa fille adoptive : Quintana, décédée d'une hémorragie cérébrale, dans une unité de soins intensifs à New York, à l'âge de 39 ans. Peu de temps après la perte de son époux qu'elle avait relatée dans L'année de la pensée magique.

Joan Didion revisite son passé, sa relation avec Quintana et fait remonter à la surface, en même temps que des moments de joie intense, ses dénis et ses aveuglements. Toutes ces choses qu'elle n'avait pas saisies à l'époque mais qui s'éclairent à présent d'un jour nouveau, dans le miroitement de la solitude. Reste la chair des souvenirs, à vif.

Souvent répétitif, ce récit à fleur de peau nous fait frissonner, parce qu'on y entend les battements du coeur, le souffle haletant, la douleur tellement présente. Un hommage à l'enfant perdu, mais aussi un roman sur la solitude, jamais plaintif ou pathétique. Au contraire, l'auteure porte un regard sans complaisance et éclairé d'une lumineuse lucidité, sur la relation avec sa fille. Un retour à l'essentiel, à ce qui fait sens, à ce qui demeure. Grâce à l'écriture, Joan Didion plonge dans ses souvenirs avec une profonde humilité et une clairvoyance réparatrice.

Un roman vibrant d'émotion, juste inoubliable !
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En allant à la BM, je suis tombée par hasard sur ce livre, placé en évidence dans les coups de coeurs des bibliothécaires. Impossible de le laisser passer, même s'il ne fait pas partie de mon programme de lecture. Après avoir été très émue à la lecture de L'Année de la pensée magique où l'écrivaine américaine dressait un vibrant hommage à l'homme de sa vie, disparu brutalement, Joan Didion, écrit, dans le Bleu de la Nuit, une autre oraison : cette fois-ci à leur fille unique, décédée quelques semaines à peine avant la parution de la Pensée magique.

La vie, si généreuse avec Joan en lui offrant un époux formidable pendant presque quarante années, et une fille adoptive, Quintana Roo, lui a tout repris en moins de dix-huit mois. Comme pour son époux, Joan Didion refuse de se laisser abattre, et son arme de bataille, c'est la plume. Une nouvelle fois, elle fait mouche – sa puissance est telle que vous ne pouvez pas lâcher le livre. J'aime particulièrement son style, Joan Didion a une écriture ciselée, précise et directe. Elle peut dérouter le lecteur par sa franchise. Elle livre au lecteur ses réflexions personnelles, avec en filigrane, son incapacité à dire au revoir à son enfant. Lumineuse face aux ténèbres, Joan Didion nous fait voyager dans sa vie : l'arrivée de ce bébé, cadeau du ciel, ses réflexions face à la maternité – ses questionnements – Quintana avait elle-même un comportement étrange. Ainsi, à l'âge de 5 ans, elle avait appelé un hôpital psychiatrique pour savoir si elle pouvait y être acceptée au cas où elle perdrait la tête. Une enfant créative, sensible et qui avait une peur tragique de l'abandon. Diagnostiquée maniaco-dépressive (à l'époque) son adolescence est compliquée. Mais à 39 ans, la jeune femme semble avoir trouvé le bonheur en épousant l'homme de sa vie.

Joan Didion revient sans cesse sur ce mariage, cette journée splendide à New-York, les fleurs qu'elle portait dans les cheveux, son sourire, sa joie de vivre, et ses deux paons qui les attendent à l'entrée de l'édifice. A cet instant-là, on leur souhaitait le bonheur et de nombreux enfants – Didion le dit : on prenait ce bonheur pour argent comptant. Son époux allait décéder la même année et Quintana perdra son combat face à une maladie insidieuse. Quintana Roo transpire à travers les mots de sa mère, une femme qui semblait être dotée de mille talents. Photographe professionnelle, elle avait été retrouvée par sa famille biologique mais avait choisi, à la fin de sa vie, de se recentrer sur « ses vrais parents » Joan et John.

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Voici le livre qui m a le plus marqué depuis des mois. J didion aborde avec courage le temps qui passe et la place de la literrature dans sa vie. Brillant.
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Dans cet essai autobiographique, Joan Didion revient sur la mort de sa fille, mais sans l'aborder frontalement, par le biais de réflexions sur sa propre vieillesse, sa fragilité, l'évolution de son écriture de l'aisance de sa jeunesse à une manière plus difficile d'écrire, un soucis d'être direct et d'épurer son style. Elle porte également une réflexion sur le temps qui passe, sa manière de percevoir ses années de jeunesse, par le biais d'images, d'anecdotes récurrentes : accessoires de mode, scènes, personnages, faits divers connus de tous et qui prenaient tout leur sens dans les années 60, oubliés de tous aujourd'hui.

Ce que je retient surtout, c'est le caractère surprenant de la maladie, de la vieillesse qui saisit l'auteure, sont incapacité à l'anticiper. D'autant surprenant et captivant que le style est, encore une fois, très épuré, la narration se centre régulièrement sur des faits précis du quotidien de l'auteure: les chaussures qu'elle n'arrive plus à mettre, un accident dans son appartement la laissant inanimée sur le sol.

D'apparence non-chronologique, fragmentaire, l'essai se tient par la répétition de ces anecdotes qui reviennent d'un chapitre à l'autre, chaque fois éclairées de façon différentes. Cette répétition est comme un combat de l'auteure contre l'oubli, une manière de garder intacte sa capacité de réflexion, son écriture, seul élément que la vieillesse ne peut lui retirer.
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Magnifiquement touchant. Un très beau livre sur le deuil.

Joan Didion partage des moments de son deuil dans un récit mêlant souvenirs de sa fille, confessions, questionnements sur la parentalité et autres moments de vie. Comme à son habitude sur un ton franc avec humilité et justesse. Sa manière de s'adresser au lecteur crée d'emblée une proximité, nous plonge dans son intimité et nous fait partager sa nostalgie et sa tristesse.

Il est dans la même lignée que son autre livre : L'année de la pensée magique. Qui concerne lui, le deuil de son mari, l'écrivant John Gregory Dunne. Il est également magnifique, je conseille de le lire en premier, car chronologiquement il se situe avant celui ci. Ce n'est pas une suite à proprement parlé, mais l'enchaînement a une certaine cohérence.
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