Cette circonstance facilita l'exode de l'architecture chrétienne. Elle se répandit au dehors de la Catalogne, conquit les zones que les arts de Byzance n'avaient pas colonisées et contribua pour une large part à la constitution des architectures où l'on retrouve les thèmes voûtés irano-synens et, en particulier, à celle des architectures clunisiennes. Je suis loin de prétendre que l'art roman français ne se reconnaisse d'aïeux qu'en Perse et en Syrie. L'on s'assurera du moins que l'église-basilique latine suivit deux routes divergentes au sortir de l'Italie : par l'une, elle fut portée en Gaule et en Espagne, et par l'autre, en Asie. C'est la basilique modifiée au contact de l'Orient iranien, qui fut introduite en Catalogne dans les circonstances que j'ai dites, y fit un stage et pénétra en France, où elle rejoignit l'église basilique latine après avoir accompli divers circuits dont l'un l'avait amenée sur les confins du Turkestan chinois.
Les tapisseries de haute lisse se rattachent pour le dessin et la technique aux fabriques d'Arras. Telles sont les tapisseries francoflamandes de la Seo de Saragosse et de l'église del Pilar, dont quelques-unes remontent au milieu du XVe. Enfin il faut chercher, parmi les peintres et les brodeurs brabançons installés à Barcelone, les maîtres des brodeurs catalans. Ils eurent notamment pour élèves les membres de la grande famille des Sardoni (XVe et début du XVIIe s.), à qui l'on doit, sans doute, le célèbre devant d'autel du monastère de San Juan de las Abadesas (vers 1414, M. de Vich).