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Citations sur Le verbe libre ou le silence (73)

Vivant, ce n’est pas votre créativité qui intéresse le jockey, mais ce qu’il peut en tirer pour vendre le maximum. Si vous êtes un pélican, alors que les manchots se vendent mieux, il vous brise les ailes sans états d’âme. Et si vous trouvez à redire, il vous rappelle que votre plume est à vous, mais que votre gamelle lui doit obéissance.
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Vous leur rendez un manuscrit, ils s’intéressent d’abord au nombre de pages et dégainent une tronçonneuse. La maigreur étant à la mode, les jockeys des Lettres exigent une littérature aussi diététique qu’une soupe de poireaux : vite mitonnée, vite vendue, vite digérée, vite oubliée.
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Que vend-on au public lorsqu’un auteur ne se reconnaît plus dans un livre, pourtant supposé être le sien ? Qui falsifie une signature sur un simple chèque de banque ou tout autre document administratif est réprimé par la loi pour escroquerie. Celui qui s’accorde l’immense licence de dénaturer le texte d’autrui pour l’adapter à son propre goût n’est-il pas, moralement et juridiquement, au moins aussi coupable ?
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Comme si ce n’était pas déjà assez triste que les éditeurs payent les
écrivains au lance-pierres, Internet vient nous spolier ! Avec le piratage des
livres, des amoraux de tous les pays, unis par le même esprit de charognard,
se repaissent de notre labeur, tout en nous vidant les poches. Mais peut-on
les blâmer sans chapitrer les éditeurs qui leur rendent la tâche facile ?
Mettre nos livres en version numérique, sans les sécuriser convenablement,
c’est les mettre gracieusement à la disposition de la planète entière ; et les
auteurs y perdent plus que les éditeurs. Ces derniers comptant sur leurs
pléthoriques fonds d’édition et la masse de leurs nouvelles publications,
alors que l’écrivain, lui, table sur sa seule et unique plume.
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Lire un auteur
africain, ce n’est pas lire de la littérature africaine, comme on va manger
chinois en se commandant machinalement son canard laqué parce qu’on
l’avait aimé ailleurs. Lire, c’est d’abord aller à la rencontre d’un auteur,
d’une personnalité singulière, c’est-à-dire, aller à la découverte d’un bout
d’humanité, d’une expression particulière de celle-ci. Mais, comment faire
admettre cela aux géomètres de l’esprit ?
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Écrivez-la, la littérature africaine de vos rêves, si la nôtre ne vous convient pas !
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Contrairement aux mots, le silence ne se commercialise pas ; et, je ne connais rien de plus inviolable. […] Alors, me concernant, ce sera le verbe libre ou le silence.
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Écrire, c'est soustraire le monde aux ténèbres et le mener vers demain.
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D’honnêtes militants agissent à longueur d’année, défendent des causes
avec sincérité, peu sont reconnus à leur juste valeur, pourtant, eux, ne s’en
plaignent pas ; leur motivation ne dépend pas du nombre de caméras ou
d’articles de presse, car fondée sur une vraie et profonde conviction
humaniste. Les charlatans de la cause humanitaire, eux, se croient
d’irremplaçables anges au chevet du monde et s’arrogent le droit de
sermonner le quidam. Pour eux, un écrivain africain est un soldat de leur
armée imaginaire et doit se mettre au garde-à-vous, dès qu’ils prononcent
l’une de ces formules magiques : « association », « aide humanitaire » ! Les
écrivains ne sont-ils pas assez grands pour choisir leur cause. Faut-il leur en
demander toujours plus ?
Des écrivains par-ci ! Des écrivains par-là ! Les éditeurs ont fini de nous
transformer en représentants de commerce et le divertissement, en pitres.
Certaines invitations prouvent qu’on accorde de moins en moins de
considération au statut d’écrivain. Asie, Afrique, Europe, Amérique ! On a
plusieurs fois eu l’indécence de me proposer d’aller essorer ma cervelle au
bout du monde, pour un montant qui ne déplace pas un plombier dans Paris.
Évidemment que j’ai refusé comme devant. « Mais, on t’offre l’hôtel et le
billet d’avion ! », osaient-ils, comme si j’allais flemmarder au Club Med !
Sans compter les semaines de réclusion pour préparer leurs multiples
conférences, risqueriez-vous votre vie dans les trains, les avions, les
autoroutes ou sur les pistes rouges pour un dîner exotique, deux tickets de
taxi, des poignées de main et quelques applaudissements ? Encore heureux
qu’ils paient les billets de transport pour leurs programmes, bientôt, ils me
demanderont d’y aller à la nage. J’ai maintenant compris pourquoi, malgré
les beaux discours, le sort des migrants et des réfugiés reste inchangé : pour
la majorité des bipèdes, le seuil de tolérance à la galère d’autrui est
beaucoup trop élevé, c’est même la raison pour laquelle les grands
humanistes marquent la mémoire collective ; en tout temps, en tous lieux,
ils représentent des exceptions confirmant la règle, cette misérable petitesse
de cœur qui fait de tant de Sapiens des Sauriens.
Mesdames, messieurs, une ville se découvre, elle ne se mange pas ; qui
peut digérer New York, Abidjan, Tanger, ou Varsovie ? Arrêtez de me
vendre la découverte d’une ville comme émoluments. De retour de votre
messe, les mêmes factures que les vôtres m’accueillent sans aménité. Des
écrivains par-ci, pour commémorer les fleurs du printemps dernier ! Des
écrivains par-là, pour compter les feuilles mortes de l’automne précoce !
Des écrivains, jusqu’à Rakass-Kamass, pour faire mousser telle récente
duchesse ou pour lustrer le plancher de tel baron du moment ! Et nous y
allons, pleins de foi, les sourires de nos lecteurs aidant à tenir le coup. Toute
l’année, on nous fait crapahuter pire que la troupe de Molière. Ne manquent
plus que les tréteaux, mais nous les trouvons sur place. Quand donc
sommes-nous censés écrire ? Quand se recueillir, se replonger dans le calme
d’une réflexion ? Quand lire, écrire, relire, ajuster, ciseler, peaufiner son
propos ? Son calme en permanence perturbé, Balzac aurait-il laissé plus
qu’une esquisse de La Comédie humaine ? Il faut du silence pour écouter le
murmure des muses, du temps pour décoder les secrets du verbe et trouver
de quoi sertir un livre qui vaut le coup d’œil.
Le monde exige nos compétences, mais gratuitement, les éditeurs nous
dépossèdent de notre liberté de création ; à part nos yeux guettant le
coucher du soleil, que nous reste-t-il ? Alors que l’on nous parle de « réalité
augmentée », les livres, eux, rétrécissent comme nos ressources. Dans ce
monde qui semble prêt à remplacer les artistes par l’intelligence artificielle,
on envisage de partager nos routes avec des voitures autonomes, tandis que
les écrivains, eux, se voient retirer leur autonomie, de plus en plus.
Question aux professeurs d’éthique : une machine paramétrée mérite-t-elle
plus de liberté qu’un humain ?
Coincés entre l’élitisme des occultistes, intelligibles seulement par ceux
qui parlent une langue morte, et des éditeurs considérant leurs textes
comme des fruits de saison, nombreux sont les écrivains inquiets. Quel sera
leur avenir ? Quel horizon pour la littérature ? Si l’alarme vous semble
excessive, passez donc chez votre libraire, interrogez ce qui vous est
proposé, comparez les tables consacrées aux soupes de saison, dont les
miennes, à celles qu’il reste aux Belles-Lettres ; même sans nager dans le
milieu littéraire, vous en verrez la marée basse.
Flux et reflux : vingt ans du Ventre de l’Atlantique ! Flux et reflux : est-ce
le blues qui monte avec l’âge ou l’innocence qui se retire avec le sourire ?
Entre flux et reflux du moral, à quoi songe la corporation des bêtes à
plumes ? Auteurs et livres traités en denrées périssables, une plume
débutante a-t-elle encore une chance de mûrir, de s’affermir et de bâtir ce
que les anciens appelaient une œuvre ? Peut-on encore espérer « être de
ceux qui construisent l’avenir », au sens où l’entendent les Compagnons du
Devoir ? Ces inspirants modèles de persévérance me démentiront-ils, si je
soutiens qu’en dehors de la lumière des maîtres, seules la durée et
l’assiduité à l’exercice affûtent le talent et donnent à l’ouvrage la qualité qui
en fait une œuvre ? Hâtive, urgente, sommaire, la littérature ne court-elle
pas à sa perte ? Beaucoup d’éditeurs n’écoutant plus que le marché,
combien d’auteurs peuvent encore prendre le temps de sillonner les
labyrinthes de l’âme humaine et de creuser les mystères qu’interrogeaient
nos illustres aîné(e)s ? Ces plumes, si éclairantes en leur époque qu’elles
demeurent des phares. Garderons-nous de tels modèles en ligne de mire, si
l’écrivain n’a plus la direction de son œuvre ? La littérature, cette issue de
secours, certains en font maintenant un cul-de-sac.
Au fond d’une crique, à quoi sert une rame ? Vous laisserez-vous
emmurer ? Même face à une mortelle impuissance, il nous reste toujours la
force de l’intention et le timbre d’une voix, alors, point de reddition ; voici
ma rebuffade et mon cri de Munch : Le verbe libre, avant le silence !
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Le vocabulaire qu’utilise chacun reflète le spectre de sa sensibilité et sa vision des choses.
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