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sur 1621 notes
Avec Frère d'âme, David Diop nous entraîne dans les tranchées de la première guerre mondiale aux côtés de deux jeunes tirailleurs sénégalais, Alfa et Mademba, amis et plus que frères, attirés par l'espoir d'obtenir la nationalité française.

Lorsque Mademba est grièvement blessé, Alfa refuse de l'achever, mais il perd la raison et décide de mener une vengence personnelle contre l'ennemi aux yeux bleus qui a tué son plus que frère.

Mais même dans l'horrible boucherie, le comportement d'Alfa ne tarde pas à miner le moral de ses camarades qui commencent aussi à se lasser de ce carnage.

Un texte court et percutant, qui a bien mérité le Prix Goncourt des lycéens en 2018, cent ans après la fin de la première guerre mondiale.
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C'est sans doute une très mauvaise idée que de lire trois romans français récents à la suite, à savoir Trois fois la fin du monde, Ça raconte Sarah et Frère d'âme. Des livres très différents par leurs sujets, mais qui se rejoignent négativement sur certains points ... Est-ce un hasard ? Toujours est-il qu'on y trouve les mêmes caractéristiques, une plongée immersive dans les pensées plus ou moins cohérentes de chacun des principaux protagonistes et de nombreuses redondances, y compris dans le vocabulaire, volontaires certes mais lassantes pour un lecteur attaché au style et aux qualités narratives des ouvrages. Frère d'âme s'impose pourtant d'emblée par l'intérêt de son thème : la Grande Guerre vue par un tirailleur sénégalais qui assiste impuissant à la mort de son ami d'enfance. le livre est scandé comme un monologue avec des expressions qui reviennent sans cesse, de même que les scènes les plus marquantes : la mort lente et atroce de l'alter ego du narrateur, la collecte de mains des cadavres allemands par ce dernier, etc. La peinture est réaliste, presque insoutenable dans la première partie de Frère d'âme. Elle se pare de nouvelles couleurs dans la deuxième, évoquant notamment l'enfance sénégalaise du jeune héros, sans pour autant passionner autant qu'espéré. Si la sauvagerie de cette boucherie sans nom qu'a été la guerre de 14 est parfaitement décrite, il y a de quoi être plus circonspect sur la construction du roman et les partis pris de David Diop dans cette saison en enfer.
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Ce roman est un bijou de la littérature qui m'a transporté dans les champs de bataille, et pas n'importe où : dans la tête de Alfa Ndiaye, à qui l'auteur donne la parole.
Il se raconte en "je". Il se raconte lui et son "plus que frère" dont la mort l'amenera à commencer à penser par lui même.
Lu en une journée, ce roman m'a plongé dans les réalités des champs de batailles, la situation particulière des tirailleurs Africains qui se sont vus menés des batailles pour la France, mais je retiens surtout cette histoire d'amitié, de fraternité et d'humanité qui lie Alfa et son "plus que frère" Mabemba.
Je recommande !!
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Roman court mais ô combien puissant que ce "Frère d'âme" ! Bien d'autres livres ont parlé de l'horreur des tranchées de la guerre 14-18, mais, à ma connaissance, aucun de cette façon-là. le narrateur de ce roman est un tirailleur sénégalais, Afa Ndiaye, qui voit son frère d'armes et copain d'enfance Mademba mourir entre ses bras, les tripes à l'air, après avoir subi le coup fatal d'une baïonnette allemande. Afa va alors basculer dans une autre "guerre" et même ses camarades de régiment qui se battent à ses côtés vont soudain le regarder différemment. Est-il devenu un "dëmm", un sorcier, ou bien, plus grave encore, l'a-t-il toujours été ? Les souvenirs d'enfance et d'adolescence vont revenir hanter Afa et nous, lecteurs, seront conduits sur la trace de la "princesse" et du "sorcier-lion". Un récit superbe où la poésie côtoie l'horreur et cherche à en être l'antidote. Vainement ?
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Avec "Frère d'âme", David Diop nous plonge en plein coeur de la Grande Guerre, et plus précisément à l'intérieur des pensées d'Alfa Ndiaye, un jeune tirailleur sénégalais venu, comme beaucoup de ses compatriotes, défendre la "Mère-patrie".

Dans ce récit écrit à la première personne, tout en découvrant l'horreur et la violence des assauts, le lecteur ressent tout de suite le sentiment de culpabilité qui ronge Alfa. En effet, combattant au côté de son ami d'enfance Mademba Diop, son "presque frère", il a refusé, sous le poids des traditions de sa culture, d'abréger ses souffrances lorsque ce dernier, atrocement blessé, le lui demandait. Il ne supporte plus de l'avoir laissé partir dans la douleur et cette confrontation avec cette mort horrible l'a profondément changé. Depuis, Alfa se venge en ramenant un trophée de chaque combat : un fusil et une main découpée sur l'ennemi. Au début, ce geste soulève l'admiration de ses camarades mais rapidement, son supérieur préfère l'envoyer se reposer à l'arrière, loin du front. Pendant sa convalescence, le jeune homme se remémore son enfance et son adolescence de fils de paysan sénégalais. Le lecteur assiste à sa lente bascule dans la folie.

A la fois roman historique, conte africain où plane l'ombre du sorcier maléfique et surtout véritable ode à l'amitié, ce récit est original par sa construction. Le lecteur se trouve à l'intérieur même des pensées d'Alfa Ndiaye, seul moyen trouvé par l'auteur pour traduire son ressenti. Ne sachant pas écrire, ne parlant pas la langue française, venant d'une autre culture, la confrontation avec la boucherie de la guerre 14 a été encore plus dure pour les tirailleurs sénégalais que pour les soldats français. Malgré la violence des descriptions, j'ai apprécié la première partie du roman où l'on est face aux séquelles que la guerre peut occasionner sur un être humain, et la deuxième partie, en total contraste, qui nous transporte au Sénégal dans un monde régi par les traditions et la sagesse des anciens. J'ai par contre été déstabilisée par l'écriture, une sorte de longue mélopée lancinante qui, si elle traduit bien le mal-être d'Alfa, entraîne de nombreuses répétitions difficilement supportables.

Même si la fin explique le magnifique titre, je l'ai trouvée plutôt étrange et j'accorde un 12/20 à cette lecture.
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J'ai attendu quelques jours pour écrire mon avis sur Frère d'âme de David Diop, mais je me dépêche de le faire parce que j'ai peur d'en perdre la musique… Il me semble en effet que c'est bien de cela qu'il s'agit : de musique.

Alfa Ndiaye, le narrateur, est un de ces Africains, tirailleurs sénégalais disait-on quel que soit leur pays d'origine, ceux qui sont venus en France pour « faire » la guerre, la Grande, celle de 14-18. Il combat vaillamment, et avec lui combat aussi son « plus que frère », Mademba Diop jusqu'à ce que ce dernier tombe, éventré, le « dedans dehors ». Alfa Ndiaye ne l'a pas achevé bien que Mademba le lui ait demandé plusieurs fois. « Par la vérité de Dieu », il l'a regardé mourir, et la colère est montée en lui. La rage, plutôt que la colère. Une rage qui, à chaque assaut, le pousse à revenir dans la tranchée après tous les autres, avec un trophée… Au début on le fête, on l'acclame, et très vite on a peur, peur de sa rage et de ce dont il est capable.

J'ai trouvé ce livre remarquable tant par ce qu'il raconte que par la langue que David Diop utilise. Certaines expressions viennent scander le récit comme autant de leitmotive (je parle bien de musique) que j'ai fini par attendre et par chercher. J'ai cependant été beaucoup plus touchée par la première partie, les 95 premières pages, que par la suite. Si la langue reste aussi belle, le propos m'a moins convaincue. Ce roman donne envie de lire à haute voix : c'est un texte à entendre autant qu'à lire, je crois.

Challenge multi-défis 2019
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Frère d'âme ou comment par l'écriture « se laver le dedans de la tête des saletés de la guerre ».
C'est ce qu'imagine David Diop en faisant parler Alfa, tirailleur sénégalais propulsé de son village natal dans les tranchées avec son plus que frère Mademba. Il n'a pas su l'aider à mourir et cette pensée va l'obséder. le poids de la culpabilité de n'avoir pas fait ce que son devoir exigeait va le ronger. C'est un texte puissant sur les ravages psychiques de la guerre où l'on flirte avec la folie, sur l'horreur mais aussi sur une amitié indéfectible. Les répétitions savamment distillées montrent que le monologue intérieur tourne à l'obsession dans la tête d'Alfa.
Alfa qui se rappelle la vie au village, sa première expérience amoureuse, Fary dans sa robe moulante jaune safran qui lui a offert son corps juste avant le départ pour la grande guerre. Et Mademba qui n'aura pas connu l'amour avant de disparaître. Une vie comme des millions d'autres happée par la guerre.
Un cri dans la nuit pour l'ami disparu trop tôt.
« C'est ça la guerre : c'est quand Dieu est en retard sur la musique des hommes, quand Il n'arrive pas à démêler les fils de trop de destins à la fois ».

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
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Alfa Ndiaye est un Sénégalais engagé dans le corps des Tirailleurs au moment de la Première Guerre mondiale.
Dans la première partie du roman, il raconte l'horreur des tranchées, la bêtise militaire et le racisme paternaliste des officiers.
Le style est lancinant, donnant une sorte de poésie macabre au texte, comme un appui renouvelé sur la douleur qui explose : celle des blessures, celle de la perte des camarades, celle de la culpabilité d'être vivant.
Passé à l'arrière, il évoque dans une seconde partie ses vingt premières années de vie, sa mère, les tensions au village qui l'a vu grandir, les traditions.
L'histoire d'Alfa Ndiaye est celle d'une amitié qui l'a conduit sur les champs de la mort et qu'il nous raconte avec l'acuité de la souffrance qui l'habite.
Ce roman donne voix à ceux dont on ne parle que depuis peu, ces hommes qui ont donné leur vie pour le colon qui leur avait déjà pris leur liberté. À ce titre, il mérite sa place parmi ceux qui perpétuent la mémoire de ces hommes qui ont combattu il y a maintenant plus d'un siècle.
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A travers un monologue expiatoire, Alfa Ndaye tente de comprendre à défaut de se pardonner, pourquoi il n'a pas pu abréger les souffrances de son ami, son plus que frère, Mademba Diop. Et ce faisant, il s'interroge et à travers lui, le lecteur, sur la guerre, ses règles, ses absurdités, ses horreurs, ses erreurs, ses petites victoires, ses grands drames...
Entre les souvenirs d'enfance et ceux des derniers jours avant de partir jouer les sauvages pour servir la mère Patrie quelque part enterré dans des tranchées, ce roman se situe étonnamment entre le pamphlet et le conte. L'auteur use d'une langue sèche et rude tout en la mettant en poésie, par les répétitions telles les ronds dans l'eau après la chute d'un caillou.
Ce court roman est à la fois percutant et interpellant, c'est à la fois un hommage et plaidoyer.
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Beaucoup de romans relatent l'horreur des tranchées et la folie qui devient la seule fuite possible pour les poilus. David Diop ajoute encore à l'horreur en mettant en scène les tirailleurs sénégalais venus défendre une patrie lointaine qu'ils ont adoptée. Ils ne comprennent pas les mots de leur officier mais ils savent que son sifflet les envoie à la mort. On s'étonne que la folie de l'un puisse dépasser la cruauté quotidienne. Un texte dur et violent (trop ?) où la sonorité est importante (phrases répétées, ...) et le rapproche d'un poème.
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