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sur 1623 notes
C'est un récit à la première personne zoomant sur un tirailleur sénégalais au milieu d'un no man's land durant la Première guerre mondiale.
Amitié - Regret - Culpabilité - Folie.
Des noms qui pourraient s'appliquer sur n'importe quel champ de bataille, à n'importe quelle époque, effaçant partiellement la particularité première de ce récit.
Partiellement un peu trop à mon goût.
À moins que ce ne soit ce style, se voulant retranscrire les pensées brutes du tirailleur, qui ne m'ait pas convaincue...
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Un tirailleur sénégalais durant la première guerre mondiale. Une violence crue, qu'il augmente encore en se livrant à un curieux rituel de vengeance. Puis, les souvenirs d'Afrique, la folie qui pointe...
La particularité de ce roman réside dans son ton, comme on peut le lire partout, qualifié "d'incantatoire", à la manière des griots. Cela donne un texte lancinant, à quoi on ajoute la folie grandissante du narrateur. Il en ressort un texte qui m'a mise très mal à l'aise et qui m'a du coup un peu tenue à l'écart de ce roman.
J'en reconnais les valeurs littéraires et morales, néanmoins cette lecture n'a pas été plaisante (mais elle a été rapide, ce texte se lit d'une traite).
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Ils sont morts en silence, hachés par la mitraille, toujours en première ligne, chair à canon pas chère en larmes..."ILS" ...ce sont ces tirailleurs sénégalais dont on parle assez peu dans la littérature sur la Première Guerre Mondiale....Petite précision de ma part, on parle toujours des "tirailleurs sénégalais", mais en fait ces combattants furent arrachés à tous les pays africains de la France coloniale. Il est nécessaire de le rappeler. Il fallait David Diop , auteur qui vécut au Sénégal pour en parler un peu plus...
Pour nous émouvoir de leur sort, de leur vie, de leur mort.
Ce roman hallucinatoire ne peut laisser indifférent. Il a au moins le mérite de donner la voix à ces milliers d'anonymes noirs, venus de différentes tribus mourir dans les tranchées. Ils sortaient de la tranchée en criant, pour faire peur à l'ennemi...dit-on.
"Frère d'âme" est leur dernier cri et pas le moindre.
Alfa Ndiaye, est un de ces tirailleurs né dans le village de Gandiol près de Saint-Louis du Sénégal. Il a accompagné les derniers instants de son camarade Mademba Diop, son "plus que frère", il l'a tenu dans ses bras, alors que Mademba hurlait afin qu'il l'achève, il lui a remis les tripes en place dans son ventre éclaté et a porté, sur don dos, son corps dans cette tranchée "comme les deux lèvres entrouvertes du sexe d'une femme immense. Une femme ouverte, offerte à la guerre, aux obus et à nous, les soldats."
Et depuis cette mort Alfa est devenu fou de douleur, tiraillé par cette culpabilité de n'avoir pas eu le courage d'abréger les souffrances de son ami, fou au point de vouloir faire payer à tous les Allemands le crime de ce soldat sournois qui éventra son presque frère ...La rumeur dit (mais pas le roman) que certains de ces tirailleurs portaient en collier les oreilles de leurs victimes. Image tenace dont je n'ai pas trouvé trace. Alfa va, quant à lui, collectionner les mains de ceux qui ont tiré sur lui ou ses camarades.
Quand il en a rapporté une, ça a impressionné ses camarades. Mais à sa septième, ses camarades et gradés le prirent pour un fou, un sorcier qui faisait peur. Il fait peur aussi bien aux soldats ennemis qu'à ses camarades et aux gradés qui leur ordonnent par un coup de sifflet de sortir de la tranchée en hurlant.
Avec ses phrases incantatoires et hallucinantes parfois, avec ses "Par la vérité de Dieu", toujours prononcés par Alfa, David Diop met en scène cette folie que furent ces combats. Il se met dans le crâne de l'un ces soldats s'élevant contre ces ordres d'officiers inhumains, les envoyant à la mort.
Et donne voix à ces milliers d'anonymes.
Le style est unique, rare. A la fois par des phrases courtes et percutantes, "Par la vérité de Dieu" qui les commence souvent, devient lancinant et obsédant. Les mots pour décrire ce sang et cette violence sont bruts. David Diop manie les phrases courtes et incisives, mais sait aussi être poétique pour partager les souvenirs d'enfance d'Alfa, l'histoire de ses parents, son amour pour Fary. Là, la violence des tranchées cède la place à la beauté des contes et de l'Afrique, au calme de la vie de famille. Des familles auxquelles tous furent arrachés sans espoir, ou presque de les revoir.
Beau souvenir de lecture et d'Histoire.
Bel hommage à ces hommes "Frères de larmes" pour de nombreuses familles ignorées.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Entre conte, poésie et récit, c'est un texte étonnant et fort que propose David Diop. La langue est belle, imagée et les deux amis, tirailleurs sénégalais, totalement démunis dans cette grande guerre qui va les détruire (comme beaucoup d'autres). Un témoignage court mais terriblement efficace.
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J'ai pris ce livre, sans rien en savoir. Aucun regret.
Deux sénégalais parmi tant d'autres croupissent dans les tranchées face aux ennemis aux yeux bleus. Ils y sont avec leurs coutumes, coupe coupe à la main droite , fusil à la gauche, avec les rêves qui les ramènent dans leur pays.
Ils sont deux, plus que frères, mais l'un va périr, et l'autre sombrer ou au moins côtoyer la folie .
Magnifique histoire évoquant les tirailleurs sénégalais dans les tranchées .Dans un style assez singulier, l'auteur évoque sans tabou mais sans voyeurisme non plus, la cohabitation dans l'armée française.
C'est surtout l'histoire de deux jeunes déracinés , dans la fleur de l'âge, promis à la mort, confrontés à une culture inconnue et à un soleil qui même au zénith est pale. C'est aussi une plongée dans le monde Peul et des tribus sénégalaises, une vie où l'honneur prévaut.David Diop nous amène sur ses terres et nous fait partager de belles traditions.
Beau roman autour des tirailleurs sénégalais mais aussi du Sénégal, des horreurs de la guerre, de la confrontation de l'Europe et de l'Afrique.
Sélectionné pour le Goncourt, il y a peut être mieux dans la liste. Mais il y a surement moins bien !
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L'histoire de deux tirailleurs Sénégalais: Alfa Ndiaye et Mademba Diop pendant la guerre 14/18.

Alfa et son " plus que frère " Mademba lors d'un assaut vont être pris sous la mitraille de l'ennemi,Mademba mortellement touché au ventre,implorera toute la nuit Alfa de l'achever.Malgré ses supplications, Alfa refusera et le laissera souffrir toute la nuit.Il s'en veut de ne pas avoir eu le courage d'abroger les souffrances de son " plus que frère ".
À partir de là sa raison chancelle il ne sera plus lui-même, semant la mort dans le camp ennemis en rapportant des trophées: des mains coupées tenant encore le fusil; une main ,deux mains ,trois mains il est felicité et applaudi ,mais après ,ses exploits : en tout sept,effraient peu à peu ses compagnons qui voient en lui un Dëmm: un dévoreur d'âmes, un esprit malfaisant.
Son capitaine sentant la folie s'emparer d'Alfa,le fait rapatrier un mois à l'arrière où là ,il se reposera et sera dorloté par les infirmières.
Un récit poignant parfois dur,beaucoup de répétitions qui en font toute la beauté, c'est lancinant comme une mélopée.
Au travers l'histoire d'Alfa toute l'absurdité de cette guerre aussi ,servi par une écriture subjuguante,envoûtante naïve au début et plus riche et poétique au fur et à mesure que l'on avance dans le récit.
J'ai beaucoup aimé le côté hallucinatoire d'Alfa ,sa folie peut-on parler à la fin de schizophrénie ?
Et toutes ces répétitions qui loin d'alourdir le roman lui confère une image de conte africain malgré la violence.
"Par la vérité de Dieu"
" Je sais,j'ai compris ".
Un très beau roman que je conseille vivement .⭐⭐⭐⭐
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Voici un roman choc que je voulais lire depuis longtemps, mais dont je différais l'instant, tant je l'imaginais éprouvant à découvrir. Je ne m'étais pas trompée sur ce point.
Il se déroule durant la Grande Guerre, cette terrible guerre qui a été tellement meurtrière pour les hommes.
Alfa Ndiaye et Mademba Diop sont deux "frères" sénégalais d'à peine 20 ans lorsqu'ils se font enrôler comme tirailleurs. Ce jour-là, le capitaine Armand sonne l'attaque, ils s'élancent et Mademba est grièvement blessé. Là, dans le sillon qui recueille les deux hommes, les mettant pour un temps à l'abri des obus, Mademba supplie à maintes reprises son ami de l'achever. Mais Alfa n'y arrive pas et restera auprès de lui jusqu'à sa mort, lente et terrible.
Considéré comme un héros par les autres soldats lorsqu'il ramène dans la tranchée son "frère" mort, Alfa ne sera plus jamais le même...
Lui qui ne savait rien de cette guerre, qui a quitté son pays natal pour une cause qui lui paraissait juste, va trouver en lui la force de survivre à l'horreur, en distribuant autour de lui la mort, mais pas la mort propre comme la hiérarchie le lui demande, non ! Il perd la raison et se met à mutiler le corps de ces ennemis aux yeux trop bleus. Ce faisant il fait peu à peu peur à ses camarades qui ne veulent plus aller combattre, persuadés que Alfa leur porte malheur...
Il est alors envoyé à l'Arrière, là où il pourra se reposer et se remémorer la vie paisible de son enfance...et peut-être un jour guérir.

Voilà un livre traumatisant, qui nous parle de la folie meurtrière de la Grande Guerre. Autant que vous soyez prévenus, d'ailleurs cela fait un moment que je l'ai lu, et j'ai eu beaucoup de mal à rédiger ma chronique tant les images viennent me hanter.
Beaucoup d'hommes ayant vécu ces combats, ont plongé dans la folie, comme un ultime refuge pour se protéger de toutes ces horreurs vécues.
Le lecteur doit avoir le coeur bien accroché pour lire les premières pages qui ne sont que récits réalistes de cette "boucherie". J'ai failli abandonner car en plus le décalage entre le ton employé par l'auteur et les descriptions faites dont il n'omet aucun détails, rendent la lecture quasi insoutenable.
Le narrateur a une manière enfantine de raconter mais après tout, la plupart de ceux qui sont partis dans les tranchées étaient tous jeunes, encore à peine sortis de l'enfance, et pour ceux qui venaient d'un autre continent, qui ne parlaient pas notre langue, le déracinement et l'incompréhension du monde qui les entouraient, les fragilisaient encore davantage.
J'ai mis du temps à m'habituer au style de l'auteur, aux répétitions de certains mots comme par exemple "par la vérité de Dieu", "j'ai compris, je n'aurai pas dû", "mon plus que frère", et puis cela devient secondaire car le lecteur est happé par l'histoire, par l'horreur de l'histoire je devrais dire, et ne peut plus lâcher le roman car il veut savoir ce qui va advenir du narrateur.
Tout cela vous en doutez est voulu par l'auteur pour dénoncer l'innocence de ce peuple, qui parce qu'il faisait partie des colonies a été floué et utilisé. Un cri du coeur pour l'auteur qui ne peut laisser personne indifférent et qui est aussi un bel hommage à ces tirailleurs sénégalais venus se battre aux côtés de nos soldats, contre un ennemi dont ils n'avaient rien à faire, un ennemi aux "yeux bleus jumeaux", mais aussi un hommage à tous ceux qui, venus d'ailleurs, ont subi le même sort.
Au récit de la guerre, fait suite celui des souvenirs heureux ou moins heureux au pays, dans le village de Gandiol près de Saint-Louis...un moment de grâce, poétique, qui rend encore plus douloureux le sort de ces milliers de jeunes déracinés et morts loin de chez eux. Les moments où Alfa nous parle de sa mère disparue (à travers le dessin qu'il réalise pour le médecin), de sa jeune "fiancée" qui s'est donnée à lui la veille de son départ, ou de son vieux père et de ses engagements pour contrer le projet de monoculture de l'arachide, en remplacement des légumes qui permettaient de nourrir le village entier, font partie des moments terriblement émouvants du livre.
Ce livre a reçu de nombreux prix littéraires dont le Goncourt des Lycéens en 2018 et bien d'autres.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Les lycéens ont bon goût quand il s'agit d'attribuer le prix Goncourt des lycéens !
Ce roman très court est une claque ! le sujet tout d'abord est intéressant : la première guerre mondiale vue du coté des artilleurs sénégalais, ces alliés des français dont on ne parle pas souvent.
Les deux personnages principaux sont deux sénégalais engagés dans l'armée, ils sont très très proches car se connaissent depuis l'enfance. En effet, Mademba et Alfa sont originaires du même village. Lorsque la mère d'Alfa disparaît (enlèvement ? Mort ? Fugue ? ) le jeune Alfa est recueilli par la famille de son copain Mademba et sa mère l'adoptera. Ils grandissent donc ensemble, très différents l'un de l'autre. Mademba est frêle et pas très beau, il est doué pour les études, il parle français, tandis qu'Alfa est très athlétique, combattif, bel homme. Ils s'engagent donc ensemble et combattent en se protégeant l'un l'autre. Mais un jour, c'est le drame, Mademba est frappé à mort, il va mourir sous les yeux de son ami "son plus que frère", en le suppliant d'abréger ses souffrances.
A partir de ce moment, la vie d'Alfa bascule totalement dans une violence terrible doublée d'un désir de vengeance et il sombre petit à petit dans la folie ; il sera rapatrié dans un hôpital à l'arrière des champs de bataille.
L'écriture est très particulière et fait partie du charme du livre. C'est un langage oral, très imagé, fait de répétitions et parfois de descriptions très poétiques. La langue atténue la dureté et la violence du récit.
Un très bon roman que je recommande vivement !
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Un très agréable moment de lecture, où la poésie du texte se conjugue à l'atrocité de la vie dans les tranchées.
l'écriture est très belle, déconcertante car usant et abusant des répétitions, mais d'une simplicité et d'une fluidité enfantine. Ces phrases qui reviennent en boucle, comme des mantras, contribuent à marquer cette dichotomie entre cette innocence africaine venue du Sénégal et la réalité d'une guerre d'hommes, les pieds dans la boue.
Ma vraie question en fait, n'est pas tant de comprendre pourquoi Alfa Ndiaye en devient fou, mais comment il est possible de ne pas revenir complètement givrés de ce type de combat.
Une lecture pleine de charme et de douceur pourtant et paradoxalement.
A lire
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Un livre comme un cri. le cri de rage hurlé par Alfa Ndiyae pour n'avoir pas pu aider, Mademba Diop, son plus que frère, mortellement touché par le canon ennemi.
Rongé par la culpabilité, le jeune tirailleur sénégalais bascule dans la folie meurtrière au coeur de la guerre. D'abord considéré comme du courage, pour ne pas dire du patriotisme, ses actes provoquent rapidement effroi et inquiétude dans les rangs. L'éloigner du front devient la seule sortie de secours alors que la douceur de sa jeunesse africaine revient à la mémoire de cette âme perdue.
Sur le thème croisé des frères d'armes, de l'horreur des tranchées de la Première guerre mondiale où le rôle des Sénégalais reste encore ignoré, David Diop compose une oeuvre magistrale. Par la force du récit pour commencer. Par la puissance d'une langue pour poursuivre. Travaillée comme une symphonie tout en fracas, émaillée de quelques pauses langoureuses, elle incarne la descente aux enfers d'Alfa. Sa voix se transforme en une logorrhée sans fin, à l'instar des fleuves tempétueux d'Afrique. L'effet est saisissant pour ne pas dire bouleversant. Lire « Frère d'âme » à haute voix souligne un peu plus encore la musicalité de la phrase toute en scansions désespérées.
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