Phobos, tome 4 : Il est trop tôt pour respirer

Le passé ne compte plus, assure-t-il dans chuchotement. Avec toi, je veux vivre au présent. Je veux savourer chaque instant. Je veux te dire tant de choses que je n'arrive pas à formuler. J'ai l'impression de ne pas avoir le vocabulaire. Ou peut-être que c'est ma tête qui n'est pas assez bien faite...

Les prévenus lèvent la tête : là-haut, dans l'azur sans nuages de Californie, de grands hélicoptères éclipsent le soleil éblouissant. Leurs soutes s'ouvrent, lâchant sur la ville une pluie de papiers qui s'épandent dans les airs comme des confettis de carnaval.

Mais ce ne sont pas des confettis.

Ce sont des prospectus par dizaines de milliers, qui se posent sur les toits, les trottoirs, les routes et les ponts, portant tous la même inscription en lettres capitales :

#MAKETHEMPAY !

Mais la somme de nos blessures, en cet instant, nous rend invincibles.

Moi, je veux bien passer mon existence à attendre, affirme-t-il doucement en baissant les yeux. Même s’il n’y a rien au bout. Même si tu ne me pardonnes jamais d’avoir essayé de te retenir quand je croyais te perdre. Même si tu t’en voudras toujours de m’avoir ouvert les bras, quand Marcus était enfermé à quelques mètres de nous. Oui : je peux continuer à attendre jusqu’à mon dernier souffle, même s’il n’y a plus aucun espoir. Mais toi, Léonor : qu’est-ce que tu attends ?

Les écrans et les images ne sont pas mauvais en soi. Ce qui compte, c'est l'usage qu'on en fait.

" Seul les tendres sont vraiments forts"

Seuls les tendres sont vraiment forts. - James Dean

Parce que Marcus était tout sauf une victime : il était l'acteur de ça vie !
Parce qu'il a conquis son bonheur : j'en suis certain !
Chaque atome de mon corps me le crie, chaque sourire dans ma mémoire me le rappelle : on a été heureux ensemble !

Le destin nous avait offert une étoile. Nous n’avons pas su la retenir. Et elle s’est envolée.

L'amour ne suffit pas à empêcher ceux qu'on aime de s'envoler