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sur 231 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En cet après-midi glacial de la fin du mois d'octobre, un coup de feu retentit. Non pas que ce soit rare en forêt, loin des habitations. Mais, cette fois-ci, le coup de feu lui semble avoir retenti tout près de son chalet isolé. Trop près... Julius Winsome, confortablement installé dans son fauteuil près de son poêle à bois, termine sa nouvelle de Tchekhov avant de se décider à appeler son chien, Hobbes. Un vent cinglant le fouette dès la porte fermée. Malgré ses nombreux appels, son fidèle compagnon ne pointe pas le bout de sa truffe. Pénétrant plus avant dans la forêt puis dans la clairière, il le voit alors, allongé parmi les fleurs, en sang, respirant avec difficulté, une blessure infligée par un coup de fusil. Aussitôt, Julius l'emmène chez le vétérinaire de Fort Kent, à 25 kilomètres de chez lui. Malheureusement, cette balle, visiblement tirée de très près, aura eu raison de Hobbes. L'heure de la vengeance a sonné...

Julius Winsome vit dans son chalet, au coeur de l'épaisse forêt du Maine. Seul avec ses milliers de livres et son chien Hobbes. Détestant pourtant les armes, il aura fallu la mort tragique de son fidèle compagnon pour que l'homme calme et pacifiste bascule dans la violence. Malheur à celui, potentiellement responsable de ce massacre, qui croisera sa route. Ermite quinquagénaire, Julius Winsome, de douleur et de rage, se transforme en homme vengeur et violent. Gerard Donovan dépeint avec force et profondeur cette traque au coeur de la forêt dense et enneigée mais aussi la beauté et l'âpreté du paysage, la sauvagerie et la violence des hommes. Malgré l'animosité qui habite Julius, les pensées irraisonnées, l'on se prend d'affection et d'empathie pour lui et on le suit pas à pas dans son désir de vengeance. Un roman à la fois sauvage, poétique et intense...
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Voici un roman superbe , à la langue magnifique——puissante ——poétique véritable hymne à la littérature ——et à la nature froide, blanche, austère , dure et grandiose où vit Julius Winsome, quinquagénaire , seul , dans un chalet , au coeur de la forêt du Maine ......
Petit- fils et fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence , il ne chasse pas, vit une existence calme et tranquille , auprès de son chien Hobbes , son unique et bien-aimé compagnon...entre ses petites sorties en ville , son don pour le bricolage, ses nombreuses lectures, ses tentatives de jardinage ,...
Entouré des 3282 livres légués par son père , il se plaît à répéter des citations shakespeariennes que son père lui avait appris en lui montrant les petits caractères en bas de chaque page , où ces mots étaient repris et expliqués ...
Il enrichissait son vocabulaire d'une vingtaine de mots élisabéthains , mots venus du fin fond du XVI ° siècle....chaque semaine ...
Le jour où on lui tue son chien il change de registre , en lui se lèvera une folie meurtrière ...traquant tous ceux qu'ils croient être le ou les auteurs du coup de feu mortel ...
Récit d'amour et de vengeance , de chagrin , de mort , respect de la culture écrite , deuil et transmission, ermite cultivé, ce Julius , pacifiste dans l'âme et pourtant ,..
L'auteur déroule son texte et ne cherche pas analyser les raisons des gestes de son héros ...
Décalage entre l'amour pour les livres et ces gestes brutaux, la force de l'auteur est d'amener son lecteur à considérer avec tendresse et bienveillance , considération ce quinquagénaire ..
L'écriture est âpre , tendue , grave , poétique même dans l'horreur ....
La montée en tension du récit est remarquablement efficace ...
Un beau texte lu d'une traite ...
«  Que notre terrible vengeance soit le remède
Qui guérisse ce mortel chagrin... »
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Julius Winsome, c'est le titre du livre de Gérard Donovan et le nom du personnage principal. Il vit dans la forêt du Maine en loup solitaire. Il est entouré du patrimoine familial légué par son père, des milliers de livres dans lesquels il s'évade amoureusement. Son grand-père, un ancien des tranchées de la première guerre mondiale, lui lègue, à son père d'abord et par voie de descendance à lui-même, un fusil, le Lee-Enfield avec lequel son père (combattant lui aussi, mais de la seconde guerre mondiale), lui a appris à tirer. Il sait les horreurs de la guerre par les récits des siens largement éprouvés et de fait, Julius aime la nature, les animaux et le doux murmure du temps qui s'écoule. Il vit à cinq kilomètres de toute habitation, dans un chalet isolé avec son chien, Hobbes, un terrier pitbull. Un jour, son fidèle compagnon ne rentre pas à la maison. Julius mesure alors par le manque de sa présence, combien il l'aime, combien il peuple l'espace de son affection et combien il rythme leur quotidien respectif. Tout d'abord, bien qu'inquiet, le maître attend le retour de l'animal. Puis, sans nouvelles, il le cherche. le chien habite maintenant tout son univers mental et environnemental. Il se passe quelque chose dans la tête de Julius. Il y a une rupture dans son entendement, dans sa solitude. Il croise un chasseur qui martyrise un cerf. À ce moment précis, Julius voit un tueur, un tueur d'animal, un tueur de chien. Il le tue. À quel moment précis Julius a-t-il épaulé le Lee-Enfield pour parcourir la forêt ? À quel moment les coups de feu répétés des chasseurs lui sont-ils devenus insupportables. Julius Winsome a été dérangé dans sa paix intérieure et maintenant il tire sur des chasseurs qui tirent sur des êtres à pattes, à plumes ou à poils, de façon inconsidérée, l'un comme les autres. Mais qui a tué Hobbes ? Hobbes, le chien tué à bout portant. le chien Hobbes retrouvé ensanglanté. Conduit chez le vétérinaire par Julius, agonisant, puis mort et enterré au milieu du parterre de fleurs, des fleurs minutieusement cultivées par son maître.
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La cinquantaine, Julius Winsome est un solitaire. Il vit dans un chalet au coeur de la forêt du Maine, près de la frontière canadienne, avec pour compagnie trois mille deux cent quatre-vingt-deux livres reliés en cuir hérités de son père, une carabine Enfield et des souvenirs datant de la Première Guerre mondiale hérités de son grand-père, et son fidèle chien Hobbes.
« Le lieu est solitaire, non seulement en automne et en hiver, mais d'un bout de l'année à l'autre. le temps est gris et rude, les espaces sont vastes et désolés, et le vent du nord balaie tout sans pitié, vous arrachant même parfois certaines syllabes de la bouche. »

Julius est un homme paisible, amoureux des livres et des mots, de la nature et des fleurs, appréciant le calme et le thé chaud, vivotant de petits boulots, suffisamment pour profiter du peu dont il a besoin.
Mais par un après-midi glacial de la fin du mois d'octobre, son chien est tué d'un coup de fusil. A bout portant. La vie de Julius va alors prendre un tout autre sens...
« Il était mon ami et je l'aimais. Un point c'est tout. »

C'est dans une nature éblouissante de détails que nous entraîne l'auteur. La poésie des détails nous insuffle charme, sérénité, candeur. Presque le bonheur. Presque parce le changement radical de Julius nous empêche de profiter pleinement de la chaleur émanant du texte.
Un seul narrateur, Julius, discute avec le lecteur. Avec le lecteur ? Ou avec lui-même ? Et ce qu'il nous relate est la simplicité même de la vie, au coeur de cette forêt du Maine, au coeur des mots qu'il engrange grâce à ses nombreuses lectures, surtout ceux de Shakespeare qu'il collectionne et inventorie sur des fiches, et aux souvenirs laissés par son père et son grand-père décédés depuis bien longtemps. Gerard Donovan « force » ainsi le lecteur à suivre les déambulations de Julius, autant physiques que spirituelles, dans une nature rude et belle où le poids des mots cède peu à peu la place au poids des armes.
C'est beau et terrible à la fois. C'est une lecture à découvrir lentement pour bien s'imprégner du climat et de la pensée de Julius.

« Ceux qui vivent très vieux et ceux qui meurent très jeunes perdent la même chose. Ils n'abandonnent que le présent, puisque c'est tout ce qu'il possède. » Marc Aurèle.
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Construire un roman en ne parlant que d'un ermite cultivé et entouré de livres, pacifiste dans l'âme, antimilitariste par tradition familiale, mais expert en balistique et en technique de tir, et dont on a tué le chien est un exercice pour la réussite duquel il faut montrer quelques dispositions en termes d'imagination et de maîtrise du conte.
Julius Winsome vit seul au milieu des bois, dans une région dont le climat est pour le moins rude et a une forte tendance à imposer un rythme de vie aux habitants du coin : Hommes et animaux.
Lui, sorte d'érudit livresque et surtout Shakespearien, vit dans la tradition et le souvenir de son père et de ce que celui-ci lui a transmis. On se demande si c'est le destin qui l'a rendu ainsi, ou s'il était un peu limité par son environnement, tout en restant très sensible à la littérature et à la poésie.
La rencontre fortuite d'une femme et l'adoption d'un chien vont commencer à modifier, sinon sa vie, tout au moins son mode de pensée. Mais ce sera bien pire lorsque sa compagne va progressivement le quitter et que quelqu'un va se permettre de tuer son chien. C'est là que tout bascule !
Redevenu vraiment seul, il va décider de venger son sort en mettant de côté une grande partie de ses principes, placidement, calmement, sans aucune frénésie, il va ressortir la carabine d'élite de son grand-père, et fort de ce que l'on lui a transmis, va organiser sa vengeance. Il va tuer tous ceux qui auraient pu tuer son chien.
Ce chien qu'il avait adopté sous l'influence De Claire sa compagne, symbolise peut-être la perte cristallisée de l'amour perdu.
Le roman est assez lent, mais cela correspond au rythme de vie de ce nouveau-Brunwisck où se passe l'action du livre. C'est l'occasion de revenir sur la façon dont un ermite communique avec la femme qui s'intéresse à lui et dont il apprécie la présence.

Ce roman, construit autour d'un climat, des livres, des citations de réflexions est captivant. C'est une sorte de nouvel éloge de la folie ordinaire ! Plein de sensibilité, de poésie, occultant l'histoire qu'il conte, pose de nombreuses questions.
Une belle expérience de lecture.
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Ne vous aventurez jamais aux confins septentrionaux du Maine...vous risqueriez de croiser le regard de Julius Winsome et de ne pas en ressortir vivant !
Ce roman noir m'a complètement et totalement captivée, amusée, effrayée.
Cette obsession si prégnante ("Qui a tué mon chien?"), cette folie si shakespearienne (ne voilà-t-il pas qu'il se met à employer le vocabulaire inusité de Shakespeare), cette solitude si profonde qui l'empêche de communiquer facilement avec ses semblables, le conduisent à commettre l'irréparable, une série de meurtres. Pour mon plus grand bonheur... Car il agit en toute bonne foi et avec naïveté ! Comme on dit, on "lui donnerait le bon Dieu sans confession".
Surtout qu'il est un fou de livres, et rien que pour cela, je lui pardonne tout.
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« Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu'à un certain moment j'ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans. »

L'histoire de Julius Winsome, c'est surtout l'histoire d'un lecteur. Un solitaire qui s'isole dans un coin de nature pour vivre sa vie comme on tourne les pages d'un livre : pages après pages, jours après jours. Une bûche au feu, de l'eau bien chaude pour le thé et le voici qui se plonge dans la lecture d'un des livres de la bibliothèque de son père. Il hume le parfum du papier, l'encre qui a servi pour élaborer les fiches des livres, les sens en éveille.

Julius ne vit pas seul dans ce coin de nature : c'est la nature qui le berce et qui peuple ses journées de mile bruits, saveurs et images. Il ne fait qu'un avec la terre qui l'entoure.

Il ne faut pas tenter de voir dans cette volonté de vivre seul un choix cachant une amertume particulière contre le genre humain. C'est juste une manière de se préserver. Julius dit que son père lui a appris à être fidèle. Alors quand il hérite du chalet à la mort de celui-ci, il applique le précepte paternel. Fidèle à cette terre, il sera.

Julius se contente d'un univers peuplé de fleurs colorées qu'il cultive, d'oiseaux qu'il abreuve et nourri, de livres qu'il chérie et de son chien. Il bricole de ci de là, pour gagner de quoi subsister l'hiver venu. C'est le bonheur vu de l'intérieur. Ce n'est pas un hymne à la solitude, c'est juste qu'il vit comme ça et qu'il le fait bien, sans gêner qui que ce soit. La preuve, quand l'amour pointe son nez, il l'accueille et quand il s'en va, il le laisse partir sans rancoeur. Un peu comme quand l'hiver pointe son nez emportant avec lui les vestiges des trois saisons qui ont précédé.

« L'empreinte du Nord disparaît dès que le soleil brille à nouveau, effacée des collines et des arbres du Maine par le chiffon du soleil et par le souffle chaud de l'automne sur le bois. »

Il vie donc de ce qui l'entoure, il est un humain en harmonie avec son environnement, à l'écoute de cette nature qui l'accueille en son sein. Il nourrie ses cinq sens, il philosophe, il se souvient, il entretien sa culture comme il entretient son feu, il est au diapason avec son monde, sans violence, sans heurt.

Et le coup de feu annonciateur de ce premier meurtre est la fausse note qui va perturber la partition de Julius. Son chien a été mortellement atteint d'une balle à bout portant. Assimilant ce qui vient de se passer, Julius ne va pas sombrer dans une rage destructrice. Il va rester le même, sans s'embraser, en continuant à raisonner comme il l'a toujours fait, avec calme et parcimonie. Pour rétablir ce déséquilibre, il va chasser le responsable de cet acte, même si pour cela, il doit éliminer quelques innocents… Il va tuer en étant pleinement conscient de ses actes, froid, comme son environnement, sans passion, sans folie incontrôlée.

C'est intéressant de faire le parallèle entre ce qui arrive à Julius et l'arrivée de l'hiver. Tel la morsure du froid qui va planter ses dents dans la chair des êtres qui oseront s'aventurer dans la forêt sans y être préparer, Julius va incarner ce froid implacable qui va mettre un terme à la vie de ceux qui se croyaient bien « armés » pour l'affronter.

C'est bien sûr emprunt d'une certaine naïveté mais Julius est en accord avec lui-même. Il sait très bien que pour atteindre le coupable, il va devoir atteindre d'autres personnes. Des dommages collatéraux ? Peut être mais Julius ne le fait pas par sadisme ou par cruauté. Il le fait parce que c'est ce qui lui semble la chose à faire. C'est difficile de trouver une excuse à son geste mais c'est aussi facile de comprendre qu'il n'avait pas autre chose à faire, comme si c'était irrémédiable.

Du coup, on serait curieux de voir ce donnerait une évaluation psychiatrique du personnage. Comment les influences de son grand père, de son père et son isolement pourraient tenter d'expliquer son geste. Comment sa déception amoureuse pourrait servir de déclencheur et facilement expliquer les évènements en voulant trouver une justification rationnelle. L'amertume par exemple. Alors que nous savons qu'il n'en est rien. La mort du chien l'a juste rendu triste. Un point c'est tout.

« Lorsqu'un chien lève la tête et aboie tout en vous regardant un peu de biais, cela signifie qu'il est d'humeur joueuse et sait que vous le taquinez. […] Si vous ne comprenez pas son langage, tout ça n'est que du bruit. Ces types qui rodaient dans la forêt ne comprenaient pas mon langage shakespearien, me semble-t-il, même si c'était du pur anglais et que j'articulais avec soin. J'aurais pu tout aussi bien leur aboyer après. Avec le temps on devient tous des chiens. »

Parce que le roman n'est pas une apologie du meurtre. C'est une fable de la nature. Les actes de Julius sont en fait à l'image de cet extrait. Il y a ce que l'on va se contenter de voir et ce que l'on va chercher à comprendre. C'est un peu le noeud du problème : la compréhension de l'autre. Parce que tenter de comprendre l'autre, c'est tenter de mieux se comprendre soi même. C'est aussi notre quotidien de lecteur, non ?

Lien : http://www.4decouv.com/2009/..
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Quel plaisir j'ai eu a découvrir ce livre magnifique, magnifiquement bien écrit, par une journée brumeuse lové dans un plaid douillet j'ai été projeté dans le froid de la neige, le blanc des forets et la chaleur du chalet de Julius.
Quinquagénaire perdu au fin fond des forets du Maine avec pour seule compagnie des murs entiers de livres, héritage de son père.
Il vit tranquille, au calme en profitant de chaque plaisir que la nature lui octroie.
Un jour une femme surgit de la foret, perdue sollicitant l'aide de Julius pour retrouver son chemin, va s'ensuivre entre eux une relation très douce.
Ils décideront ensemble d'adopter un chien afin de rompre la monotonie des longues journées de Julius et de le protéger d'un éventuel danger.
Mais un jour elle le quitte et le voilà de nouveau seul avec ses souvenirs et son chien Hobbes a qui il va démontrer un amour inconditionnel.
Puis vient le drame, un jour Hobbes ne rentre pas et Julius va le retrouver blessé par balles au milieu de la foret.
Malgré les tentatives du vétérinaire, Hobbes succombera a ses blessures.
A partir de la, Julius n'aura cesse de retrouver le tireur et une soif de vengeance va l'animer, lui l'être si calme et si doux.
La suite est à découvrir dans ce merveilleux roman puissant, cruel et si beau a la fois.
Un hommage a la nature, la foret , la folie des hommes, les livres et la poésie.
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Julius WinsomeGerard Donovan
Éditions du seuil – points

Ça aurait pu commencer comme ça :
« Lorsqu'un chien lève la tête et aboie tout en vous regardant un peu de biais, cela signifie qu'il est d'humeur joueuse et sait que vous le taquinez. […]Avec le temps on devient tous des chiens. »
Parfois, t'as quelqu'un qui te conseille un bouquin. Et parfois, ce quelqu'un il veut être sûr que tu vas le lire, alors il le met dans une enveloppe et il te l'envoie.
Merci Florent.
Une claque. Une pour de vrai. Depuis quelque temps, des livres sympas, mais pas de baffes.
Là, t'en prend une.
Le nature-writer.
Dans le dico, t'as pas de définition, t'as le titre de ce bouquin de Gerard Donovan.
L'histoire de Julius, c'est peut-être celle d'une vengeance. Celle d'une amitié aussi. Cette amitié qui peut parfois unir des êtres d'origine différente.
Julius, il lit.
Tous les jours.
Il a plus de 3 000 bouquins sur ses rayonnages. 3 282, pour être précis, que son père lui a légués, avec son chalet. C'est pas mal. T'en as des chauds, ceux qui sont près du poêle l'hiver, et t'en as des froids, ceux qui sont loin du poêle.
C'est logique.
Au début, tu penses que t'es tombé dans un livre gentillet. Que ça va vite se lire parce qu'il faut que tu le finisses, que t'aimes pas trop laisser tomber un livre commencé.
Tu te goures. C'est juste les dix premières lignes.
Un chef-d'oeuvre.
Les descriptions de la nature m'ont fait penser à quelques-unes de celles que tu peux trouver chez territori. Sauf que là, t'es pas chez Cyril. T'es au seuil de la forêt du Maine. Pas le Maine de King. Celui que tu connais pas.
Celui des arbres et de la neige.
Donc, il y a Julius.
Et y a Hobbes.
Pas le philosophe.
Le chien de Julius.
« C'est le premier nom sur lequel on est tombés quand on a choisi un livre au hasard sur l'étagère. C'est donc à une sorte de tirage au sort que Hobbes a du son nom. Ç'aurait pu être tout aussi bien Charles que Hugo, Stevenson que Léviathan, heureusement qu'on n'est pas tombé sur le dernier, à cause des syllabes. »
Un point de détail. Sauf que Hobbes est le philosophe qui a dit que l'homme est un loup pour l'homme…
Mais je te raconte pas, tu liras.
Et puis y a le Lee-Enfield.
C'est un flingue.
Un flingue de sniper anglais que son grand-père a rapporté de la guerre.
Cadeau d'un soldat.
Chouette cadeau.
Son père a dit à Julius qu'« un fusil pouvait tirer sur une boîte de conserve ou sur un président et n'était ni meilleur ni pire que le tireur. »
Quand Julius bascule, t'es sûr qu'il veut se venger d'un type. Un type qui a fait quelque chose qu'il faut pas faire.
D'un type, ou de la vie, peut-être.
De la mort, c'est sûr.
Pourtant c'est pas ça.
Julius, il devient un tueur, et tu comprends ce qui se passe dans la tête de ces types qui vrillent, un matin, parfois sans raison.
Parfois sans haine.
Juste comme ça.
Et c'est pour ça que tu l'aimes Julius.
C'est pour ça que tu marches dans la neige avec lui.
Pour ça aussi que t'espère qu'il va en dégommer d'autres.
Des tas d'autres.
Et puis sur la neige, le sang c'est beau.
Et puis la neige, elle enrobe tout.
Elle cache tout.
Suffit de mettre une couverture blanche sur tes épaules, et tu deviens invisible. Quand t'es invisible, tu peux tout faire.
Et puis vriller, à 51 ans.
Comme ça.
« Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu'à un certain moment j'ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans ».
Tu sais que j'aime pas raconter, pas spoiler.
Je t'ai pas parlé des fleurs. Celles qu'il regarde pousser, puis mourir.
Celles qu'il remercie d'être là, de parfumer sa vie.
D'y mettre de la beauté.
« Ceux qui vivent très vieux et ceux qui meurent très jeunes perdent la même chose. Ils n'abandonnent que le présent, puisque c'est tout ce qu'il possède. » Marc Aurèle.
Faut vraiment que t'aille le chercher.
C'est du bonheur pendant quelques heures.
Toujours pas le prix d'un paquet de clopes.
Une dernière chose.
Le lis pas trop vite, tu vas regretter.
Prends ton temps.
Savoure.
Lien : http://www.leslivresdelie.com
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beau roman, bien écrit, qui tient plus du drame que du thriller ou du polar.
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