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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magnifique fresque sociale de différents personnages pétersbourgeois reliés dans une histoire triste mais très subtile.
Au fond c'est dans ce genre d'histoires que j'aime Dostoïevski. Il a un talent indéniable pour décrire les sentiments humains au plus profond des coeurs. Sans compter son art du récit qu'il mène de bout en bout sans aucune incohérence accompagné d'une merveilleuse fluidité. Mais Humiliés et Offensés apporte autre chose avec l'utilisation de la première personne et la description de plusieurs moments relatant de l'expérience personnelle de l'auteur. Ainsi je me suis senti au coeur du tourment de Dostoïevski, au moment où il peinait à gagner de l'argent, où il se pressait d'écrire, où il était apeuré de ne pas laisser respirer, mûrir ses oeuvres.
Je retiendrai surtout le personnage de Nelly qui vraiment essentiel mais en même temps si original et si touchant. En effet cette fille est étrange, elle est quelquefois adorable, douce, réconfortante mais peut être en proie à des accès de moquerie, de colère et d'irritation qui affecte énormément le personnage principal, Ivan Petrovich et son entourage. C'est vraiment le personnage qui me tenait à coeur et qui me touchais le plus.
Un récit très touchant avec de très belles relation et des personnages originaux. A lire absolument !
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Première rencontre si ma mémoire ne me trompe, avec Dostoïevski et surement pas la dernière.
Dans ce roman écrit en peu de temps après son retour du bagne, et décrit comme étant en partie autobiographique, le narrateur, un écrivain, fait le lien entre divers personnages.
Tous ont des caractères extrêmes portés vers le mal ou vers le malheur.
On peut je pense lire cette fiction de plusieurs façons, simplement comme une ou plutôt deux histoires d'amour complexe et contrariée avec malédiction des filles par leur père. Ou, et le titre y invite, comme une dénonciation de l'organisation sociale de la Russie du 19ème. La vision de l'auteur est même peut être un peu manichéenne dans la mesure où les personnages odieux sont un prince et son fils, le père l'est sciemment, le fils presque innocemment. Les autres personnages principaux n'ont pas le pouvoir du prince et pas le soutien de la justice et ne peuvent s'opposer à sa volonté d'augmenter encore son pouvoir et surtout sa richesse en utilisant son entourage y compris son fils.

Challenge pavés 2014-2015
Et challenge XIXè siècle 2015

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Ce livre vient tout droit du salon du livre de Genève 2018, il a été d'ailleurs ma seule acquisition, j'ai pour une fois su être sage et modérée 😉 Alors, Dostoïevski, littérature russe, Éditions Actes Sud, je ne pouvais que céder, d'autant que c'est un titre que je ne connaissais pas encore et qu'il suffit que le résumé évoque la « noirceur des personnages » et qualifie le roman de « destructeur » pour que je cède à la tentation. Considéré comme le premier roman d'importance de l'auteur, publié en 1861, je l'ai lu d'une traite: il contient déjà les germes de Crime et Châtiment, qui sera publié cinq ans plus tard.


Certainement moins exigeant dans sa lecture que Crime et châtiment, Humiliés et offensés reste remarquable par bien des aspects. Ce que je préfère, chez l'auteur reste la noirceur de certains de ses personnages, la gentillesse qui touche à la candeur naïve de quelques autres, de notre narrateur Ivan en l'occurrence, des destins tragiques de gens simples et honnêtes qui se font littéralement dévorés par ceux dont le caractère plus affirmé et tyrannique l'impose sur ce qui l'entoure. Cruauté, naïveté, lâcheté, amertume, vénalité, égoïsme, fierté (mal placée), désespoir… On retrouve là de manière encore peut-être assez basique les grands thèmes de prédilection de l'auteur russe à travers son panel de personnages: les rôles des uns, des autres sont distribués, chacun occupe une fonction bien précise. Ivan le narrateur occupe, quant à lui, une place incongrue, que l'on discerne difficilement: au-delà du rôle d'amoureux transi, du fils adoptif, le rôle de médiateur qui est le sien est peut-être celui le plus malséant. Éternel idéaliste, il porte l'image de l'écrivain maudit qui aspire à écrire l'oeuvre d'une vie, l'oeuvre qui peut changer son temps. Figure de l'écrivain qui a bien du mal à vivre de ses écrits, il est bien peu considéré par les uns et les autres, et d'ailleurs ses écrits ne lui servent à un point donné qu'à faire rentrer un peu d'argent comme si sa flamme littéraire était peu à peu en train de s'éteindre. Je dirais presque que c'est la figure du candide et de la générosité par excès, son entourage n'hésitant pas à faire appel à lui sans vraiment s'en soucier, au fond: déchiré entre Natacha qui n'hésite pas à lui confier ses doutes, ses chagrins d'amour, ses parents adoptifs qui passent leur temps à quémander la moindre information relative à leur fille avec laquelle ils sont pourtant fâchés, même Aliocha le fiancé de Natacha compte sur sa patience et son altruisme. Vania n'a pas vraiment d'existence par lui-même, si ce n'est ses écrits, manipulé et écartelé par les individus qui se servent de lui, sans même sans rendre compte. J'ai été assez partagée par ce personnage, à la fois un peu irritée par ce trop-plein d'abnégation, faite d'un amour sans faille pour Natacha et d'une tendresse incontestable pour ses parents adoptifs, qui le définit, mais aussi touchée par sa nature pure et honnête, sans doute trop, qui lui dévoie un dévouement sans limite et une générosité et fidélité qui le verra s'intéresser à la jeune orpheline Elena. J'aime cette figure de l'écrivain désabusé, qui s'accroche tant bien que mal à sa littérature, dont il finit par se moquer mais qui représente malgré tout le fil conducteur de sa vie, la dernière chose qu'il lui reste quand il est au plus mal, la finalité ultime d'écrire son « grand roman ».

Son pendant nuisible et pernicieux, un Raskolnikov avant l'heure, le prince Piotr Alexandrovitch Valkovski, la quarantaine bien entamée, est à mes yeux le personnage peut-être plus surprenant, détonnant du roman. le type même de caractère que l'on retrouve ponctuellement chez Dostoïevski, l'incarnation de la perversion, du vice absolus. Comme souvent, c'est un homme au passé plutôt trouble, qui aurait plusieurs méfaits à son actif, abandon d'une femme, d'un enfant, débauche. Celui qui n'a d'autres but que la propre satisfaction de ses désirs, peu importe le moyen utilisé, la tromperie, l'abus de confiance, peu importe les personnes qu'il abuse. Les meilleurs passages du roman restent pour moi les passages où ce personnage entre en scène et déploie toute la duplicité de sa personnalité. Les relations qu'il entretient avec son fils sont aliénantes et ambiguës, tout autant que l'est le personnage, et c'est cette ambiguïté, ces faux-semblants qu'il entretient savamment qui donne de la saveur à cette histoire a priori simple de brouille familiale, de trio amoureux. Alexeï, le fils, est aussi faible que le caractère de son père est marqué et joue un peu le rôle, dans son ingénuité toute aveugle, de la victime consentante de ce dernier. C'est une faiblesse qui se retrouve également dans ses rapports avec Natacha qui le domine, dans un premier temps. C'est ces rapports de force, leur exploration, leur dissection minutieuse, qui incarnent les personnages dostoïevskiens, des faibles aux forts, rapports qui peuvent aussi se renverser. La jouissance du pouvoir de la duperie et de la duplicité de l'homme fort se fait à plusieurs niveaux: son fils qu'il manipule à sa guise, Natacha, qu'il est clair qu'il prend plaisir à détruire même si ce n'est pas son but premier, Ivan, et tous les autres personnes de son passé qu'il a laissé sur le carreau. Mais cette jouissance qui naît de ces rapports pervertis ne se retrouvent pas exclusivement chez le prince, chacun des protagonistes semble se complaire dans des situations plus ou moins pernicieuses: le déséquilibre de la relation Aliocha/Natacha, le premier dans l'adultère, la seconde dans une sorte d'absolutisme inquiétant qui touche au renoncement de soi. Conduite de vie qui se trouve un peu dans la lignée de celle de notre Vania.

Finalement nous nous retrouvons face à deux sortes de caractères, comme souvent chez Dostoïevski, les premiers qui engloutissent leur entourage pour leur bien propre, Aliocha n'étant finalement qu'une réplique un peu plus fade et moins malveillante que son père, les seconds, qui subissent la volonté des premiers jusque dans anéantissement de leur personne. L'auteur russe nous met en face de la vérité sans fard de la vilenie et l'abjection d'un Valkovski, de la crasse et de la turpitude d'une mégère issue d'une des couches sociales les plus basses prête à tout pour profiter de la moindre miette de force de ses congénères, de la rancune et de la fierté inébranlables de pères qui rejettent leur fille jusqu'à ce qu'il soit bien trop tard pour renouer. Les mots de Dostoïevski me tordent bien souvent les boyaux, il n'y a aucune rédemption possible dans ses situations, les rancunes et les égos prennent bien souvent le pas sur toute forme d'apaisement ou de réconciliation. Certains arrivent à s'en sortir, je pense à Natacha et, mais ce n'est pas sans que d'autres y laissent leur âme ou leur santé. Un Valkovski chez Dostoïevski s'en sortira donc naturellement, les autres personnages continueront à jouer la pièce de leur vie miséreuse et cruelle qu'ils se sont forgés dans les tréfonds de la misère de l'âme et de la pauvreté.

Ce n'est pas sans mal à l'âme que l'on ressort des récits dostoïevskiens, c'est l'un des auteurs qui me touche le plus profondément, mais j'y reviens, toujours, pénétrer les récits de son âme russe tourmentée. Peu d'auteurs ont un effet si puissant, peu d'entre eux plongent aussi directement dans la noirceur de cette vie, de ce peuple riche mais usé, éprouvé, et de l'esprit humain. J'ai longtemps hésité entre plusieurs extraits, tant d'autres me semblaient tout aussi parlants mais j'ai choisi celui qui, me semble, résumait le sens de l'écriture de l'auteur, de ses récits. Sublime!
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Pour le bicentenaire de la naissance de DOSTOÏEVSKI, rien de tel que son premier roman majeur, ici traduit par l'incontournable André MARKOWICZ. Roman déjà lu deux fois, mais c'est une première dans cette traduction, et donc forcément une sorte de redécouverte. Je ne pourrai de toute façon plus lire l'oeuvre fictionnelle de DOSTOÏEVSKI que traduite par MARKOWICZ.

DOSTOÏEVSKI a écrit « Humiliés et offensés » quelques années après son retour du bagne (condamnation qui se termina en 1854 par la libération du romancier), une expérience dont il fut à jamais marqué. Ce premier roman d'envergure paru en 1861 reprend lointainement la trame de la longue nouvelle « Les nuits blanches » de 1848, une histoire d'amour(s) impossible(s) où un homme aime une femme… qui en aime un autre. Sauf qu'ici les protagonistes se multiplient et que l'on est amené à faire connaissance avec un nombre important de personnages dans un dédale rappelant des poupées russes (tiens donc ?!).

Ces figures sont bien sûr toutes des représentations de la Russie du XIXe siècle. Au tout début du livre, le héros en retrait, l'écrivain et narrateur Ivan Petrovitch, orphelin jadis recueilli par un propriétaire terrien, va bientôt mourir, ce sera la dernière occasion pour lui de fouiller dans ses mémoires, raconter sa vie sentimentale, qui paradoxalement commence par une mort, celle d'un vieillard, un certain Smith, grand-père d'une petite Elena (appelée ensuite Nelly à la demande de la fillette), orpheline que finira par héberger Ivan Petrovitch pour le meilleur et pour le pire. Cet Ivan Petrovitch qui sera lui-même un confident (trop) privilégié de Natacha, portrait féminin humilié. Et offensé.

« Humiliés et offensés » est une grande et longue fresque familiale, mais à la sauce russe, c'est-à-dire piquante, ample et extrêmement sombre voire dérangeante. Une histoire de classes sociales, avec des familles de différentes castes. le roman des mépris préconçus, celui de l'arrivisme à tout crin. Et au milieu ces jeunes qui s'aiment mais ne peuvent ni s'afficher ni se concrétiser. Au fil des pages, le roman se durcit. Démarré en vrai roman sentimental, il devient plus âpre, plus froid, plus fort, plus vertigineux après son premier tiers.

C'est aussi un roman du coeur pur avec cet Ivan Petrovitch et ce qui deviendra chez lui une sorte de fascination pour la jeune Nelly, lui qui a tant souffert du manque d'intérêts que les femmes lui ont porté. Mais c'est aussi le roman de la spéculation, du mariage d'intérêt, du chantage, de la ruine par la haine, nous sommes chez DOSTOÏEVSKI après tout. Les personnages sont bâtis tout de souffrance et de sueur. Diablement russes, ils encombrent le paysage de leur présence lourde, épaisse, terriblement suffocante, résolument dostoïevskienne. Et fascinante.

« Humiliés et offensés » est un roman que l'on pourrait qualifier de bavard, hautement théâtral, fait de longs dialogues qui sont l'une des empreintes identitaires que DOSTOÏEVSKI développera par la suite. Il laisse déjà entrevoir les futures immenses fresques : « Crime et châtiment », « L'idiot », « Les démons » ou autres « Les frères Karamazov ». « Humiliés et offensés » est injustement sous-estimé dans l'oeuvre de DOSTOÏEVSKI, alors qu'il en est le vrai point de départ de l'après-bagne, le fondement, le premier pas déjà affirmé d'une oeuvre en devenir, même si bien sûr il est impossible de faire l'impasse sur des ouvrages moins longs, moins denses, écrits avant.

Roman qui sait stagner malgré la puissance de caractère de ses protagonistes, « Humiliés et offensés » peut être vu comme l'oeuvre du non-événement paradoxal, tellement le drame psychologique pointe son nez sans que l'action ne se forme réellement, en même temps que les acteurs complexes de l'ouvrage jouent plusieurs rôles, sournois et pourtant dans des dialogues directs voire violents, une autre des caractéristiques de DOSTOÏEVSKI. Certaines figures sembleront s'échapper par la suite de ce roman pour entrer par effraction dans d'autres oeuvres du même auteur, des années plus tard, d'où l'importance de celle-ci pour la suite.

« Humiliés et offensés » est tout cela, mais peut-être plus encore un roman à forte résonance autobiographique, DOSTOÏEVSKI s'y est dévoilé par le biais de plusieurs de ses personnages, c'est ce qui en fait un ouvrage à la fois universel et intimiste, singulier dans l'oeuvre du russe tellement il faut lire entre les lignes pour apercevoir l'auteur derrière les personnages (les alibis) qu'il a fabriqués. Et puisque nous sommes au siècle des écrivains russes de la grande fresque du XIXe siècle, « Humiliés et offensés » prend sa place dans cette démesure du détail, y compris psychologique. Il est une sorte de point de départ de la grande littérature russe (même si les plus passionnés objecteront par des références par ailleurs pertinentes tirés de POUCHKINE ou GOGOL). Il sera suivi de très près par d'autres créations littéraires faites de la même recette. Je pense bien sûr à TOLSTOÏ son concurrent direct, mais pas que. DOSTOÏEVSKI semble ici avoir mis un point d'orgue à soigner particulièrement la chute de son histoire, il y est parvenu à merveille.

« Oui, nous sommes humiliés, oui, nous sommes offensés, mais nous sommes ensemble, à nouveau, et tant pis s'ils triomphent maintenant, ces orgueilleux et ces hautains qui nous ont humiliés et qui nous ont offensés ! Qu'ils nous jettent la pierre, eux ! ».

D'autres présentations suivront sur ce blog pour le bicentenaire de la naissance de DOSTOÏEVSKI...

https://deslivresrances.blogspot.fr/

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Le premier des grands romans de Dostoïevski. Tout y est : le nombre de pages, d'abord, car l'auteur, s'il vous décrit la conversation d'une soirée, travaille en temps réel ! La ville : Saint-Pétersbourg, ses rues, son climat humide, ses appartements misérables à côté de ses palais. Les personnages : le juste humilié, la petite orpheline exploitée, les jeunes filles au grand coeur, le galant lâche, le noble cynique et dévoyé, le bon médecin. Les sentiments, forcément, car chez Dostoïevski, on ne vit que pour les sentiments sans cesse à fleur de peau : on s'exalte, on rit, on pleure, on pâlit, on s'évanouit, on tombe malade, on meurt de chagrin. Avec tout ça qui pourrait servir à fabriquer un roman à l'eau de rose, Dostoïevski parvient à créer un roman captivant, dont l'action ne cesse de rebondir et qui a l'élégance de nous laisser sur notre fin. Non, le bien ne triomphe pas. le mal commis est irréparable. Et, à la dernière phrase, la jeune fille qui a repoussé le narrateur se demande si toutes les passions déchaînées qui traversent le roman n'étaient pas finalement totalement vaines.
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Ce premier grand roman de Dostoïevski est criant de vérité et bien qu'écrit au XIXème est d'une actualité frappante. Une peinture de moeurs qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre De Balzac.
Le monde qui y est décrit est-il vraiment si différent que le monde actuel ? Pour certains, l'intérêt personnel ne passe-t-il pas avant tout quitte à écraser, humilier et vilpender les autres?
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L'histoire d'un amour contrarié entre un jeune homme timide et une jeune fille tombée sous le charme d'un individu faible, influençable, changeant, bref peu fiable. Si le thème de ce roman peut paraître classique, le traitement du sujet, la profondeur des sentiments qui y sont décrits et leur force, la sensation de gâchis qui se saisit du lecteur sont extraordinaires.
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