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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Une biographie d'un personnage pour le moins étonnant, globalement inconnu du grand public (donc de moi), au nom imprononçable du premier coup, et qui a consacré une partie de sa vie à un sujet qui ne passionne pas les foules : les mathématiques.
Voilà une véritable gageure pour l'auteur, Philippe Douroux, journaliste qui a enquêté plusieurs années et épluché des milliers de documents laissés par Grothendieck.

Voici un homme, né à Berlin en 1928 dans une famille de révolutionnaires, famille qui sera impliquée dans de nombreux combats en Europe, qui se réfugiera à Paris, tout en le laissant jusqu'à 11 ans aux bons soins d'un couple Allemand. Rejoignant sa mère (Son père à été déporté) il se retrouve dans le camp de Rieucros en Lozère où il commencera à découvrir les mathématiques.
A partir de là, il noircira des milliers de pages et deviendra un génie révolutionnant le monde des maths, de la science avant de devenir un des premiers écologistes modernes.
Il s'isole en Ariège, devenant un véritable ermite, ne voyant personne, parlant aux arbres et continuant à noircir du papier.

Quelle vie ! Et dire que je n'en n'avais jamais entendu parler. Je ne suis pas un fan des maths, mais tout à coup cette lecture m'a donné un regard un peu différent sur ces génies et leur façon de comprendre notre monde.
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Grothendieck : il est aussi difficile d'écrire correctement son nom que de résoudre une équation à 5 inconnues, n'est ce pas? Un nom qui est d'ailleurs carrément oublié du grand public, et pourtant ce mathématicien génial, écologiste radical au début des années 1970, ermite retiré du monde dans un paisible village d'Ariège pendant vingt-trois ans, jusqu'à sa mort le 13 novembre 2014, était vraiment une personnalité hors du commun que le journaliste à Libération Philippe Douroux se propose dans un essai paru chez Allary éditions, de réhabiliter à travers une longue et très détaillée enquête qui l'a vu passer 4 années sur les traces de cet homme aussi à l'aise avec les chiffres que mal à l'aise avec les humains…

Encore plus qu'Alan Turing, Grothendieck est la preuve qu'un génie des maths n'est pas un génie de la sociabilité : toute sa vie personnelle et professionnelle pousse le curseur de la misanthropie poussée à son paroxysme, il refuse tous les honneurs (médaille Fields, prix Crafoord…), s'oppose à toutes les institutions qui l'employèrent (dont le Collège de France) et finit par se retirer du monde, effrayé par ce que les hommes pourraient faire de ses découvertes...

Reclus pendant 23 ans dans un petit village de l'Ariège, il ferma sa porte à tous ceux qui voulurent entrer en contact avec lui : ses ex-collègues, ses ex-femmes, ses anciens étudiants, et même ses enfants...

Considéré par ses pairs comme le dernier grand génie des mathématiques on ne sait pas vraiment ce que l'on serait sans Alexandre Grothendieck vu qu'il est reconnu comme étant le père fondateur des mathématiques modernes, permettant le développement des téléphones portables et d'Internet…

On voit bien qu'entre la volonté de louer ses mérites intellectuels et dénigrer son comportement humain un peu discutable, Douroux a vite fait son choix tant il trouve tout un tas de circonstances atténuantes à cet homme qui aura connu les camps d'internement et qui aura jusqu'au bout tenu bon la carte de l'absolu et sa volonté de ne jamais sacrifier son travail tellement érudit, impossible à comprendre pour les communs des mortels que nous sommes aux honneurs et à l'hypocrisie sociétale...

Après Alan Turing. Réhabilité l'an passé à travers l'excellent film Initiation games et Kurt Gobel (dont la romancière Yannick Grannec avait vanté tous les mérites dans son superbe déesse des petites victoires), Philippe Douroux rend, mais sous l'angle du documentaire cette fois ci un bel hommage à un autre génie un peu oublié des maths, qui devrait plaire à tout le monde mais aux grands allergiques aux chiffres.la preuve, j'ai trouvé le livre vraiment passionnant… allez je n'ai plus qu'à me mettre dans l'autobiographie de Cédric Viviani et la boucle sera bouclée !! :o)
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Depuis que je les ai découvertes, j'ai toujours aimés les mathématiques. Dans mes études supérieures, j'ai découvert une sorte de fascination pour celles-ci et surtout pour les hommes qui en sont les explorateurs. Ces chercheurs, savants, génies, qui de part leurs capacités exceptionnelles, tracent les lignes, les chemins et les routes pour que l'Homme puisse avancer dans cette science que sont les Mathématiques.

Un livre tel que celui de Philippe Douroux ne pouvait donc que passer difficilement à coté de ma bibliothèque.

Avant de parler de l'oeuvre, parlons de l'objet. C'est un livre agréable à lire. Un papier épais, un fort grain, une mise en page aérée ... On prend en main le livre avec plaisir. Félicitation donc aux éditions Allary Editions.

Venons-en maintenant au contenu. L'auteur, Philippe Douroux, nous fait comprendre très vite qu'il n'a pas été possible d'échanger, d'interroger Alexandre Grothendieck. Je n'ose imaginer la frustration qu'il a du ressentir de ne pouvoir accéder à cet homme qu'il a pourtant "rencontré". Il est quelque part touchant de voir à quel point Philippe Douroux cherche à faire connaître cet homme méconnu pour ne pas dire inconnu.
C'est certainement pour cela que l'auteur arrive à nous transmettre la nécessité qu'il a ressenti de faire connaitre au communs des mortels qui était ce génie de notre temps, cet incompris, ce loufoque mathématicien.

Mais qui est Alexandre Grothendieck ? On dit de lui qu'il est considéré par ses pairs comme le dernier grand génie des mathématiques. Se recherches auraient permis le développement d'internet ...
On découvre dans cet ouvrage l'histoire d'un prodige en avance sur son temps ce qui le met à l'écart de ses semblables tout en le rendant légendaire pour les générations à venir. Alexandre et un mathématicien qui très tôt développe une méfiance envers le corps professoral. Il fait les frais d'un professeur peu compétent qui, parce qu'Alexandre résout un problème avec une démonstration autre que celle du livre (mais tout aussi juste), lui donne la note de zéro. Alexandre est un enfant qui a été séparé de ses parents tôt. C'est un mathématicien doué qui prend une route peux commune pour quelqu'un de son niveau, restant dans des universités ou écoles bien en deçà de ses capacités. Un mathématicien qui aura également la chance de trouver deux mentors, Laurent Schwartz (médaille Fields 1950) et Jean Dieudonné, qui sauront le mettre dans des conditions optimales pour qu'ils développent son talent.
On apprend de lui qu'en à peine deux semaines, Alexandre a su résoudre 7 problèmes laissés de coté par Laurent et Jean par manque de temps. Ces résolutions, aussi rapides qu'impressionnantes, faisaient, entre autre, appel à des notions nouvelles ... Laurent Schwartz dira entre autre au sujet du mémoire d'Alexandre Grothendieck : "Un chef-d'oeuvre de première grandeur, il fallait la lire, l'apprendre, la comprendre, car tout était difficile et profond. J'ai mis six mois à temps plein. Quel travail, mais quelle joie ! Les énoncés des théorèmes étaient kilométriques, car rien n'était épargné au lecteur. J'y appris quantité de choses nouvelles".

Alexandre sera à l'origine de millier de pages écrites, remplie de nouveautés, de notions nouvelles, de nouvelles façon de penser. A l'opposé des solitaire, Alexandre, dans son travail, a besoin d'un groupe autour de lui. En témoigne sa méthode de travail avec ses étudiants : Alexandre travail la nuit et rédige quantité de page noircies de mathématiques. le matin, il communiques ses écrits à ses élèves et passe une heure à les leur expliquer dans les grandes lignes. le but ? Que les étudiants rédiges et démontres les raccourcis effectués par le génie durant la nuit. Ils devaient faire le voile sur ce qui était évident pour le professeur, les "ça devrait passer" et autres intuitions sur lesquelles le génie n'avait pas le temps de s'attarder. A 14H, un élève rapportait le travail complémentaire qu'il revoyait ligne après ligne avec le professeur. Puis, lorsque l'élève repartait, le mathématicien noircissait de nouveau des pages à la nuit tombées. Et ainsi de suite. Cette collaboration prolifique donnera naissance à plus de 7 500 pages co-signées ...

Alexandre est un bourreau de travail. Tous ceux qui l'ont côtoyé en témoigne : il est d'une puissance de calcul inégalable. Jamais rassasié, il fera durant toute sa vie 14 à 15 heures de mathématique par jours.

Mais ce bourreau a ses démons. Peu conforme il se détache peu à peu du monde réel, des gens. Il refusera différents prix, deviendra écologiste radical, et finira par s'isoler, s'exiler dans un petit village de campagne. Voir un génie se renfermer, renoncer à l'essence même de son art, pour vivre reclus .. on se dit que ce n'est rien d'autre que du gâchis. Et pourtant, à bien y repenser, c'est un sentiment bien égoïste de notre part. Cet homme n'avait-il pas déjà donné assez aux autres par ses recherches durant toute sa vie ? N'a-t-il pas mérité sa "retraite" ?

Même isolé, il a cependant continué à travailler et à sa mort ce sont encore des milliers de pages qu'il laisse derrière lui et qu'il Nous faudra comprendre et absorber. On dit de ses derniers travaux récupérés à son décès qu'il faudra 50 années pour les comprendre et les assimiler ..

Tel était Alexandre Grothendieck, un homme unique, un mathématicien de génie.

J'ajouterai quelque mot sur le style de l'auteur que j'ai trouvé agréable. Je retiendrai entre autre l'habile jeu de mélange dans le récit entre figure mathématique et figure de style : "Avec des droites parallèles, on construit des voies ferrées mais pour voyager dans la Voie lactée, il faut d'autres outils". Je retiendrai aussi une forme de "tendresse" pour cet homme hors du commun. Une tendresse touchante qui donne envie d'en savoir plus. Enfin, j'ai apprécié l'effort fait pour rendre abordable les grandes notions des travaux d'Alexandre Grothendieck. Notion qui pourtant ne doivent être comprises que par une poignées d'Hommes sur la planète ...

Je terminerai en remerciant Babelio et les éditions Allary Editions pour m'avoir permis de passer un très agréablement moment de lecture avec ce livre de Philippe Douroux.


NB : Je n'arrive pas à lui donner une note .. Mais elle est pourtant bien de 3/5
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Bien qu'ayant étudié les Mathématiques (ou devrais-je dire La Mathématique), je ne connaissais pas Alexandre Grothendieck. La lecture de l'ouvrage qui lui est ici dédié a pour principal intérêt de connaitre les sujets phares des années 50-60 et les quarante années qui suivent pour les digérer.
Les cents premières pages sont ennuyeuses et parsemées de redites. Puis l'auteur s'attaque enfin au scientifique et non plus à l'homme (le stéréotype parfait d'ailleurs). Les noms de ses collègues nous ramènent aux théorèmes contemporains et j'ai apprécié de passer un moment en leur compagnie. Nous entrons dans les grands établissements scientifiques réputés (principalement en France) et profitons d'un éclairage particulier sur leur fonctionnement. Pour conclure, je retiendrai la dimension humaniste et plus particulièrement écologique qui prouve une fois de plus (si cela s'avérait nécessaire) que la Mathématique est universelle et en mutation constante.
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Aïe aïe aïe, deux jours de retard pour la publication de ma critique !

Je viens d'aller vérifier, persuadé que ce bouquin reçu à l'occasion d'une Masse Critique s'était autodétruit puisque je n'avais pas respecté mon engagement… mais non, il est toujours là où je l'ai laissé une fois la dernière page tournée il y a quelques jours.

On y découvre la vie de Grothendieck, de sa naissance à sa mort. Je n'essaie pas d'en faire un résumé, d'autres s'en sont déjà chargés.

J'espérais en apprendre un peu plus sur les recherches mathématiques effectuées par Grothendieck, mais l'auteur a fait le choix de ne pas tenter d'expliquer ce que peu de lecteurs seraient capables de comprendre.
Il effleure tout de même le sujet en faisant des parallèles entre les avancées mathématiques et des situations que chacun peut appréhender, mais si on a ouvert ce livre en lui supposant un attrait sur le plan purement mathématique, on reste sur sa faim.
J'ai d'ailleurs trouvé quelque peu énervant qu'on puisse trouver des imprécisions mathématiques (pour ne pas dire des erreurs) dans un livre sur le dernier génie des maths : pour parler d'un nombre n à la puissance deux, il est écrit simplement : n2.
Et dans l'énoncé du petit théorème de Fermat, a^p - a devient ap – a. La faute ne revient probablement pas à l'auteur. Mais c'est tout de même dommage, alors qu'il me semble que tous les claviers possèdent en haut à gauche la touche ², et que les exposants ne sont pas très compliqués à écrire même avec un traitement de texte des plus classiques.

Ceci étant dit, et même si je n'y ai pas trouvé ce que j'y cherchais initialement, ce livre m'a intéressé et m'a appris beaucoup de choses, non seulement sur Grothendieck, mais aussi sur les grands noms de la recherche mathématique du vingtième siècle.

Je remercie donc Babelio et Allary Editions de m'avoir permis de le lire gracieusement, et aussi de m'avoir à cette occasion donné envie de me remettre aux Maths !

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Une biographie assez complète. L'auteur, journaliste à Libération, s'est attaché tout d'abord à décrire le contexte historique et familial dans lequel Alexandre Grothendieck a grandi. Ces digressions historiques et politiques servent surtout à illustrer ce qui va suivre : la solitude d'Alexandre, une forme de marginalité, la vie d'ermite et des actes manqués avec la France. Ce qui est sûr c'est que P.Douroux est passionné par la trajectoire de cet homme, et il réussit à nous faire entrer dans son univers de génie et de mystère.
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