Il est évident que si on ne me l'avait prêté, je n'aurais jamais fait la connaissance de Nikonor, le personnage central du 1er roman de Catherine Dousteyssier-Khose, "
La logique de l'amanite".
J'aime beaucoup les champignons, plus pour leurs qualités gustatives, d'ailleurs, que pour leur charme esthétique, mais l'amanite, non, j'aurais passé mon chemin. Quelle erreur c'eût été !
Ce roman, déroutant parfois je l'avoue, est une pure merveille et même les pages, nombreuses, dédiées à la mycologie, ne m'ont pas rebutée. J'ai suivi avec passion les "aventures" de ce Nikonor, vieux notable acariâtre, docte, savant et passionné de champignons, aventures retracées par ses soins dans un cahier Clairefontaine et que je vous laisse découvrir.
Outre l'humour "so british", présent tout au long du récit, les sarcasmes jamais bien loin, je me suis régalée d'une langue magnifique, émaillée d'expressions anglaises, de quelques barbarismes délicieux, d'anecdotes érudites. Comme dans un inventaire à la
Prévert, on peut au passage se (re)plonger dans la lecture de
Baudelaire (certes "incompatibilité" n'est pas son poème le plus connu, ni le meilleur, mais tout de même…), ou encore dans le fameux questionnaire de
Proust revisité pour l'occasion, apprendre que les sardines rendent intelligent – c'est toujours bon à savoir – ou découvrir que Pline l'Ancien avait écrit sur les bolets, j'en passe et des meilleures…
Par ailleurs, l'utilisation régulière de l'imparfait du subjonctif agrémente le roman d'une musique désuète, d'un charme véritablement jubilatoire, et procure un plaisir de lecture rare.
Comme disent les Québécois, je suis complètement "tombée en amour" de ce premier roman et attends déjà avec impatience le second ouvrage de Catherine Dousteyssier-Khose.