Vous aurez de mes nouvelles est aussi un ancien Dubois (1991) et pour la première fois je n'ai pas accroché avec le livre même si le style d'écriture reste très bon : c'est une compilation de 28 nouvelles, certaines d'à peine une page, sans fil conducteur ni d'intérêt particulier. Aussitôt lues, aussitôt oubliées. Aussi, j'ai reconnu à peine « la patte » de l'écrivain, son humour fin et si corrosif. Dans l'ensemble, ces nouvelles sont très sombres, voire un peu désespérées comme s'il en avait écrit certaines sous le poids de la déprime, elles n'apportent rien de positif. C'est la chose humaine dans sa noirceur la plus noire (pardonnez le truisme).
S'il en fallait citer une ou deux, je dirais que celle qui porte le titre de
« Prends soin de toi » m'a exaspéré : quel besoin avait ce type en vadrouille et paumé de prendre en charge un taré tel que cet Adams; c'est invraisemblable, comme s'il avait perdu toute jugeote. Et pour les avis plutôt positifs, je citerais l'histoire avec le psychiatre (« La douceur des intestins« ), un psy plus fêlé, et de loin, que le patient lui même, voilà une histoire noire dans la veine un peu désopilante du génial Dubois. Une autre pas mal est celle de l'ouvrier qui veut négocier certains points avec l'employeur depuis une poutre suspendue dans le vide (« Dialogue au sommet« ), assez cruelle et bien envoyée. Certaines nouvelles sont assez crues, voire vulgaires.
On retrouve la marotte des noms de famille se terminant par « er », et il y a quelques Paul et un peu d'Anne dans ces histoires, ainsi que l'implication de l'Amérique du Nord. La femme n'est pas trop bien traitée en général, Dubois la fait apparaitre de façon peu reluisante comme s'il voulait régler le compte au genre féminin : ici la femme est l'icône d'un certain désespoir masculin et je vais vous citer quelques lignes sur l'amour, piochées dans la nouvelle intitulée « Mon histoire » : …comme l'alitement, il m'est toujours apparu que l'amour était un état de faiblesse, d'amoindrissement. Il gomme la lucidité et la clairvoyance. L'amour est un état de catalepsie où l'on perd le sens commun, où l'on abdique toute raison, toute dignité. Il faudrait un jour avoir le courage d'admettre que ce sentiment est un misérable dérivatif, un prurit glandulaire, un malentendu facteur d'erreur et de honte. Dans l'échelle des valeurs humaines, je place l'amour à un degré bien inférieur à la soif, la faim, le sommeil, la miction ou la défécation. Je disais donc que l'amour est un état subalterne. Seule la rencontre en elle-même conserve à mes yeux un intérêt réel. Chaque partenaire d'un couple devrait établir, dans un cadre spatio-temporel, un tracé de sa vie entière jusqu'à l'instant où il entre en contact avec l'autre. On verrait alors apparaitre dans ce graphique la dérive hasardeuse de deux existences qui, au fil des ans, s'éloignent et se rapprochent avant de se joindre. L'image de ces parcours erratiques, de ces cheminements improbables, symboliserait de façon tangible le cours aléatoire et l'implacable fluidité des destins.
Sur ces mots pleins d'amertume je clos le débat.
Lien :
https://pasiondelalectura.wo..