Souvenez-vous, pour ceux qui la connaissent, de cette planche illustrée, que le maître, durant les leçons d'Histoire, glissait dans un cadre en bois et posait sur le bord du tableau.
Elle représentait un homme, à l'air halluciné, qui, comme un dément, jetait ses meubles, brisés à la hache, dans un four.
Au lever de rideau de ce drame en trois actes, l'image semble s'animer.
Elle ravive nos souvenirs de gosse.
Bernard Palissy est le génial et désespéré inventeur de l'émail blanc.
Le propos de cette courte pièce est de démontrer qu'il est bien plus qu'un émailleur, peintre et artisan verrier.
Le premier acte nous transporte à Saintes en 1560.
La scène représente l'atelier d'un potier de terre. Ça et là, des outils, des vases de différentes formes et de toutes dimensions, des chaises, des meubles brisés jonchent le sol. Un four à deux gueules, au fond, est allumé.
Bernard Palissy fait face à ses créanciers, laisse partir ses derniers sous avec les ouvriers qui le quittent et assure sa femme, qui lui renouvelle sa confiance, d'un succès prochain.
Lorsque le rideau se lève sur le deuxième acte, 15 ans ont passé. Nous sommes à Paris. Bernard Palissy est intendant des tuileries. Huguenot, il bénéficie de la protection de la reine.
Pourtant le troisième acte s'ouvre sur un cachot de la Bastille, Bernard Palissy y est prisonnier depuis sept ans. Ses fils ont été égorgés dans un guet-apens.
Sa femme est morte de chagrin. Il ne sait rien de sa fille, Denise, aujourd'hui devenue une pauvre orpheline.
Oublié de tous, il est seul, la tête pleine de bruit et de douleur.....
Écrite en 1893 par
Alexandre Ducourneau, orateur et écrivain, cette pièce a été publiée par une imprimerie d'Agen. Elle n'a à ma connaissance jamais été jouée dans un théâtre national.
Elle est pourtant un magnifique morceau de Théâtre.
Sa lecture est plaisante. Elle nous présente l'homme que fut vraiment Bernard Palissy et la tragédie qui broya son existence.
Et sans avoir beaucoup vieilli, lui rend un bel et véritable hommage.