J'ai "rencontré" l'auteur réellement avec "mon père, ma mère et mes tremblements de terre", puis "
jolis, jolis monstres". C'est donc une rencontre à rebours qui se poursuit avec
Julien Dufresne Lamy dont j'apprécie particulièrement le style d'écriture, totalement en dehors du cadre, qu'on peut trouver parfois brouillon, mais toujours étincelant.
Ce 1er roman est parfait : court, incisif, l'auteur y incarne une jeune femme de 30 ans qui finit sa thèse en mathématiques. Elle a été fracassée par sa mère, qu'elle a fini par quitter à 18 ans pour vivre sa vie en solitaire. Notre héroïne semble entamer un chemin à l'envers avec un psychiatre. Elle y raconte l'alcoolisme de sa mère, et sa pathologie psy pas soignée, son père, qui a pris la fuite pour vivre avec une autre femme, laissant ses enfants aux mains de son épouse, Germain, le frère de notre héroïne sans nom (mais qui s'appelle Alice dans sa tête).
C'est un texte court bouleversant sur le combat d'une enfant, puis d'une adolescente et d'une jeune femme pour survivre à la maladie mentale d'un parent. Elle y conte aussi l'histoire de ses parents avant la maladie et le bonheur qui existait alors. Il n'est pas toujours facile de suivre le fil du texte, car tout est embrouillé dans la tête de l'héroïne sauf les mathématiques et la lecture qui la sauve (et j'y suis particulièrement sensible car c'est aussi mon cas). Chaque chapitre est entrecoupé de courts moments où de pans de romans et de personnages de romans se mêlent. Je suis ressortie de ce texte la tête à l'envers en me disant que l'ombre de
Lewis Caroll alias Charles Lutwidge Dodgson, mathématicien et écrivain planait sur ce roman là.