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« Pourquoi écrit-on ? Quel besoin accomplissons-nous lorsque à tous crins nous choisissons de superposer une histoire sur la nôtre, de draper une vie sous nos yeux ? » Cette question, l'auteur se la pose en permanence tout au long de ce récit, qui explore le parcours de Camille. Fille d'un tristement célèbre bandit, Dodo la saumure, qui fut l'un des « fournisseurs » de prostituées pour le non moins tristement célèbre DSK. Raconter Camille, c'est aussi raconter l'histoire de ses parents, de son enfance entre honte et fascination pour ce père très peu présent. Mais l'auteur a un double discours, biographique, et autobiographique. On assiste pratiquement à la création du roman, et cette création fait partie intégrante de la narration. Il revient sur ses motivations, sur ses scrupules, sur ses doutes sur la légitimité de se saisir de ce récit d'une intimité qui ne lui appartient pas, sur ses craintes d'éventuelles plaintes pour diffamation. « Ces « je crois » comptent. Ces « sans doute », ces selon moi, ces peut-être. Parce que mon doute est partout. » « A quel moment du livre Camille est-elle devenue mon personnage, mon Anna K. ? Est-ce dans l'histoire, ou dans l'effort artisanal que je produis jour après jour pour que mon amie s'efface, pour que le personnage se saisisse de ses droits ? » On assiste ainsi à une mise en abyme, alors que réalité et littérature se confondent de part de d'autre d'une frontière mouvante et brumeuse. Le récit est porté par une touchante sincérité, et une écriture sans effet de manches, et le lecteur flirte entre la restitution de la vérité et le processus qui y conduit. Très agréable lecture. Je remercie Netgalley et les éditions Plon. Lien : https://kittylamouette.blogs.. + Lire la suite |