Heureux comme Dieu en France/
Marc Dugain
Durant le Seconde Guerre Mondiale, Pierre, un jeune homme tout à fait ordinaire, étudiant dans une école de commerce, pour faire plaisir à son père, communiste, glorieux survivant de 1914, se laisse embrigader d'abord dans le parti communiste puis dans l'armée de l'ombre, la Résistance. D'origine modeste de la région parisienne, c'est un garçon sans grandes convictions mais attaché aux valeurs familiales. Il est un hédoniste bon teint, toujours à la recherche de ce qui lui fait plaisir avant tout. Et faire plaisir à son père par tous les moyens en fait partie.
Cet anti - héros courageux va connaître les aventures les plus classiques avec la chance du débutant dans un parcours assez inattendu : « Mon père avait donc décidé de me faire mourir, disparaître de l'état civil. J'avais un mois pour contracter la maladie, agoniser et passer. Avec la complicité d'un médecin. » Pour finir la veille de ses vingt ans par s'évanouir dans un réseau. Nous sommes alors en 1940. Et l'action commence qui durera jusqu'à la fin de la guerre.
Il va croiser le chemin de Mila, sa supérieure dans le réseau dont le souvenir va le poursuivre très longtemps après même que les canons se seront tus. de multiples rencontres jalonnent ce récit passionnant qui va s'échelonner jusque dans les années 60, qui sans être de la haute littérature retient l'attention du lecteur.
Marc Dugain, dans un style fluide, rythmé, plein de sensibilité, sobre et haletant, allié à un humour décapant nous fait aimer Pierre, cet homme de l'ombre, affreusement efficace dans son anonymat. Avec des passages qui résonnent vrais : « La liesse m'accablait. Parce que les foules sont toujours promptes à fêter ce qui les arrange. Et à donner de l'enthousiasme au dernier qui a parlé. À célébrer l'effort qu'elles n'ont pas fait. À lyncher le perdant qu'elles adulaient encore hier…Ma méfiance pour ceux qui pensent pour les autres n'avait fait que croitre…Les masses sont corruptibles. Plus que les individus pris séparément. »
Il est dommage qu'à l'emplacement 924 du format Kindle, une faute ou de français ou de frappe s'immisce dans ce trépidant récit. Usage du verbe « dénoter » qui signifie « traduire » au lieu de « détonner », c'est à dire ne pas être en harmonie avec. Je rencontre souvent cette faute.
Humour métaphorique : « Notre couple s'est progressivement installé dans une relation qui était à l'amour ce que le train de campagne est au chemin de fer. Petite allure, pas d'a - coup, un confort champêtre. » Sourire !