Tsunami

Un livre assez bizarre. le personnage principal est un Président de la République en fonction, ce qui permet à l'auteur de présenter ses réflexions sur l'état actuel de la France et du monde, formulées vis-à-vis du désastre environnemental et sociétal à venir (le tsunami donc) et dont certaines sont pertinentes ou intéressantes. Là où ça pêche, c'est qu'à peine après avoir mis en place son environnement narratif (personnages, premières difficultés et premières réussites du Président, situation sentimentale et familiale incertaine, etc ...) l'auteur interrompt le récit. Juste au moment où la curiosité de lire la suite commençait à l'emporter sur l'ennui créé par un style d'écriture assez plat.

Journal du manager de la France

Réunions formelles (conseils de ministres, déplacements en Province) ou informelles (rencontres incognitos, conversations secrètes avec ses proches conseillers), voyages pour rencontrer des chefs d'état, ou pour des sommets internationaux, vie privée (discussions avec son épouse)… la grande comme la petite Histoire : tout le quotidien d'un président est relaté dans ce journal d'un chef d'Etat français en exercice.

Le tsunami annoncé par l'auteur est constitué d'un amoncellement de vagues plus ou moins grosses auxquelles le président fait face et qui s‘enchainent rapidement : ses histoires personnelles (consommation de cocaïne, couple chancelant) s'ajoutant aux difficultés politiques quotidiennes (mécontentement de la population, manifestations contre un projet de loi controversé, ennemis intérieurs).

Alexandre X (nous ne saurons pas son nom) retrace son arrivée surprise au pouvoir, lui qui n'y était pas destiné (cofondateur d'une start-up liant technologie du numérique et biologie). Aidé par les GAFAM, il est élu par les vieux - à qui il promet une vie plus longue et toujours plus de jouissance - et par les jeunes - auxquels il propose un revenu universel financé par l'exploitation de leurs données personnelles par les géants du numérique.

Doté d'une vague conscience écologique, il croit pouvoir agir considérablement en faveur du climat en bouleversant le mode de consommation des Français avec la création d'un pass carbone, sorte de taxe verte liberticide. Cette loi sans réelle ambition et très intrusive suscitera des oppositions : « 𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑣𝑖𝑠𝑒𝑟 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑡𝑢𝑒𝑢𝑥. 𝐸𝑡 𝑜𝑛 𝑎𝑝𝑝𝑒𝑙𝑙𝑒𝑟𝑎 𝑐̧𝑎 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑣𝑖𝑑𝑢𝑎𝑙𝑖𝑠𝑒́. 𝐸́𝑣𝑖𝑑𝑒𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡, 𝑟𝑒𝑠𝑝𝑜𝑛𝑠𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑠𝑒𝑟 𝑏𝑟𝑢𝑡𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑖𝑡𝑜𝑦𝑒𝑛𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑒𝑛 𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑒𝑟𝑑𝑢 𝑙'ℎ𝑎𝑏𝑖𝑡𝑢𝑑𝑒, 𝑗'𝑖𝑚𝑎𝑔𝑖𝑛𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑗𝑒𝑡 𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑝𝑎𝑠 𝑠𝑎𝑛𝑠 ℎ𝑒𝑢𝑟𝑡𝑠, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑝𝑖𝑠 ! »

Du cynisme, beaucoup de naïveté et peu d'idéologie, le narrateur se situe dans le prolongement des présidents qui se succèdent depuis quelques mandatures. Très peu de convictions (à part cette croyance obligatoire en l'Union Européenne), davantage gestionnaire que chef, sans réelle vision, il incarne cette nouvelle France sortie de l'Histoire, manager de la 𝑠𝑡𝑎𝑟𝑡-𝑢𝑝 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛, et ne voit pas plus loin que sa mandature.

Entouré d'énarques et de conseillers tous issus du même moule, il est hors-sol, déconnecté du peuple, et par moment animé d'un certain mépris. Sa soumission aux géants américains du numériques, qui lui ont permis de se faire élire, est totale mais il ne fait que lutter contre l'influence Russe productrice de 𝑓𝑎𝑘𝑒 𝑛𝑒𝑤𝑠 qui manipulerait la méchante extrême-droite et le peuple Français… la poutre et la paille.

La forme de ce roman-journal ne permet pas d'approfondir certains sujets (l'omniprésence de l'économie numérique et des GAFAM au détriment du secteur industriel, le développement de l'Intelligence Artificielle, la monétisation des données numériques, le bilan carbone individuel) que le président ne fait que survoler, toujours en gestion de l'urgence.

𝑻𝒔𝒖𝒏𝒂𝒎𝒊, journal d'un président comme les autres, est paru aux Éditions Albin Michel en avril 2023.
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Marc Dugain est fasciné par le pouvoir. Il nous l'a montré maintes fois avec des récits tels que « La Malédiction d'Edgar » ou encore la trilogie « L'Emprise ».
Cette fois-ci, il a choisi de pousser le curseur un peu plus loin en se glissant dans la tête d'un président de la République française fraîchement élu qui se confie en tenant une « sorte de journal » dans lequel la vérité éclate sur une charge dont le fonctionnement est plus sibyllin que transparent.
C'est cette opacité, source de théories du complot, qui captive autant.
L'édile a un projet révolutionnaire que ne renierait pas un régime totalitaire. Pour lutter contre l'urgence absolue du dérèglement climatique, il propose de fliquer chaque Français afin d'établir un bilan carbone individuel qui donnerait lieu à un malus fiscal en cas de mauvais comportement.
Seules les industries du numérique vont échapper au comptage alors qu'elles sont de grosses consommatrices d'énergie pour refroidir leurs parcs de serveurs et de datacenters. Il est vrai qu'elles sont indispensables au dispositif de surveillance et, surtout, qu'elles ont contribué à l'élection du chef de l'État.
Elles seront même les grandes bénéficiaires du système. Dissuadés de voyager, les Français consommeront en effet davantage de nouvelles technologies et, à l'aide du métavers, pourront vivre une autres vie que la leur. Ils contribueront aussi à la préservation de la planète en arrêtant de l'abîmer.
Le président a un autre dessein destiné à donner un coup de jeune aux institutions vieillissantes : créer, en lieu et place « de la Chambre des bourgeois balzaciens » à savoir le Sénat, une Chambre virtuelle « permettant à tous de voter sur les sujets d'importance ». Une espèce de « référendum virtuel permanent » !
On le voit, toutes les problématiques contemporaines passionnent Marc Dugain. Réseaux sociaux, rajeunissement grâce aux manipulations génétiques, GPA, montée des populismes, désaffection pour les élections, faiblesse de l'Europe, rachat des médias par des financiers sans scrupule, ingérence dans les affaires intérieures des géants du net pilotés par des pays ennemis... n'en jetez plus ! Cette accumulation a un côté fourre-tout.
La lecture est néanmoins plutôt agréable et les confessions du premier personnage de l'État, homme à la fois haï mais dont attend tout, nous rendent celui-ci plutôt sympathique. Malgré ses mensonges et son cynisme.

EXTRAITS
La création d'un monde virtuel est une bonne alternative pour ne pas saccager le monde réel qui nous porte, le temps que l'intelligence artificielle nous transporte vers d'autres galaxies.
La civilisation n'est qu'un modèle pour des gens rassasiés.
Lien : http://papivore.net/litterat..

Le style et la connaissance des rouages du pouvoir, marques de fabrique de Dugain, sont bien au rendez-vous, mais hélas Tsunami est un livre paresseux et inabouti. L'auteur empile une série d'idées politiques( la monetisation des données transformee en revenu universel, le bilan carbone individuel obligatoire et public, l'alliance avec les gafa pour faire plier les industries traditionnelles, le bras de fer souterrain avec Poutine, le diagnostic psychiatrique sir l'etat de la France..) qui résonnent avec l'air du temps, sans pousser ni la réflexion, ni leurs implications romanesques, ni leurs interactions entre elles... plus qu'à un roman, cela ressemble à une esquisse ou à un long pitch pour une future série. Pourquoi publier aussi vite ? Élève Dugain, peut vraiment mieux faire.

Dans son roman « Tsunami », Marc Dugain nous fait vivre le quotidien d'un futur Président de la République. Il nous entraîne dans les coulisses de la politique avec ses interrogations, ses affirmations, ses doutes et ses convictions. Dans la tête d'un Chef d'Etat responsable, quel qu'il soit, les décisions sont parfois difficiles à prendre, représentent souvent des engagements à long terme et des conséquences à mesurer le plus précisément possible.
La face politique à découvert sans aucune faiblesse cache un visage humain avec ses hésitations, ses incertitudes, ses craintes, ses atermoiements.
Dans ce monde politique impitoyable, les acteurs très divers se côtoient, se jaugent, fixent des alliances ou au contraire entravent leurs relations. Dans cet univers chacun cherche à acquérir plus de pouvoir pour mieux faire accepter ses idées et les orientations prises.
Roman documenté qui rend compte d'une partie d'une gouvernance démocratique. Pas facile !

Mon premier Marc Dugain. Il continue avec ses vieux démons, c'est-à-dire ce qui se passera dans un futur proche. On a un livre qui semble proche de transparence.
Plus que l'histoire en elle-même, on est ravi d'avoir une vision de la jeunesse d'aujourd'hui qui ne vote plus, des possibles concernant la guerre russo-ukrainienne, ou encore, des avancées technologiques. On y parle également des maîtres de l'univers, le fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
Personnellement, vu que c'était mon premier de cet auteur, je me suis régalé avec son style d'écriture et les réflexions dans lesquels je me suis tout de suite retrouvé. Il arrive à mettre des mots sur ce que l'on ressent actuellement dans cette ambiance de morosité permanente. Je me serais écouté, j'aurais rempli la page Babélio de citations, mais, le mieux, c'est de le lire.

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Tsunami est une plongée dans la tête d'un président de la République qui ressemble beaucoup à Macron sans être tout à fait lui. Devenu riche suite à un partenariat avec des gafam américains pour promouvoir un procédé scientifique de rajeunissement cellulaire révolutionnaire, le narrateur entreprenant devient populaire et accède à la fonction suprême. Il veut alors faire voter un grand projet de loi à visée environnementale qui taxerait les citoyens non éco-responsables, un projet évidemment impopulaire mais sa vision de la politique consiste à “réformer le plus loin possible dans l'intérêt général, sans s'interdire de faire descendre les gens dans la rue tout en sachant comment les ramener chez eux. Les Français sont bouillonnants mais ils refroidissent plus vite qu'on ne le pense (p.15).” Pour se galvaniser durant les meetings, le futur président s'est mis sur l'incitation de sa plus plus proche conseillère à la coke et il continue d'en prendre car il doit “confesser qu'une certaine image du peuple [lui] fout les jetons (p.30). Il a néanmoins une vision claire et lucide du pays : “retirer la réforme serait évidemment la solution la plus simple mais de toute façon il restera toutes les autres colères.(…) Une convergence des violences sur fond de guerre sociale est en marche (p.158)”. Il faut rappeler que Marc Dugain a rendu son manuscrit plusieurs mois avant la réforme des retraites. Son roman politique est éminemment prophétique. La conception du président de la démocratie est terrible mais clairvoyante : La démocratie est une croyance aussi forte qu'une religion. Elle est aussi l'illusion de croire que l'électeur a autant de pouvoir entre les mains que les actionnaires de multinationales et leurs laquais (p.211). On le voit aussi aux prises avec un Poutine qui veut en faire sa marionnette, une épouse qui le quitte, un enfant né d'une mère porteuse, des ministres incompétents et un secrétaire de l'Elysée toujours suivi de son petit chien…
Tsunami, grand roman politique, prémonitoire et drôle, à lire de toute urgence !
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Côté cour : un célèbre perron, des postures officielles et des éléments de langage plein bois ; côté jardin : l'herbe presqu'à son gré , les murmures urbains et la vérité presqu'en chemin. Au Palais, la scène se déploie largement côté coulisse : là, dans la tête d'un président assailli par doutes, questions et ambiguités dans une atmosphère de tensions permanentes. Les voies sont étroites, encombrées et touchent à des zones sensibles, qu'elles soient publiques ou privées. Marc Dugain décline toutes les nuances d'une palette politique empâtée ou trop liquéfiée, répandue sur la toile quotidienne que compose ou subit le Président. L'homme est souvent habillé d'une fonction gaufrée de compromis voire de compromissions mais, malgré les coups de vent, les tempêtes et même les tsunamis qui déferlent, il tente de tenir la barre et nous convie comme témoins de ses pérégrinations intérieures parasitées par une intense agitation extérieure.
Exposé à des assauts en tout genre qui demandent réparations, protections , solutions empreintes de pragmatisme voire d'un certain cynisme, il imagine restaurer une démocratie en perte de sens, ranimer la flamme citoyenne et responsable, préserver la planète via le numérique mieux apprivoisé. Bref… tous les sujets, même les plus épineux, n'épargnent pas l'homme secoué par sa fonction.
Rien de vraiment nouveau sous le soleil du pouvoir et de son exercice dans ce récit-miroir, à peine anticipé, mais tout ou presque est dit et décrit avec humour, férocité et lucidité par l'intéressé lui-même . Cela prend des allures de confessions consenties à des é-lecteurs en mal de boussole politique ou autres.
Finalement, il reste beaucoup à entreprendre!

Le calme olympien du président de la République et de son équipe… Stoïcisme, endurance, imperturbabilité, acharnement sont les maîtres-mots. Cette sérénité incroyable qui caractérise les personnages, cette paix contenue et apparente qui transpire du livre…, et l'antagonisme par le bouillonnement et le tumulte sourds, latents du peuple qui s'exprime de plus en plus librement et violemment ! Un mal sourd arrive peu à peu à maturité et poursuit son chemin crescendo jusqu'à atteindre le « tsunami » dans les situations ultimes et extrêmes, à la dernière page du livre (avec malgré tout un petit clin d'oeil d'humour, ...mais noir).
Le Mal est en marche et effectivement, peu d'actions à retenir pour « Tsunami » de Marc DUGAIN, mais quelle maîtrise dans cette passivité toute apparente et relative où « succession d'entretiens, de conciliabules et d'échanges d'informations ne nous fait pas avancer mais permet à chacun de se rassurer par sa participation à l'impuissance collective (p. 250) » ! Une catastrophe se profile certainement, l'épée de Damoclès est bien menaçante en l'omniprésence des blocs Russie et Chine, mais nous sommes les témoins dépassés par notre désinvolture et nous dirigeons vers notre perte. Nous connaissons les États qui ne feront de nous qu'une bouchée ! Pessimisme mais possibilités qui n'engagent pas uniquement l'auteur.
Il est extraordinaire de se situer « dans la tête d'un président qui gouverne une France de plus en plus agitée », conscient du sort de la misérable démocratie. On perçoit bien son délitement.

Ce livre absolument actuel - on ne peut pas exprimer davantage ! - nous permet de mieux comprendre notre actualité et par une sorte de pouvoir divinatoire d'en deviner, dans des temps proches, les prémices, les esquisses et les contours. Certains aspects de politique économique, « le totalitarisme numérique pour la gloire de la cause environnementale », les manipulations et les compromissions, les comptes off-shore… restent hermétiques pour moi, mais le livre lu, j'ai apprécié malgré tout le fait ''d'y voir plus clair'' et en tout cas de ‘'ne plus voir les choses comme avant''. le livre se lit facilement, l'écriture est fluide, le style est vif, l'auteur est passionné par l'actualité. Marc DUGAIN est chroniqueur. L'oeuvre a donc atteint son but et le livre mérite de s'y attarder encore par une nouvelle prochaine lecture... mais il faudra laisser courir un peu de temps pour aussi se rendre compte de la véracité et de la justesse des prédictions. Marc DUGAIN : un nouveau NOSTRADAMUS ? Un compte à rebours a commencé, nous reste-t-il du temps ?

Un Président parachuté. Les arcanes de la présidence. Les chausse-trappes, la politique étrangère, les gafam, la vie privée du président, les conseillers en politique en communication. Un livre qui se déguste comme un bon hors d'oeuvre qui devient un plat de résistance et pour la touche finale, une petite douceur. Marc Dugain nous emmène dans le bureau ovale français et on se régale à l'accompagner.