«
le Collier de la Reine » (1849) est le second volume des « Mémoires d'un médecin », juste après «
Joseph Balsamo » (1846) et avant «
Ange Pitou » (1850) et «
La Comtesse de Charny » (1852). Si le thème général du cycle reste toujours centré sur la décadence de la monarchie et la progression inexorable vers la Révolution, l'action se fixe essentiellement sur l'affaire qui donne son titre au roman : l'affaire du collier de la Reine.
Rappelons en quelques mots les faits historiques : entre 1784 et 1786, une intrigante Mme de la Motte, s'insinue dans l'entourage de la reine
Marie-Antoinette et la compromet gravement dans une affaire d'escroquerie :
1 – le roi présente à la reine un magnifique collier d'une valeur de plus d'un million et demi de livres, soit à peu près 18 millions de nos euros. La reine le refuse et l'invite plutôt à investir cet argent dans un vaisseau pour aider les insurgés américains.
2 – le cardinal de Rohan, manipulé par la comtesse de la Motte, et souhaitant se rapprocher de la Reine, achète le collier et le remet à la comtesse.
3 – L'aventurière s'adjuge l'aide de Cagliostro (
Joseph Balsamo) et celle d'une prostituée (Nicole-Oliva dans le roman) qui se trouve être un sosie exact de la Reine. Vue à plusieurs reprises en des lieux indus, et en présence de personnes peu recommandables, celle-ci compromet gravement la souveraine, déjà lourdement ciblée par des libelles et des pamphlets orduriers.
4 – le cardinal s'inquiète, ne voyant pas la reine porter le collier, et retarde le paiement des traites, les joailliers de leurs côtés ne voyant rien venir s'adressent directement à
Marie-Antoinette qui tombe des nues et le scandale éclate.
5 – La comtesse de la Motte est condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer rouge sur les deux épaules du « V » de « voleuse ». le cardinal de Rohan qui n'est pas coupable de vol mais seulement d'avoir été imprudent et victime de machination, est acquitté. La principale victime est la Reine qui se voit montrée du doigt, bien qu'innocente. A travers elle, c'est toute la monarchie qui est discréditée.
Sur cette trame historique Dumas et Maquet brodent un roman complexe où les manipulations se multiplient, où les complots pullulent, où les intérêts politiques et amoureux se heurtent les uns aux autres. Car n'oublions pas qu'Andrée de Taverney est amoureuse d'Olivier de Charny, lui-même amoureux de la Reine. le Cardinal qui cherche à se faire bien voir de la Reine, en est haï. Cagliostro (
Joseph Balsamo), tisse sa toile dans l'ombre et manipule tout le monde.
L'un des moments les plus forts du roman se situe dans le prologue dans une scène particulièrement édifiante (et apparemment véridique) où Cagliostro dévoile leur avenir à plusieurs personnages historiques :
La Pérouse, la comtesse du Barry, Condorcet ou Gustave III de Suède (le comte de Haga), ainsi que l'exécution de Louis XVI.
Moins connue que la trilogie des « Mousquetaires » ou celle des « Valois », la tétralogie des « Mémoires d'un médecin » tient son lot de surprises, de suspense, d'action et d'intrigues. Même si les personnages sont un peu moins attachants, moins empathiques, ils restent quand même hautement addictifs, on se demande à chaque page, comment ça va finir ! C'est tout Dumas, ça !