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Annie Duperey se révèle un auteur intimiste.
Cet ouvrage tout en pudeur et loin du larmoyant, ne peut qu'émouvoir.
A découvrir.
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Voilà un livre que j'avais eu envie de lire lors de sa parution et que finalement j'ai mis trente ans à ouvrir. C'est sans doute une bonne chose car si le texte n'a pas pris une ride, celles que j'ai sur le visage m'ont certainement permis de mieux l'apprécier.
Avec pudeur mais sincérité, Anny Duperey y raconte le drame qui a scellé son enfance, occultant les souvenirs antérieurs à ses huit ans : la découverte des corps de ses parents, asphyxiés dans la salle de bain. Elle y recherche dans les photographies prises par son père, découvertes et développées tardivement, les bribes de sa mémoire disparue, cette page blanche qui lui a permis de se reconstruire avec une force et une vitalité presque effrayante, petite balle rebondissante au coeur de glace, qui a fini par se fendiller pour laisser sourdre un magma de souffrance incandescente. Introspection douloureuse qui éclaire le comportement parfois perturbant des enfants frappés par le deuil, ce livre est aussi un hommage à un monde disparu, un monde de femmes qui ont veillé sur elle et l'ont portée, auquel elle se rattache encore par une recette de gâteau ; hommage aussi bien sûr à son père, dont les photographies magnifiques dégagent une sérénité intemporelle au delà des mots.
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Le hasard de ma boîte à livre citoyenne m'a fait découvrir ce singulier ouvrage. Somme toute assez classique : duo textes / photos. le contexte l'est un peu moins, à travers les photographies de son père la comédienne raconte en bribes sa vie, son parcours d'orpheline, ses émotions, son rapport à la mort. La qualité des textes est évidente. Les photos sont très belles certaines sont vraiment très fortes. le propos nostalgique et tragique est touchant, sincère. J'adhère un peu moins au culte du silence face au drame (qui s'entretient lui-même) ou à la litanie sur l'égocentrisme nécessaire dans le métier d'actrice. N'empêche que l'on lit, on suit, on veut découvrir, savoir, connaître, comprendre. Certaines images sont plus fortes que les textes. Dans ce cas l'autrice a eu l'humilité d'écrire court. D'autre fois, c'est l'autobiographie qui prend le relais et c'est bien normal. Finalement, j'ai passé un agréable moment, découvrent Rouen au sortir de la guerre, la fragilité de la vie, la puissance de la mémoire enfantine et du désir de vivre toujours et encore.
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Le voile noir, c'est celui qu'a jeté Anny Duperey, enfant, sur ses souvenirs, suite au décès accidentel de ses parents en 1955 (intoxication au monoxyde de carbone dans la salle de bains). Elle n'a que 8 ans et sera séparée de sa soeur, élevées, l'une par les grands-parents paternels, l'autre par les grands-parents maternels. A cette époque on ne parlait pas aux enfants de ce dont on ne savait pas comment parler, on ne les envoyait pas chez un psychologue non plus.
Des années plus tard, elle décide d'affronter les souvenirs, à travers les photos laissés par son père, photographe. Ces photos en noir et blanc illustrent justement ce livre, et, comme elle, nous découvrons que son père avait un vrai talent.
Elle écrit ce livre pour exorciser ce traumatisme, la douleur qu'elle ose enfin affronter. C'est très introspectif, ce qu'elle livre de sa vie est très intime, et peut surprendre d'une femme si lumineuse, solaire, gaie à l'écran. L'écriture est belle, très agréable à lire, sans pathos, jamais larmoyant, et d'une justesse incroyable. Quel travail remarquable sur elle-même ! Et quel beau résultat !
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Je mettrais mille étoiles à ce livre si je le pouvais, tant il est magnifiquement écrit, bouleversant et rare. On parle peu de son propre orphelinat, en littérature y compris. On trouve beaucoup de récits autobiographiques d'abus sexuels, de maltraitances ou de parents ayant vécu la perte d'un enfant, mais peu de la perte de ses parents.

J'ai lu ce livre pour la première fois il y a treize ans, il m'avait été prêté par ma soeur. Avant de le lui rendre, j'ai acheté mon propre exemplaire car il m'était impossible de m'en séparer. Je l'ai relu, puis encore lu ces derniers jours. le voile noir est une béquille à chaque adulte ayant vécu le drame d'avoir grandi avec des parents morts. Les deux ou même un seul, parce que parfois, quand on en perd un on perd aussi un peu l'autre.

Les mots d'Anny Duperey sont si justes, si traducteurs des ravages que peut causer un tel choc. Grandir avec une mémoire en forme de passoire, ce phénomène cérébral salvateur lié à l'instinct de survie appelé amnésie traumatique qu'elle compare à un film auquel il manquerait des séquences. Regarder des photos de ses parents et y voir des étrangers. le jugement des autres, la culpabilité, la peur de l'abandon, le mutisme de l'entourage et le sien, la difficulté à évoquer ses parents sans avoir envie de pleurer même trente ans après. Ne pas savoir, quand la mémoire revient par bribes, si elle dit la vérité ou si elle se trompe. Ne pas savoir quelle adulte elle aurait été sans « ça ». Ne pas savoir.

Si vous ne lisez pas ce livre pour vous-même, il est utile aussi à comprendre le processus de deuil chez l'enfant, si différent de celui de l'adulte.

Le passage de la recette du gâteau de sa grand-mère et le chapitre « Attends, je finis mon rang… » sont prodigieux. Mais quel talent !
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Je ne me prononcerai pas sur le fond, chacun son ressenti. L'actrice est sympathique, peut-être dans cet écrit tourne-t-elle un peu en rond, mais cela exprime sans doute ce qu'elle ressent.
La forme, ici l'objet livre, m'intéresse bcp plus : ce points-poche à 7 euros est en effet publié sur papier glacé. Ce choix s'imposait au vu des nombreuses photos, mais il prouve qu'il est donc possible, à ce prix poche, d'avoir du papier glacé, tellement agréable. D'où une question, pourquoi tous les livres de poche (au moins chez Points) ne sont-ils pas imprimés sur papier glacé ? Je suis sûr qu'en plus, avec le temps, le papier blanc ne jaunira pas, contrairement au papier traditionnel des autres "poches". 20 sur 20 pour ce papier habituellement réservé aux larges livres avec photos à 20 euros.

Impression Gibert-Clarey, achevé en Creuse (wouah, c'est donc français en plus !!) en 1991. Réalisation : PAO éditions du seuil. Dépôt légal 1995.
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Au-delà de l'émotion de se retrouver si brutalement confronté avec l'intimité d'une autre personne - et quelle intimité - il y un travail, quelque chose qui a été vécu, payé... Puis transmuté en un objet littéraire quasi métaphysique (beaucoup aussi dans la suite : "je vous écris" ) où la condition humaine se retrouve exposée sans détour. Cet état de singe trop malin, - mais si conscient de sa condition de "passager" que l'émotion le submerge lorsqu'il est mis en présence de ce qui est immuable... comme disait Germaine de Staël.

Avec son témoignage Anny Duperey parvient à lier l'éphémère existence incarnée avec l'Eternel. Ce qui ne pourra plus être changé. Elle donne à voir, nous confronte, avec quelque chose qui bouleverse.

Un écrit, (énormément renforcé par les photos noir-blanc de son père) profondément humain, jusqu'au métaphysique... Sans crainte de me répéter.

D'autres extraits ci-dessous
Lien : https://filsdelapensee.ch/
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Un livre très intimiste, écrit avec beaucoup de pudeur et qui ne vire pas au mélodrame.
Anny dupeyrey a fait une auto-psychanalyse extraordinaire de ce drame qu'elle a occulté pendant 35 ans.
Bouleversant, poignant.
Les photos si personnelles donnent au récit un éclairage particulier, noir et blanc, la couleur des souvenirs d'enfance des plus de 40 ans comme elle le dit si bien.
Sa vision de la femme qui tricote dans le chapitre "attends, je finis mon rang" est d'une lucidité tout aussi dérangeante que salutaire. (Je ne tricote pas mais ce qu'elle décrit dans ce chapitre sur le tricot m'a touché parce que moi je ressens ça avec la lecture, donc ce chapitre m'a beaucoup parlé ;) )
Elle est allée bien loin dans l'introspection pour nous livrer de telles déductions, et avec quelle pudeur !!!!



Anny Duperey m'a dédicacé son roman à la fête du livre de Saint-Etienne en 2008.
J'aime beaucoup cette grande Dame et tout ce qu'elle dégage, j'ai été impressionné de la voir, là, assise derrière son stand de livre, tout simplement.
Je lui ai simplement dit que j'avais grandi avec une famille formidable. :)


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De façon générale je suis peu friand des biographies ou autobiographies d'acteurs. Ce ne sont souvent que des soufflés cuisinés pour faire gonfler des égos déjà surdimensionnés. Et j'avoue que je goûte peu aux acteurs et actrices qui, après avoir été sacrés "rois et reines" par des réalisateurs, crachent dans la soupe qui leur fût souvent servie avec générosité.
J'en étais à ce stade de mes aprioris quand ma chère épouse insista pour que je lise "Le Voile noir", récit autobiographique écrit par la comédienne Anny Duperay. On avait prêté ce livre à ma moitié d'orange qui le dévora et m'assura que "ce n'est pas la même chose que le baratin habituel des comédiennes qui veulent juste se faire mousser".
Je rentrai dans le livre à reculons, en me disant qu'Anny Duperey est une comédienne estimable, pas connue au rayon "scandales inutiles" et que je ne risquais rien à part perdre quelques minutes à survoler ce livre.
En fait j'ai fait plus que survoler ce "récit familial", histoire réelle, grave, sincère, poignante, et qui n'a rien d'une de ces foires aux vanités auxquelles le show biz nous a tant habitués.
Lucien Legras, père d'Anny Duperey (née Legras) était un photographe professionnel sensible, humaniste, à la Doisneau. N'étant pas spécialiste de la photographie c'est la référence qui m'est venue à l'esprit en voyant les photos, en noir et blanc, qui accompagnent, soulignent, magnifient le texte- confession d'Anny Duperey. le père et la mère de l'actrice moururent de façon dramatique quand celle-ci n'avait que huit ans. Circonstance encore plus traumatisante c'est elle qui découvrit les corps sans vie de ses parents.
Avec pudeur, douleur, incompréhension, mais aussi courage et ténacité Anny Duperey raconte, d''abord pour elle-même pour conjurer et surmonter, cette enfance "coupée en deux" par la mort brutale de ses parents.
Un très beau témoignage, poignant, douloureux aussi, mais aussi poétique, d'une poésie grave et éphémère, comme les instants de bonheur perdus.
Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
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Une perle d'intimisme et de clairvoyance qui tranche violemment avec l'image superficielle que m'a toujours renvoyée la comédienne à chacune de ses apparitions sur scène.

Avec beaucoup de pudeur et à l'aide de quelques restes de photos essaimées par son père, Anne Duperey tente de déchirer le voile opaque qui pèse sur son enfance.

Le concept de résilience, si bien expliqué par Boris Cyrulnik, est ici illustré avec une justesse et une pertinence totalement déstabilisantes.

Chapeau bas à cette femme qui a su se mettre à nu sans jamais entrer ni dans la familiarité, ni dans la mièvrerie, ni dans la psychologie de bas étage.
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