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J'étais assez fascinée par le franc parler et l'éloquence de Maître Dupont-Moretti, mais j'avais beaucoup de difficultés à comprendre comment un homme pouvait vouloir aussi fortement défendre des criminels reconnus. Et c'est là que l'on voit que cet avocat est doué, car après la lecture de son livre, je comprends parfaitement que c'est avant tout un devoir de justice. J'ai appris beaucoup avec ce livre, sur la justice, sur l'Homme, sur la misère, les émotions... Les auteurs ont su soulever de nombreuses incohérences dans notre système judiciaire français, mais ils ont également su vulgariser pour le tout venant la complexité de ce milieu. J'ai trouvé dans ce récit une volonté de défendre des droits fondamentaux, l'égalité pour tous et surtout le droit à la justice. Un livre que je recommande fortement.
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Entre autobiographie et essai, l'avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti (et Stéphane Durand-Souffland) nous relate les turpitudes d'un défenseur de toutes les causes, à travers une liste sans ordre ni chronologie, de certaines de ses affaires, qui nous éclairent sur son état d'esprit et sa vision de la Justice et du rôle de l'avocat.

"Cette interminable attente de la sentence n'est pas un temps comme les autres : c'est un moment suspendu, une parenthèse de mystère durant laquelle se joue le destin d'un être."

Au travers de son regard critique et sans concession, c'est l'organisation d'une cours d'assise qui nous sera expliquée, tout comme les dérives de cette organisation, notamment sur le choix des présidents de cours et des avocats généraux.
Celui qu'on surnommera "acquittator" nous dévoilera ainsi les dessous du corporatisme, sa vision de l'affaire Outreau, des experts psychologiques et aussi des jurés, avec un franc parlé qui a fait sa réputation de Bête Noire de la justice.

J'aime le personnage d'Eric Dupond-Moretti ; sa prestance, son assurance, sa logique et sa force de persuasion.
C'est un homme de tempérament qui est passionné par son métier, dont il ressent la difficulté comme la nécessité et l'importance.

"Les vrais avocats pénalistes ne reconnaissent ni Dieu, ni maître, ils ne rendent de comptes à personne".

Dans ce cadre, il est imprégné de justice et d'égalité, entier en toute circonstance et n'a pas peur de dire ce qu'il pense.
On pourrait néanmoins lui reprocher ce complexe de persécution qui n'est rien moins que le retour de bâton de son franc parlé. Ben oui... quand tu causes comme ça, faut pas t'attendre à c'que ça plaise à tout le monde...

On ressent son amour du métier, celui d'avocat pénaliste, qui l'amène parfois à défendre l'indéfendable, et qui s'oppose à toute forme d'injustice.

Mais au-delà du personnage, ce récit manque un peu de structure. Il s'agit sans doute plus d'une série de mémos griffonnés sur un coin de nappe que d'un texte construit au fil du temps.
On y apprend néanmoins beaucoup sur les aberrations de notre système judiciaire au travers de son regard féroce mais quelque peu narcissique tout de même.

Si on aime le personnage, ce livre se lira sans difficulté et très rapidement... sur un coin de table aussi peut-être...

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Eric Dupond-Moretti est un avocat pénaliste français de plus en plus connu. Il détonne un peu dans le monde des avocats, même des pénalistes, par son franc-parler.
Chaque époque a ses pénalistes célèbres. Depuis la fin de la peine de mort en France, ils font moins l'actualité mais Me Dupond-Moretti est avec Me Metzner et quelques autres une vedette du droit pénal en France,

Avec le chroniqueur judiciaire du Figaro, Stéphane Durand-Soufflant, il nous donne aujourd'hui un livre d'entretien en 13 petits chapitres, de 249 pages. le livre est imprimé en gros caractères et on le lit très facilement, d'une traite ou deux.

Dupond-Moretti ne se prend pas au sérieux. C'est une de ses forces. le livre lui-même fait preuve d'autodérision, déjà à travers son titre, Bête noire, avec en arrière-plan sur la couverture la photo en robe noire d'un avocat décidé. Bête noire de certains magistrats, il l'est assurément. L'un d'entre eux a même voulu le faire poursuivre pour une affaire d'usage de stupéfiants qui s'est révélée totalement infondée. L'avocat a beaucoup d'acquittements à son actif, au point d'avoir récolté le surnom d'"acquittador", et donc beaucoup de mécontents dans l'appareil judiciaire. le sous-titre "Condamné à plaider" est dans le même registre d'autodérision.

Avocat depuis 30 ans, Me Dupond-Moretti est partisan non pas d'une défense de rupture à la Vergès, mais d'une défense musclée à l'intérieur du système. Il ne craint pas d'affronter les magistrats si nécessaire.

Il évoque son travail, les rapports avec les clients, bien qu'il n'aime pas ce qualificatif, prévenus ou accusés, le plus souvent, victimes parfois, ainsi que quelques tactiques et stratégies procédurales.

On y apprend beaucoup sur la façon dont se prennent les décisions, sur le rôle primordial du Président de la cour d'assises, à même d'influencer le verdict dans la quasi-totalité des cas et sur quelques grands procès, dont Outreau, un des plus grands scandales judiciaires de notre pays, dont on n'a toujours pas tiré les conséquences.

Lecture intéressante sur un univers trop méconnu .
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J'ai toujours apprécié ce personnage médiatique officiant dans nos tribunaux. Ce Dupont Moretti de part sa prestance, son assurance, ses interventions dans des procès souvent à la une des journaux, bref pour résumer son charisme peut bien être qualifié de personnage à part entière.
La lecture de ce livre ne m'a pas décu, pas tellement par l'aspect des coulisses de certaines histoires judiciaire mais surtout pour les passages où il parle des coulises de sa vie d'avocat.
Sa comparaison avec une vie d'artiste est bien vu et me semble assez juste, une vie sans temps morts, une vie faite d'attente, une vie où le résultat final de votre travail, à savoir l'acquittement ou la condamnation de ses clients,ne dépend pas de vous mais des décisions d'autrui.
Quelle vie incroyable, il offre une vision de la justice singulière basé sur l'accusé et non sur les victimes. Un discours sans concession parfois dérangeant tellement il peut sembler anti moral. Mais comme il le repète souvent je fais du droit pas de la morale.
Le seul point négatif est qu'il s'appuie sur de trop nombreux exemples pour illustrer ses propos, un tri plus important de ses anecdotes n'aurait pas nui à la force du discours.
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Chacun connaît ce redoutable avocat pénaliste, l'un de ceux qui a fait exploser l'accusation au procès d'Outreau ou dans l'affaire Viguié (ce professeur de droit toulousain accusé d'avoir fait disparaître sa femme, et définitivement acquitté aujourd'hui). Pour caractériser une reprise d'audience dans ce dernier procès, un journaliste écrivait : « Et Me Dupond-Moretti allume sa concasseuse… ». Il s'agissait bien sûr de sa machine à broyer les arguments faiblards de l'accusation.

Pour défendre ses clients, Me Dupond-Moretti se livre à une analyse critique de chaque pièce du dossier, afin d'introduire le doute ; le « joyeux » désordre régnant apparemment dans la gestion administrative de la Justice et de la Police lui permet souvent de démolir ce qui devait servir de preuve (par exemple en démontrant une confusion d'échantillons d'ADN).

Au-delà de cette intelligente méthode de défense, Me Dupond-Moretti met en cause la « violence » et l'inégalité des Assises, où tout est fait, comme au XIXème siècle, pour condamner. Il dénonce les nombreux moyens qu'a le Président pour favoriser l'accusation contre la défense, et en appelle à une procédure pénale plus égalitaire, et surtout à la rupture du lien étroit entre les Juges et les Procureurs, membres d'un même Corps où l'on peut faire carrière alternativement au Siège et au Parquet.

Il montre ainsi que l'affaire d'Outreau n'a pas été un accident, mais le fidèle reflet des dysfonctionnements qui affectent notre Justice : jamais la Chambre d'accusation, saisie par les accusés en appel du juge d'instruction et du juge de la détention, n'a remis en cause leurs raisonnements.

Que faire ? Bien sûr, il faudrait se rapprocher du modèle anglo-américain, dans lequel le Parquet est sur le même pied que la Défense, et qui laisse le Jury populaire seul dans sa délibération. Mais l'auteur est moins prolixe en propositions qu'en critiques : peut être ressent-il combien il est difficile d'aller contre le puissant corporatisme des magistrats et de leurs tout puissants syndicats.

Un petit bémol toutefois : la publication in extenso d'un échange de lettres entre l'auteur et un magistrat a sans doute soulagé (entendu au sens des Tontons Flingueurs) Me Dupond-Moretti, mais n'ajoute pas grand-chose à l'intérêt de son témoignage.
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C'était une lecture passionnante à bien des égards. Eric Dupond-Moretti nous ouvre les portes de sa profession et particulièrement celle des avocats pénalistes.



Il critique de façon assez comique parfois certains abus de la justice, notamment aux assises concernant le rôle prépondérant du Président de Cour d'assises dans le déroulement du procès, celui encore plus fort du parquet, la frontière très diffuse entre la magistrature debout et assise avec toutes les connivences qu'il nous expose, exemples concrets et vécus à l'appui et enfin le poids mineur des jurés dans la sentence finale.



J'ai trouvé ses propos virulents à outrance, mais il est passionnant, n'est pas un brillant avocat qui veut… Quand à sa profession et le fait qu'il est parfois critiqué sur le fait qu'il défend plus les accusés que les victimes, il a une phrase admirable que je trouve résumer parfaitement sa philosophie : « Je peux défendre un négationniste, mais en aucun cas le négationnisme ».



Décortiquer toute la procédure pour retrouver d'éventuels vices de fond ou de forme, dénoncer les procès instruits uniquement à charge, revendiquer l'humanité de celui qui a commis l'irréparable, tenter de convaincre de l'innocence de son client lorsque celle-ci est plausible ou simplement obtenir une peine proportionnelle et juste aux faits reprochés, voilà le quotidien d'un pénaliste qui se déchausse de son jugement moral pour défendre uniquement sur le terrain du droit un client qui demande de le défendre.





L'opinion publique a facilement plus d'attachement pour la victime c'est un fait.

Le procès est parfois l'occasion pour la victime de faire son deuil, la condamnation à la peine maximale exigée par les parties civiles peut se comprendre d'un point de vue moral mais le procès ne doit pas servir comme forme de consolation pour la victime.

Le procès doit être entendu comme le moyen pour la société dans son ensemble de condamner le cas échéant à une peine juste, toujours en ayant à l'esprit le respect scrupuleux des droits de la personne mise en cause.



Je trouve cependant qu'il nous livre à travers son livre un certain nombre de préjugés qu'il a lui-même sur le procès, ou du moins qu‘il veut nous faire acquérir. Dans l'avant-propos il nous interpelle : « Observez le président quand il pose ses questions, devinez qui l'agace le plus : l'accusé, l'avocat qui le défend ou l'avocat général qui l'accuse? Prêtez attention aux arguments de ce dernier, chargé de prouver la culpabilité de l'homme du box:  Est-il convaincant? Fait-il des efforts pour l‘être ?…».

Pour moi il part du postulat que le Président ne fait pas son travail de façon neutre, que l'avocat de la défense agace forcément, et que l'avocat général n'a pas de grands efforts à fournir pour convaincre de la culpabilité…



Personnellement je trouve un peu malsain cette façon de nous exposer son point de vue, bien des sous-entendus en découlent. de mon point de vue lever des soupçons sur toute la profession de magistrat pour orienter dès le départ la vision du lecteur me paraît regrettable, c'est précisément ce qu'il critique avec tant de véhémence quant à la manipulation des jurés qu'il reproduit ici.



Pour le reste je suis parfaitement d'accord avec lui, des abus sont commis et doivent être relevés et dénoncés comme il le fait concrètement à travers divers exemples par la suite, mais à la lecture de ce paragraphe il en fait une telle généralité, surtout dans un avant-propos, cela donne bien évidemment un certain impact…



Son égocentrisme assumé m'a fait bien rire d'autant plus qu'il évoque les effets de manche qu'il ne produit pas évidemment…parce que ça n'impressionne plus les jurés… Pourtant dans la presse régionale on évoquait récemment l'affaire Clélia, les mots durs échangés entre l'avocat général Luc Frémiot et lui en 2011 et à nouveau en 2012. Pour ma part, c'est un spectacle absolument scandaleux, d'un côté comme de l'autre. Oui pour se faire entendre il faut parfois « crier » plus fort mais on n'est pas à la foire, ce ne sont pas des poissonniers à ce que je sache et la justice doit se faire dans un climat serein! La victime et même l'accusé méritent mieux tout de même.



Et puis j'ai particulièrement apprécié cette note finale d'un article de la Voix du Nord en date du 24/05/2012 relatant les paroles de Maître Dupond-Moretti à l'égard des jurés.

[Alors, sa colère retombe. Sa voix se fait solennelle. Chaude. Grave. « Si vous avez la certitude, la main à couper et la tête sur le billot que c'est lui, alors allez-y. Mais si vous avez un doute… » Il dit encore que « ce n'est pas déshonorant de dire que vous ne savez pas », se retourne vers le gamin de vingt-quatre ans qui est maintenant ratatiné dans le box et supplie… « Ne vous trompez pas. Surtout, ne vous trompez pas… »]



C'est son métier, c'est son gagne-pain après tout, un mélange habile d'intelligence, d'insolence, et de savante manipulation des mots et des acteurs du procès malgré ce qu'il peut en dire… La ruse verbale est édifiante.



«Acquittator» c'est bien une expression stupide comme il l'évoque, il n'en demeure pas moins qu'elle a le mérite de le mettre en valeur, peu peuvent se targuer d'avoir de si bons résultats, d'être autant adulés que détestés par ses confrères, par le monde judiciaire dans son ensemble, les médias et l'opinion publique. Un tel talent méritait bien un surnom hors du commun…

 

 

 
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Peut-être un peu exagéré de parler de la "Bible pour jeune avocat", mais en tout cas, un condensé d'informations, d'anecdotes, et de points de vus personnels qui peuvent n'être qu'instructifs.
Me Dupont-Moretti a réussi, je pense, à s'adresser avec simplicité à n'importe qui, et à exposer sa réalité de la Justice, mais également à s'adresser aux "gens du métier" avec sincérité, vérité, et humilité.
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On a l'impression que ce livre est une transcription d'une longue interview de Dupond-Moretti.
Il y raconte essentiellement des événements, des anecdotes tirés de sa longue expérience. On y trouve de quoi confirmer, de son point de vue, que la justice pénale est un grand spectacle ou chaque acteur tente d'imposer son jeu et que le sort de l'accusé en dépend autant que le carrière des présidents, avocats généraux et avocats tout court.
Quelques moments émouvants au milieu de beaucoup de coups de gueule, c'est un peu brouillon et écrit dans un style parlé, mais comme ça se lit en 2h maximum, c'est distrayant comme une émission de télévision, même si on peut rester sur ça faim...
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Rapide à lire. Efficace. Ce livre nous plonge dans le monde judiciaire et policier à travers le regard d'un avocat d'expérience dont le point de vue est intéressant de connaître.
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Je me suis plongée dans cet ouvrage sceptique mais clairement "l'habit ne fait pas le moine". Dès les premières lignes, j'ai été happée par l'expérience d'Eric Dupond-Moretti.

Il m'a ouvert les yeux sur une réalité un peu trop discrète et avec Stephane Durand-Souffland ont su mettre des mots sur cette passion dévorante et souvent incomprise.

Je ne peux que le conseiller, non seulement, à tout étudiant en droit souhaitant exercer le métier d'avocat pénaliste mais également à tout ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce milieu.
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