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4,03

sur 258 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le nom de la Voisin reste encore associé à la sombre et ténébreuse Affaire des Poisons, qui secoua l'ensemble de la noblesse française, y compris le cercle proche de Louis XIV, puisque sa maîtresse officielle, Mme de Montespan, y fut largement compromise. Une version du croquemitaine sauce à la diable, avec ses potions repoussantes et ses messes noires. Frissons et dégoût garantis dans ce roman, amplifiés par le fait que le lecteur est prévenu dès le prologue de la véracité du récit, même dans ses détails les plus sordides.

Isabelle Duquesnoy raconte ainsi dans « La chambre des diablesses » l'ascension de la Voisin en tant que devineresse à la mode et la gradation de ses pratiques vers l'horreur en commençant par sa fin, puisqu'elle fut brûlée vive en 1680 et que sa fille, Marie-Marguerite, fut emprisonnée pour complicité. Ce sont ses mots de cette jeune fille qu'on lit dans le roman, puisque, pour sauver sa peau, elle entreprend le récit d'une vie pas toujours facile et sans amour auprès d'une mère escroc spécialisée dans les ténèbres et le satanisme pour plaire à une clientèle toujours plus assoiffée de nouveautés scandaleuses.

« Pouvez-vous me fabriquer une pommade qui rendrait à mon visage sa fraîcheur d'antan, que mon époux cesse enfin de renverser nos jeunes servantes ? », « Combien demandez-vous pour une martingale, qui me permettrait de gagner au trictrac ? » « Ah tu sais… Je me retiens souvent pour ne pas leur rigoler à la face. Mais, bande d'emmanchés, si j'avais de tels pouvoirs, je serais la première à m'en servir ! » Marie-Marguerite raconte ainsi le succès d'une mère particulièrement talentueuse dans l'art de rouler ses clients en flattant leur crédulité à l'aide d'esbrouffe et de poudre de perlimpinpin.

Un succès qui se payera au prix fort puisque La Voisin, au bout de quelques années, sera presque dépassée par celui-ci, par la fatigue occasionnée par des nuits passées debout à exercer ses arts occultes, mais surtout par un mépris grandissant face à une clientèle qui rapidement ne se satisfit plus de poudres pour faire revenir un amant égaré mais qui souhaitait faire plutôt disparaître le mari gênant : « On me couvrait d'or pour récompenser le miracle : l'amant était redevenu vert et galant, la mauvaise bru donnait enfin un enfant à la famille. Mais maintenant, que veux-tu… Je m'emmerde. On larmiche dans mon salon : « Ouin ! Mon galant ne me désire plus. » Bah, change ! Change d'amant, change de tête, change de ville, change de robe ou lave-toi les dessous-de-bras ! Je ne sais pas… « Ouin ! Mon mari ne me donne pas assez d'argent ! » Beh, attends qu'il crève. Pourquoi diable assassiner un vieux mari ?! C'est tellement plus simple de prendre un amant, ou même plusieurs ! J'en ai bien trois, moi… Je regrette le temps des nativités, des accouchements, des guérisons, des remerciements pour une bonne action… A présent, j'avorte, et je n'entends que des requêtes pour tuer… On tue par jalousie. On tue par cupidité. On tue au moindre soupçon de tromperie. Ah, ma fille… »

Marie-Marguerite dépeint ainsi une femme assez humaine au départ, qui justifiait ses pratiques par des considérations sociales : « je vends des remèdes à femmes désespérées qui n'ont aucun droit ni aucun moyen honorable de gagner leur propre argent. Telle est la misère des nobles clientes qui fréquentent ma maison. de quoi nous les faire prendre en pitié quelque fois. » Mais qui fut au fil des années prise dans un engrenage qui la rendra monstrueuse : est-ce l'appât du gain qui la fit tomber dans l'horreur sanguinaire sans remords (entre autres joyeusetés, pousser les sage-femmes à faire mourir les nouveaux-nés trop faibles ou organiser l'enlèvement de jeunes enfants pour récupérer leurs viscères et leurs coeurs), ou la nécessité de répondre aux demandes toujours plus viles d'une clientèle dépravée, habituée à la violence et prompte à dépenser des richesses dans des nouveautés toujours plus sanguinaires (il fallait être drôlement motivé – ou dérangé – pour boire une potion faite du sang d'un bébé égorgé devant soi mélangé à de l'urine de jeune fille et de la semence masculine…) ?

J'ai été fascinée et dégoûtée par le parcours de cette femme qui ne sut pas s'arrêter à temps dans ses pratiques ignobles, mais également par celui de sa fille : si j'ai pu compatir dans un premier temps avec ses souffrances de jeune fille en manque d'amour maternel, je n'ai pu comprendre sa passivité au long cours devant le glissement sanguinaire de sa mère, son manque de réactivité. Elle est horrifiée et même traumatisée par ses agissements, mais elle y participe dans une certaine mesure. J'ai également été horrifiée par cette noblesse décadente, totalement amorale, qui n'hésitait pas à recourir au meurtre comme solution pour le moindre problème (et qui s'en est tirée saine et sauve pour la plupart). Et contre toute attente, même si je suis assez d'accord avec La Voisin sur les goûts de Louis XIV en matière d'amantes (« La couronne a dû lui écraser le cerveau, pour choisir aussi mal ses maîtresses ! »), j'ai compati avec le Roi Soleil car il en a bu, des potions immondes…

Un roman particulièrement réussi et édifiant, Isabelle Duquesnoy réussissant à adopter une écriture digne du XVIIe siècle en plus accessible, mais tout de même difficile à lire parce que les pratiques mises en avant sont vraiment dégoûtantes. La laideur de certaines âmes humaines qui transparaît dans ce texte est tout autant repoussante. À mettre entre des mains averties…
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Lassée...

Lassée par l'horreur.
Lassée par cette accumulation de recettes sordides.
Si l'écriture grivoise, légère et burlesque de l'auteure m'a bien amusée dans un premier temps et rappelé celle du regretté Jean Teulé, la narration répétitive a fini par prendre le pas sur tout le reste et m'a laissée sur le carreau.

L'histoire, fort bien documentée, est cependant très intéressante et porte un éclairage bien peu réjouissant sur les moeurs du Grand siècle de Louis XIV.
C'est l'histoire de Catherine Monvoisin, dite La Voisin, la célèbre empoisonneuse, à laquelle bien des nobles et notamment la Montespan eurent recours pour arranger leurs petites affaires.
Comme tout le monde, je connaissais vaguement l'affaire des poisons, les messes noires auxquelles avait participé la maîtresse délaissée de Louis XIV mais je ne m'attendais pas à ce que soit aussi sordide. Autant vous le dire, il faut avoir le coeur bien accroché.
L'histoire est racontée par la fille de la Voisin, Marie-Marguerite , qui fut inculpée de complicité et qui dévoila tous les petits secrets de son épouvantable mère.
Si, dans ce roman, elle apparaît comme une ingénue sous la férule d'une mère dénuée de compassion, j'avoue que sa passivité et son obéissance ont fini par m'irriter.
Mais, c'est surtout ces histoires à répétition qui m'ont donné l'impression de tourner en rond. Une dame de la noblesse cherche à se débarrasser d'un époux gênant ? Et hop, on fait appel à La Voisin !
Et là, c'est reparti pour la leçon de recettes ! Recettes qui se révèleront de plus en plus abominables.
Ajoutez à cela quelques complices et le tour est joué.
Maintes et maintes fois.

Il faut reconnaître à Isabelle Duquesnoy un travail de recherche minutieux et une plume enlevée, mais, pour autant, ce roman ne m'a pas vraiment emballée.


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Isabelle Duquesnoy annonce la couleur dans une petite préface, nous prévenant de l'esprit grivois et violent du 18ème siècle. Pour le coup, le lecteur est servi ! … Mais pas surpris quand il a déjà croisé les précédents livres de l'auteure.

Catherine Monvoisin, dite La Voisin, fut à l'origine de l' "Affaire des poisons ", scandale majeur qui ébranla le règne de Louis XIV, par l'étroite implication de l'entourage royal. Avorteuse et empoisonneuse, la triste commère connut une réelle notoriété avant de finir sa vie de turpitudes sur le bûcher en 1680.

Isabelle Duquesnoy se fait une spécialité de ces biographies insolites, voire sinistres, et pourtant fort documentées. le narratif est cru, les dialogues sans fioritures, l'horreur jamais loin.
On pense à Rabelais par cette écriture décomplexée et truculente. Ce parti pris donne de la personnalité à ces curieux romans historiques mais j'avoue une certaine lassitude en cours de lecture.
« Too much », pourrait-on dire.

Une fantaisie noire à déguster ou digérer.

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L'affaire des poisons fait partie de ses grandes affaires qui ont marqué l'histoire de France.

Un scandale d'empoisonnement, de messes noires et de potions impliquant les grands noms du Royaume de France, jusqu'à la favorite du roi Louis XIV, Athénaïs de Montespan.

Au coeur de ce système, un femme, La Voisin qui finira sur le bûcher.

Sa fille, Marie-Marguerite sera arrêtée et connaître également un sort funeste tout comme de nombreux clients de la Voisin.

Isabelle Duquesnoy se plonge dans cette histoire trouble avec son nouveau roman.

Pourtant, il n'est pas tant question de l'affaire des poisons que de la vie de Catherine Monvoisin. On ne suivra donc pas les rebondissements de l'enquête.

Mais à travers les pages, c'est tout un univers décadent et sans morale qui se dessine.

Un univers où la Voisin tente de gérer le sort peu enviable des femmes de cette époque par des moyens radicaux. Et qui lui permettra de mener un train de vie fastueux.

L'autrice a effectué de nombreuses recherches pour ancrer son récit dans le réel grâce aux témoignages de cette époque, pour autant je trouve qu'il s'en dégage un parfum d'irréalité.

Comme si les aveux, formés sous la torture, avaient noirci le tableau à dessin, un effet grossissant et grotesque.

Le style est truculent, avec un langage haut en couleur. On se sent transporté dans ce Paris très loin des images flamboyantes du règne du Roi soleil.

Pour autant, je n'ai pas été entièrement convaincue. J'aurais aimé suivre, comme indiqué dans la quatrième de couverture, l'affaire des poisons, qui n'est que peu évoquée.

J'ai trouvé aussi les personnages plutôt ternes et le rythme assez lent.

Bref, une lecture en demie-teinte pour moi.
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Une petite déception
J'attendais plus de faits historiques dans ce roman.
Pour moi ce n'est qu'une succession de recettes de sorcière et je me suis lassée des mélanges viscères d'animaux et plantes
Ce qui est sûr c est que je n'ai réussi à m'apitoyer devant
Madame Voisin ni devant sa fille.
Quelle période d'atrocités j'ai eu du mal à imaginer que cela ai pu se passer Quelle époque!!
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L'histoire de la plus grande empoisonneuse de tous les temps racontée par sa fille !
Du fond de son immonde cachot, Marie Marguerite Monvoisin écrit, dans l'hypothétique espoir d'être lu, ses dernières confessions qui, espère-t-elle, permettrons de l'innocenter. Les enfants sont-ils coupables de crimes de leur parents ?
Voilà le narratif original choisit par Isabelle Dusquenoy pour son dernier roman, « La chambre de Diablesses » et raconter ainsi la véritable histoire de « La Voisin ». L'histoire, les moeurs, les condition de vie, tout est vrai et il faut s'accrocher ! mais le style très efficace et les dialogues savoureux nous procurent un bon moment de lecture et pas seulement. À la narration des crimes les plus abominables répondent les questionnements de Marie Marguerite. On voit ainsi l'évolution de «La voisin » qui, de guérisseuse d'utilité publique va muer en empoisonneuse diabolique.
Trop vite, trop haut et trop loin.. jusqu'à Versailles, jusqu'à la chute !
C'est là tout le génie d'isabelle Duquesnoy, la prise de conscience de la fille, la distance vis à vie de la mère et la dure réalité de la vie des femmes.
« être une fille est une malchance, quand on est pauvre c'est une malédiction » !

« La Chambre des Diablesses », est bien plus qu'un roman, c'est un véritable un témoignage .
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Pratiques d'un autre siècle c'est le cas de le dire et bienheureux sommes-nous de ne pas les avoir connues. Heureusement le "Siècle des Lumières" qui allait suivre ferait évoluer les esprits. Malgré tout le style fleuri me dérange dans ma lecture alors qu'il ne me gêne pas chez Jean Teulé par exemple. Je sais que ce sont des traductions de textes en vieux français mais ça me dérange...
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Inspiré de faits réels glaçants, Isabelle Duquesnoy plonge dans les méandres d'une empoisonneuse dans les années 1680. Poudre magique, ensorcellement, trafic d'enfants, le roman présente une vision sombre & malfaisante d'une époque française révolue. Condamnée au bûcher pour sorcellerie et de crimes atroces, "La Voisin" cumule les actes de violence, les meurtres & les complots. Mais comment en est-elle arrivée là? Et si tout n'était pas de sa faute? Sa fille Marie-Marguerite dévoile ses secrets.
Le récit fait froid dans le dos. Les situations semblent tellement grotesques pour nous, lecteurs de 2023, que tout semble inventé. Et pourtant. Les croyances & connaissances scientifiques de l'époque étaient partielles voire inconnues. Quand une personne avait le pouvoir de s'en sortir, si ce n'est par la sorcellerie, elle n'hésitait pas. Pédophilie, infamie, meurtre de sang froid, tromperies diverses & variées, La chambre des diablesses présente un tour d'horizon des actes de l'époque. L'accumulation des personnages perd le lecteur en cours de route, mais les anecdotes fleurissent à chaque page pour son plus grand plaisir sadique. Potion pour tuer mon mari, potion pour tomber enceinte, potion d'amour, potion pour rester jeune... tout y passe, tout fait vibrer & dégouter. La chambre des diablesses est un bon roman historique, un travail de fond qui glace. L'humain était capable du pire pour s'en sortir ou pour jouir de ses privilèges.
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Ce roman fait froid dans le dos. Avec un langage cru, voire vulgaire, il relate les agissements des empoisonneuses, sous Louis XIV. L'une des plus illustres, la Voisin, s'est distinguée par ses atrocités. Pour satisfaire des membres de l'aristocratie, elle fit tuer plusieurs centaines d'enfants pour obtenir leurs organes. Si cette tortionnaire finit sur l'échafaud, beaucoup de ses clients aristocrates ne furent que peu inquiétés. Sa fille, en revanche, connut une fin terrible, en étant condamnée à être emmurée. Dommage que ce récit tienne plus d'un procès-verbal que d'un roman. MB
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"La chambre des diablesses" par Isabelle Duquesnoy
Dans le Paris du XVIIe siècle, un sinistre chapitre de l'histoire prend vie à travers les pages d'un roman captivant. L'histoire redoutable de la plus célèbre des empoisonneuse, symbole de terreur et de mystère, est la protagoniste centrale de cette trame historique, révélant les sombres intrigues de l'époque de Louis XIV.

Le récit s'ouvre sur le destin tragique de Catherine, mieux connue sous le nom de "la Voisin", condamnée au bûcher après un interrogatoire de trois jours. Son implacable chute entraîne dans son sillage sa fille, Marie-Marguerite, jeune femme de vingt et un ans, complice désespérée, contrainte de dévoiler les secrets et les complices de sa mère pour tenter de sauver sa propre tête.

Ce roman historique offre une immersion saisissante dans le Paris tumultueux du Grand Siècle. À travers une écriture fluide et détaillée et recherchée, l'auteure m'a transporté au coeur des ruelles sombres et des salons hantés par les intrigues. L'authenticité de l'époque de Louis XIV se déploie devant mes yeux, révélant les coutumes, les vêtements, et les mystères qui enveloppaient la société de l'époque.

Pourtant, malgré la richesse du contexte historique, le récit peut parfois s'étirer en longueur. Il a peiné par moments à captiver pleinement mon attention, je pouvait me sentir enclin à lâcher prise après plusieurs heures de lecture. Néanmoins, cette critique n'efface pas la valeur intrinsèque de l'oeuvre. En effet, "La Voisin" demeure un ouvrage instructif qui offre un éclairage fascinant sur les pratiques et les croyances de l'époque.

À travers les confessions de Marie-Marguerite, j'ai plongé au coeur des ténèbres de l'histoire, découvrant les mystères des enchanteresses, des diableresses et des empoisonneuses qui peuplaient le Paris de Louis XIV. C'est ainsi que se dessine un tableau saisissant d'une époque marquée par la superstition et la violence, captivant malgré ses imperfections.

En conclusion, "La chambre des diablesses" est un roman historique qui offre une lecture à la fois didactive et plaisante, bien que parfois laborieuse. À travers son exploration des sombres et pénibles recoins de l'histoire, il nous invite à plonger dans un passé riche en intrigue et en mystère, révélant les secrets d'une époque révolue mais jamais oubliée.
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