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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un dialogue s'engage dans un square entre un voyageur de commerce solitaire, qui ne se projette pas dans l'avenir, aspire au repos, et une jeune fille qui exerce le métier de bonne à tout faire, qui espère en un futur meilleur.

Deux laissés-pour-compte qui se parlent, s'écoutent, même si par moments chacun suit sa pensée et que l'incompréhension pointe. La jeune fille est effrayée par le manque d'aspiration au changement du voyageur, dont le désir se résume à manger et à avoir chaque soir un toit pour dormir.

Peut-on vivre sans l'envie que des choses changent ? Cela paraît inconcevable pour celle qui veut se marier, pour cesser un travail toujours plus harassant et avilissant, ne plus être seule. Pire, ne plus être seule et invisible : " monsieur, car si peu que vous soyez, vous êtes quand même à votre façon, donc vous ne pouvez pas savoir ce que c'est que n'être rien. "

Marguerite Duras libère la parole de gens simples, de ceux que l'on pouvait croiser en 1955, quand elle a écrit ce court et fort roman d'où affleure son engagement communiste. Dans la rencontre de ces deux-là, il y a la tendresse de ceux que leur condition rapproche. Un avenir - peut-être la victoire de l'espoir d'une jeune fille déterminée sur la résignation d'un homme mûr - s'ouvre par leurs mots échangés, des mots vrais, essentiels.
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Marguerite Duras avait commencé par publier un texte sous ce titre présenté comme un roman en 1955. Il était entièrement dialogué, et il a été rapidement adapté pour le théâtre, les premières représentations ont eu lieu en 1957. Marguerite Duras remanie le texte dans la perspective théâtrale, la version définitive de la pièce est créée et publiée en 1965.

Un homme dans la quarantaine et une jeune fille de vingt ans se croisent dans un square. Elle est une petite bonne exploitée, qui vient au square avec l'enfant de la famille. Il est un représentant de commerce qui gagne difficilement sa vie. Il n'a plus vraiment d'espoir de changer sa condition, se contente de vivoter au quotidien, en espérant quelques moments de bonheur passager. Elle attend de sortir de sa situation en se mariant, et fréquente pour cela régulièrement un bal. La conversation s'engage, chacun tente de comprendre l'autre, et se dévoile progressivement. Une sympathie naît d'emblée, une complicité s'ébauche. Deux vies sans grand éclat se croisent, et quelque part s'éclairent mutuellement, un bref instant, peut-être un peu plus longtemps, mais cela on ne le saura pas.

Un très joli texte, plein d'humanité. Deux personnages se dessinent, dialoguent, dans le respect, même si parfois d'une façon antagoniste. Deux humbles vies, chacun défend son point de vue, en quelque sorte opposé, et une forme de consensus finit par sembler possible. C'est merveilleusement écrit, sans doute pas dans un langage que le type de personnage parlerait en réalité, mais peu importe, nous sommes au théâtre.

Une très bonne pièce.
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Une jeune femme surveillant un enfant qui joue et un homme sans âge se rencontrent sur un banc public....Est-ce le début d'un histoire née de cette rencontre ?
Elle est bonne, elle a vingt ans , et s'occupe aussi d'une vieille femme, elle aimerait trouver un homme, dans un bal, qui la sorte de cette situation.
Il est colporteur et va de ville en ville avec sa valise vendre ses articles en coton.
Elle vient là vraisemblablement seule tous les après-midi avec le gamin qu'elle surveille, murée dans ses silences . Quant à lui on suppose que c'est le hasard de ses déplacements qui l'a amené sur ce banc.
Tous deux sont là pour passer le temps et tromper l'ennui
Ils parlent chacun de leur vie, de leurs espoirs. Elle lui parle de l'attente de la rencontre d'un homme dans un bal, seule rencontre qui changerait sa vie. Elle voudrait que tout change pour elle, mais ne refuse jamais le travail supplémentaire qu'on lui confie, lui au contraire n'a pas besoin de changement et se trouve bien finalement dans sa situation. Chaque jour dans une ville nouvelle.
C'est la rencontre de deux solitudes qui ne vivent que pour leur travail, sans faire grand-chose pour que leur condition évolue.
Roman composé uniquement de dialogues entre ces deux êtres, on l'imagine joué dans un théâtre : unités de lieu et de temps respectées...une petite tragédie..
Un petit espoir d'évolution, pointe son nez...sera-t-il concrétisé ?
Ces dialogues improbables utilisent des tournures de phrase "décalées" qu'on imagine assez mal dans la conversation de ces deux personnes simples...ce petit décalage s'oublie vite. Les dialogues servent surtout de prétexte à une réflexion presque philosophique sur la vie qui passe, le travail, l'engagement personnel, le besoin de changement, l'espoir d'une vie meilleure...
Chacun de nous a été à un moment ou à l'autre de sa vie, cette petite bonne s'investissant dans son travail, en espérant y trouver une satisfaction une amélioration de sa condition personnelle; d'autres au contraire se retrouveront dans ce représentant de commerce, allant de ville en ville...
Le quotidien mis en scène. Ce quotidien en réponse à nos attentes sur la vie

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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En tentant d'ajouter des étiquettes pour ce roman, je me trouve au fond d'une impasse. Inclassable. Inétiquettable.
Ce court roman. En deux en un. Deux parties. Mais un seul long dialogue entre deux personnages qui ne devraient pas se rencontrer. Et pourtant Duras, le fait, car elle aime ces situations paradoxales, improbables, invérifiables.
Un monsieur et une jeune dame se croisent dans un square. Lui, petit voyageur de commerce, comme on n'en fait plus ? oh que si alors, ils s'appellent désormais livreurs, et elle, bonne, gardienne d'enfants, bon ca ca n'a pas changé.
S'engage un dialogue comme seule sait les mener M. Duras, et qui partant de parlotes terre à terre va s'élever vers des réflexions sur le sens du travail, de la vie, du couple, de l'engagement, du courage, de la lâcheté.
Je dirais que ce livre est à lire d'une traite, dans un square, ou dans un jardin, bref en situation. L'écriture durassienne est spiralaire, supportable ou insupportable. Agaçante. Amusante. Elle ne peut pas laisser indifférente.
Comme le dit le proverbe "si tu n'aimes pas, n'en dégoûte pas les autres".
Moi j'aime, et j'en reprendrai encore un petit roman.
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Le square est un roman qui déstabilise à première vue : entièrement constitué d'un seul dialogue entre une jeune fille et un vieil homme qui se viennent de se rencontrer, il n'y a pas d'intrigue et le livre consiste en les diverses réflexions des deux protagonistes. Et pourtant, ce roman, adapté ensuite par Duras elle-même en pièce de théâtre, possède un véritable charme et m'a beaucoup plu.

La jeune fille de vingt ans est bonne à tout faire et espère se marier, l'homme n'a pas de domicile et voyage constamment pour vendre ses marchandises sur les marchés. Tous deux ont des attentes et une expérience différentes de la vie, mais tous deux sont seuls et ont envie de parler. Les voilà réunis pour un certain temps dans un square où la jeune fille emmène l'enfant qu'elle garde, et ils sympathisent rapidement. Dans un style simple voire naïf, ils discutent de choses et d'autres, et proposent de vraies réflexions philosophiques sur le sens de la vie, les buts à poursuivre, le changement, les relations sociales, le bonheur… Les personnages sont tantôt touchants tantôt agaçants, à la fois curieux et timides, posant des questions et avançant des arguments mais ne cessant de s'excuser de le faire.

Ce très court livre se lit malgré ce assez lentement car de nombreuses phrases se savourent et se méditent.
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Un square parisien est le seul endroit où des personnes de classe modeste, des deux genres, se sentent légitimées à se parler. le dialogue entre un voyageur de commerce – en réalité un colporteur – et une jeune bonne fait toute la matière de ce livre, qui est scandé par l'apparition du petit garçon de cinq ans dont elle a la charge. le dialogue, avec ses flux et reflux, ressemble aux ondes qui mouillent un rivage... rien ne se produit, la conversation et la compréhension mutuelle avancent et reculent alternativement, parce qu'elles sont fondées sur le non-dit.
Le thème est la possibilité, l'éventualité ou non, pour l'une et l'autre de ces « derniers des derniers », de se sortir de leur condition sociale. Aux yeux de la jeune femme de vingt ans, dans la France de 1955, aucune ascension n'est envisageable en dehors du mariage – d'une manière si essentielle qu'elle paraît tout à fait anachronique désormais. Et de cette unique perspective matrimoniale, telle une obsession, elle s'impose de ne se distraire pour aucune raison. L'homme, par contre, occulte sa solitude par le goût de l'itinérance : c'est dans une lointaine ville du Sud où le soleil couchant a illuminé des lions en cage qu'il a goûté à un éphémère bonheur. Ainsi, pour l'une le changement est conditionné à autrui, et de surcroît à « être choisie », pour l'autre l'habitude, l'absence d'ambition, mais surtout ce que, dans un ultime aveu, il définit de lâcheté le rendent très improbable.
Il s'agit d'un texte qui, du théâtre contemporain, possède à la fois l'ellipse entre les reparties, comme si le malentendu était toujours aux aguets, et l'immobilisme qui suggère que la véritable communication est ailleurs que dans le verbal : prétexte ou vrai besoin, peu importe. L'action aussi, sans être précisément niée, est suspendue dans le final ouvert.

J'avais l'intention de lire « Moderato cantabile » d'abord : une critique de cet ouvrage-là indique qu'il est opportun de le considérer comme le second volet d'un diptyque dont « Le square », publié trois ans auparavant, constitue le premier.
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« j'ai faim »
« j'ai soif »
« je suis fatigué »

L'enfant résume au début des trois chapitres le thème du livre.
Faim de connaître l'autre
Soif du bonheur
Fatigué de la recherche vaine.

Une avalanche de petites pensées sur la vie et le bonheur en général. Tout semble vain. Maintenant qu'ils ont parlé, ils vont retourner dans le silence.
« Peut-être n'aurait-on pas dû parler »…….
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