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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Marguerite Duras, le square - 1955 -

Je ne sais pas pourquoi j'aime Duras. Les situations sont souvent minimalistes, l'écriture est circulaire, mais chaque fois, je me laisse emporter par les mots.
Cette fois-ci, il s'agit d'un échange entre un homme et une jeune femme dans un square. Il est question d'attentes, de bonheur, de désespoir, de ce qui fait la trame de leurs jours. Pas de suspense, juste deux êtres qui se rencontrent dans leurs différences et nous qui nous situons à l'aide de leurs propos qui n'induiront pas vraiment de changements en moi cependant.
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Le square - Marguerite Duras

Un homme et une femme tout juste majeure sont assis sur un banc dans un square.

Ni l'un ni l'autre ne se connaît et un enfant dont la femme semble s'occuper réclame à manger parce qu'il a faim. Elle, va lui donner à manger et va s'en suivre une longue conversation sur ce banc entre ces deux adultes.

Elle semble triste et si elle travaille dans une maison de maître désire posséder quelque chose à elle, se marier…

Lui est simple vendeur de rues, parle d'avoir beaucoup voyagé par son emploi et vouloir en changer…

Dans une conversation quelque peu monotone s'engage une philosophie de la vie, dont le comportement de l'un et l'autre va démontrer des points de vue divergents. C'est très étonnant que Marguerite Duras ait choisi des âges aussi peu mûrs pour les faire converser ainsi. Mais il est vrai qu'en 1955, date à laquelle l'oeuvre a été écrite et aussi comme pièce de théâtre, la maturité était certaine.

A la lecture de la 4e de couverture, on comprend mieux la configuration de l'histoire. Il est question de Bretonnes qui ont débarqué dans les gares de Paris, comme des colporteurs des petits marchés de campagnes, des vendeurs…Le seul souci de ces gens c'était leur survie : ne pas mourir de faim, essayer chaque soir de dormir sous un toit.

Alors, parler du malheur qui leur était commun et des difficultés personnelles, cela se partageait un peu partout sans quoi tous n'auraient pas pu survivre à leur solitude.

Pas le plus connu de Marguerite Duras, mais pas mécontent de l'avoir découvert.
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L'adage « vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » s'applique particulièrement bien à l'oeuvre de Duras. Comme beaucoup de textes de l'autrice, le Square a été souvent remanié, sous forme de roman ou de pièce de théâtre (j'ai lu cette dernière).


J'ai aimé le thème, la rencontre de deux inconnus dans un square qui se reconnaissent dans leur exclusion du monde. La jeune fille, vingt ans, bonne à tout faire, encore remplie d'espoir. L'homme, quarante ans, commis voyageur sans domicile fixe, résigné. Elle s'accroche au futur, lui au passé.


J'ai toutefois eu un peu de mal avec la forme qui passe par une « mise à distance de la parole » (expression tirée de la préface de l'édition Folio théâtre). Presque toutes les répliques comprennent des « Monsieur », « Mademoiselle » ou autres formules de politesse. Cette manière cérémonieuse de s'adresser l'un à l'autre accorde certainement aux protagonistes une dignité que la société leur refuse, mais elle alourdit aussi beaucoup le dialogue.
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Avec un titre pareil on peut tout imaginer et c'est bien là où réside la première force de cette oeuvre : avant même de lire les premières pages , le lecteur se voit déjà s'engouffrer dans un thriller démoniaque ou dans une histoire d'amour victorienne selon ses références .
On lâche bien vite ses idées préconçues et d'emblée on se demande quelle farce elle a encore inventé "La Duras" : s'agit-il d'un roman vraiment ? Ou plutôt d'un pièce de théâtre ? Probablement une forme hybride , une forme unique à la sauce Duras , qui n'en finit pas de creuser la création littéraire .
Une oeuvre de jeunesse publiée en 1955 .
Alors non dans ce square rien ne se passera : ni meurtre , ni grande déclarations d'amour . Juste ce qu'il s'y passe , dans la vraie vie , lorsque se croisent les gens "de peu" , les presque invisibles , ceux qui font "trois petits tours et puis s'en vont' dans la fuite du temps .
Et voilà une "bonne à tout faire" surveillant un enfant à garde qui croisent un représentation de commerce , sur un banc public : s'engage alors une conversation où chacun essaiera d'aller à la rencontre de la vérité de l'autre alors qu'en dehors de leur étiquette sociale tout les oppose :
L'une ne vit que dans la projection et en flux tendu dans l'espoir de provoquer par ses actes et la puissance de ses désirs la concrétisation de ses rêves , l'autre fuyant toute notion de perspective et de passé .
Bizarrerie complètement assumée par Marguerite Duras que de celle de créer un dialogue complètement décalé par rapport à la condition des personnages .
Non seulement celui-ci appartient en substance à une forme de dialectique philosophique , mais la forme langagière n'appartient à aucun registre codé .
On se surprend à penser à du Beckett ou du Ionesco avec quelques tonalités flirtant de près avec l'absurde . On notera aussi l'étrangeté d'un langage curieusement dépersonnalisé pour mieux parler de l'intime et de sa condition ,
Si le temps n'en finit pas de passer pour ces deux "derniers des derniers" dans la lourdeur de leur quotidien , ce moment- ci semble échapper à la temporalité . Moment unique et fracture qui divise le temps avec "un avant" et "un après".
Pour une fois il se passe quelque chose , une brèche , une ouverture vers un possible que l'un appelle autant que l'autre fuit "par lâcheté" et c'est comme si , en l'instant , ils échappaient ensemble à leur condition , ce que Marguerite Duras traduit par une sorte d'abstraction , lui permettant de jouer avec le langage avec une immense poétique de la litote et du silence ..........

Un ouvrage à multiples interprétations : Certains privilégieront une portée réaliste et politique ( Engagement communiste de Duras ) , d'autres se glisseront entre les silences pour y déceler touts les ferments d'une quête amoureuse là où certains trouveront de quoi nourrir leur tourment existentiel et leur propre introspection .
Une petite gourmandise Durassienne .
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L'action se passe dans un square, sur un banc. Tout le livre n'est qu'on long dialogue entre deux personnes qui se sont rencontrés par hasard, dans ce square. Il y a d'une part une jeune femme dont le travail est de s'occuper de l'enfant d'une autre, et de l'autre un représentant de commerce plus âgé. Beaucoup de choses les opposent, mais ils vont se rapprocher naturellement grace à un horizon qui pourrait être commun. En effet, la fille est jeune, elle a foi en l'avenir mais se trouve bloquée par toutes les contraintes qu'elle rencontre dans la vie. Elle veut changer de métier, de vie, elle veut vivre différemment et elle est prête à faire des scrifices pour ça, au premier rang duquel sa liberté. Elle cherche par tous les moyens à trouver un mari qui la rassurera et la débarrassera du poids de son quotidien. Pour parvenir à ses fins elle se rend tous les samedis au bal où elle espère rencontrer l'homme providentiel.
A l'opposé l'homme, lui, est blasé. Il n'a pas de racine, il se déplace tout le temps, et a vu dans sa vie trop de malheur pour croire en l'avenir. Il ne croit pas dans le couple, dans l'avenir à deux. Pourtant, au fil de la conversation, ils vont affronter leurs points de vue jusqu'à découvrir qu'ils ont peut-être un avenir ensemble. le roman se termine dans l'espoir que met la fille dans la venue au bal de l'homme, au prochain samedi.
La forme du roman est assez étrange, de par sa forme. Il est fait d'un long dialogue interrompu uniquement par quelques phrases courtes expliquant ce qui se passe dans l'environnement des protagonistes, ce qui introduit des respirations bienvenues tout autant que nécessaires. L'action se réduit à des paroles, le lecteur entre donc dans l'intimité des personnages lorsqu'ils se dévoilent l'un à l'autre. Et l'on voit la femme avec un regard très dur sur sa condition. Elle estime que son métier est difficile, elle se pense humble, abandonné. Elle estime que sa condition est moindre que celle de l'homme, qui ne la corrige pas. Il faut dire que lui croit encore pouvoir faire quelque chose dans le futur, ce que ne croit pas la femme.
Le dialogue est assez profond, plutôt sensible, il est d'une grande qualité littéraire. Ils parlent comme écrirait un spécialiste de la langue française. Ils parlent comme personne ne parle. Ils parlent à l'opposé de ce qu'ils sont, ils parlent comme des grands de ce monde. Et bien sûr, c'est totalement volontaire de la part de Duras qui préfère faire parler sa bonne comme elle le souhaiterait plutôt que comme la réalité lui imposerait de le faire. L'irréalisme des dialogues est volontaire et assumé.
La courtoisie est aussi une qualité de ce dialogue. Les questions de l'un, parfois indiscrètes, trouvent une réponse franche, même si elle est intime. C'est là aussi volontairement exagéré par Marguerite Duras car ça lui permettait de rendre plus facile le lien qui se tisse entre eux, plus rapide aussi, en laissant de côté les règles implicites de sociabilisation. La rapidité dans la construction du dialogue est quelque chose d'important dans ce livre, tous les deux sont en état d'urgence, pressé de se rapprocher de l'autre. Ils sont à l'écoute de l'autre, du moindre geste. Ils discutent de leurs visions de la vie, de leurs problèmes, ouvertement, ils sentent implicitement que plus ils iront vite dans leurs relations, fut-elle sans suite, plus ils auront de chance de parvenir à leurs fins. Pour elle, un mariage avec lui. Pour lui, le renouveau de sa croyance en l'avenir.
Le dialogue de ce livre est libérateur pour les personnages, il leur sert d'exultoire pour tenter d'échapper à leur condition. Surtout pour la bonne, bien sûr. L'homme, lui, a connu des moments de bonheur dans sa vie qui lui ont permis de ne pas en vouloir à la vie, au sens général.
Et au final, que reste-t-il ? Rien de spécial, Duras ne livrant pas de fin à ce roman, ne donnant pas autre chose qu'un espoir de résolution du problème évoquer tout au long du livre. le lecteur est dans la même situation qu'eux, il est dans l'attente d'une réponse qui ne viendra jamais. Et donc renvoyé à sa solitude, au questionnement que ce livre lui renvoit en plein visage. Et lui, que ferait-il pour sortir de sa condition ?

Lien : https://www.marguerite-duras..
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