M. D. :
J'ai écrit Lol V. Stein ici, dans cet immeuble là et c'est après coup que ce lieu où j'ai écrit le livre est devenu un lieu du livre. L'amour, qui fait partie du ravissement de Lol V. Stein a été tourner ici.
Je m'en demande si ce n'est pas le sable, la plage, le lieu de S. Thala, plus encore que la mer ; les marées formidables d'ici ; à marée basse, on a trois kilomètres de plage comme des contrées, des pays de sable, complètement interchangeables ; le pays de personne, voyez, son nom.
Quand elle déambule là, dans la maison, c’est comme si elle passait autour d’elle-même, comme si elle contournait son propre corps… Comme si elle en épousait même le contour, comme si la maison elle-même avait forme de femme, si vous voulez. […]
Marguerite Duras, à propos de Nathalie Granger
[…] On peut voir les maisons comme un lieu où on se réfugie, où on vient chercher un rassurement. Moi, je crois que c’est un périmètre clos sur autre chose que ça aussi. Oui, il se passe autre chose que tout ceci qui est courant, la sécurité, le rassurement, la famille, la douceur du foyer etc. ; dans une maison, il y a aussi l’horreur de la famille qui est inscrite, le besoin de fuite, toutes les humeurs suicidaires. C’est un tout. […]
Marguerite Duras, à propos de Nathalie Granger
L’écrit n’est pas bavard. Ce qui est bavard, c’est la parole parlée. La parole écrite ne l’est jamais.
M. D. :
On croit toujours qu'il faut partir d'une histoire pour faire du cinéma. Ce n'est pas vrai. Pour Nathalie Granger, je suis complètement partie de la maison. Vraiment, tout à fait. J'avais la maison dans la tête, constamment, constamment, et puis ensuite une histoire est venue si loger, voyez, dans la maison, c'était déjà du cinéma.
Ça peut arriver que des endroits vous donnent envie de tourner. Jamais je n'aurais cru qu'un lieu pouvait avoir cette puissance, cette force-là.