Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s'aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le "septième" où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu'à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d'usines, de faubourgs et l'appartement ouvert en plein ciel, l'air chargé d'une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l'eau.
Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d'un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l'ennui.Lorsqu'elle se retourna vers la chambre et qu'elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d'une rivière.
C'était son premier amour, et elle ne doutait pas que ce dût être le seul, parce qu'elle ne pouvait pas se passer de la présence de cet homme.
Et toutes les lassitudes du jour finissant laissaient dans l'air comme des parfums, celle de la terre et celle de la pierre qui ne meurt pas, celle des troupeaux, celle, douce et émouvante de l'homme.
Dès qu'il sentait frémir en lui une insulte, elle lui sortait des lèvres. C'était là son honnêteté. Et s'il détestait les façons de Maud, c'était précisément parce qu'elle n'exprimait jamais ses sentiments aussi spontanément que lui. Ils ne savait jamais quels effets produisaient ses insultes et son attitude sur sa sœur; car ses reproches se perdaient en elle dans un trouble mystère comme dans un lac sans courants. Sa mère disait toujours de son fils que, du moment qu'il était franc, il n'était pas si mauvais qu'on le prétendait. Sans doute, était-ce vrai dans la mesure où Jacques n'était pas plus dur qu'il le paraissait.
Il y a des choses qui, même si elles ne vous atteignent pas, vous atterrent.
La passion que cette mère vouait à son fils s'exprimait, faute d'exutoire, de façon aussi agressive que si elle l'eût détesté.
« Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s’aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le « septième » où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu’à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d’usines, de faubourgs et l’appartement ouvert en plein ciel, l’air chargé d’une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l’eau.
Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d’un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l’ennui. Lorsqu’elle se retourna vers la chambre et qu’elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d’une rivière.»
4e de couverture.