AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Outside (12)

LES FLEURS POUR L'ALGÉRIEN

C'est dimanche matin, dix heures, au carrefour des rues Jacob et Bonaparte, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés, il y a de cela une dizaine de jours. Un jeune homme qui vient du marché de Buci avance vers ce carrefour. Il a vingt ans, il est très misérablement habillé, il pousse une charrette à bras pleine de fleurs : c'est un jeune Algérien qui vend, à la sauvette, comme il vit, des fleurs. Il avance vers le carrefour Jacob-Bonaparte, moins surveillé que le marché et s'y arrête, dans l'anxiété, bien sûr.

Il a raison. Il n'y a pas dix minutes qu'il est là - il n'a pas encore eu le temps de vendre un seul bouquet - lorsque deux messieurs "en civil" s'avancent vers lui. Ceux-là débouchent de la rue Bonaparte. Il chassent. Nez au vent, flairant l'air de ce beau dimanche ensoleillé, prometteur d'irrégularités, comme d'autres espèces, le perdreau, ils vont droit vers leur proie .

Papiers ?

Il n'a pas de papiers lui permettant de se livrer au commerce des fleurs.

Donc, un des deux messieurs s'approche de la charrette à bras, glisse son poing fermé dessous et - ah ! comme il est fort ! - d'un seul coup de poing il en renverse tout le contenu. Le carrefour s'inonde des premières fleurs du printemps (algérien).

Eisenstein n'est pas là, ni aucun autre pour relever cette image de ces fleurs par terre, regardées par ce jeune homme algérien de vingt ans, encadré de part et d'autre par les représentants de l'ordre français. Les premières autos qui passent, et cela on ne peut l'empêcher, évitent de saccager les fleurs, les contourne instinctivement.

Personne dans la rue, sauf, si, une dame, une seule :

- Bravo ! messieurs, crie-t-elle. Voyez-vous, si on faisait ça chaque fois, on en serait vite débarrassé de cette racaille. Bravo !

Mais une autre dame vient du marché, qui la suivait. Elle regarde, et les fleurs, et le jeune criminel qui les vendait, et la dame dans la jubilation, et les deux messieurs. Et sans un mot, elle se penche, ramasse des fleurs, s'avance vers le jeune Algérien, et le paye. Après elle, une autre dame vient, ramasse et paye. Après celle-là, quatre autres dames viennent, qui se penchent, ramassent et payent. Quinze dames. Toujours dans le silence. Ces messieurs trépignent. Mais qu'y faire ? Ces fleurs sont à vendre et on ne peut empêcher qu'on désire les acheter.

Ça a duré dix minutes à peine. Il n'y a plus une seule fleur par terre.

Après quoi, ces messieurs ont eu le loisir d'amener le jeune Algérien au poste de police.

(France-Observateur, 1957)
Commenter  J’apprécie          101
- Comment vous imaginez-vous l'espace?
- F.A. 6 ans : Tout blanc.
N.R. 11 ans : Tout noir.
E.L. 9 ans : Comme une masse noire qui devient lumineuse toutes les deux heures.
J.M. 10 ans : Immense, gris, extraordinaire, incompréhensible avec l'organe de notre tête.
(Les enfants du spoutnik...)
Commenter  J’apprécie          100
Je trouve une image et je vous la donne : elle (Delphine Seyrig) parle comme quelqu'un qui vient d'apprendre le français, qui aurait des dispositions fantastiques pour le français mais qui n'en aurait aucune habitude et qui éprouverait un plaisir extrême, physique, à le parler. On dirait qu'elle vient de finir de manger un fruit, que sa bouche en est encore toute humectée et que c'est dans cette fraîcheur, douce, aigre, verte, estivale que les mots se forment, et les phrases, et les discours, et qu'ils nous arrivent dans un rajeunissement unique. Et l'anglais, me dit-on, elle le parle de la même façon, inimitable.
(Delphine Seyrig, inconnue célèbre)
Commenter  J’apprécie          70
Et quoi faire ? Ne pas empêcher que l’amour soit vécu car c’est encore la meilleure chose à faire ici-bas, aimer.
[Melina, Vogue, 1966]
Commenter  J’apprécie          30
La force du livre, incomparable, c'est qu'une fois qu'on l'a refermé on ne sait plus quoi penser, rien. Oui, c'est ça, le livre ne s'éloigne pas, reste dans la tête à l'instar d'une pensée vide, à venir, mais qui serait décisive de toutes les autres.
Commenter  J’apprécie          30
- Vous sentez-vous en danger de mort lorsque vous peignez?
- Je deviens très nerveux. Vous savez, Ingres, il pleurait pendant des heures avant de commencer un tableau. Surtout un portrait.
(Entretien avec Francis Bacon)
Commenter  J’apprécie          30
Le cinéma et politique, c'est pareil. Tout ça relève du spectacle. Le cinéma relève du spectacle, la politique est un spectacle, divertissant ou non -pour beaucoup c'est un divertissement.
Commenter  J’apprécie          20
La nécessité d'écrire n'est nullement liée à une condition sociale déterminée ou à un degré de culture quelconque. On écrit dans toutes les classes de la société.
Commenter  J’apprécie          23
- Qu’est-ce qui les fait vous battre, vous tuer, d’après vous ? La peur de vous ?
X.- Je ne crois pas. La haine. Remarquez, toujours, toujours, les Arabes ont été insultés. Mais tant qu’il était inoffensif, qu’il était pittoresque dans les rues, l’Arabe était seulement insulté. C’est depuis qu’il a essayé de relever la tête, qu’il n’a plus seulement été une bête de somme, qu’il a voulu sa dignité que ça n’a plus marché. Alors, il y a eu les coups.
[Les deux ghettos, France-Observateur, 1961]
Commenter  J’apprécie          10
- Quel est le pourcentage de la littérature éditée ?
- Un pour cent environ. Quatre-vingt-dix-neuf manuscrits sur cent environ retournent à jamais à leur auteur.
[Un roman sur cent voit le jour, France-Observateur, 1957]
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (72) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Marguerite DURAS

    Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

    L'Homme assis dans le corridor
    L'Homme assis dans le couloir
    L'Homme assis dans le boudoir
    L'Homme assis dans le fumoir

    20 questions
    190 lecteurs ont répondu
    Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

    {* *}