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EAN : 978B09TWSYGCQ
197 pages
Luzerne Rousse (09/03/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
Cet été encore, ma mère m’oblige à m’inscrire au camp de jour. Même si je commence le secondaire dans quelques semaines, et que je pourrais très bien rester seul à la maison, je vais devoir passer l’été à :

-Chanter des chansons ridicules avec un moniteur au surnom tout aussi ridicule - Jujube, Bacon ou Choupette, allez savoir…
-Jouer à la tag pont !
-Manger des sandwichs mous tous les midis !
-Mais le pire : partic... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Incontournable Mars 2022


Version Courte:


Un roman adorable sur les thèmes du Camp de Jour, de l'amitié et du Drag Queen, avec des accents de musique des années 80, où personnages colorés jeunes comme adultes se côtoient et s'influencent. Un livre pétillant comme j'en souhaiterais plus, bien écrit et même doté d'une trame sonore.
À découvrir.


Version exhaustive ( Parce que les bons romans méritent qu'on en jase):


J'ai vraiment craqué pour ce roman intermédiaire, dont la couverture nous met d'emblée dans le sujet - et c'est tant mieux! Surtout que je viens d'achever "Boy Queen", roman jeune adulte sur le même thème. C'est également mon premier roman de la Maison Luzerne Rousse.


Alors qu'avons-nous? Nous sommes quelque part au Québec, dans l'une de ces petites municipalités en périphérie des grandes villes, pas très riches et souvent liée à un secteur ouvrier quelconque. Notre jeune protagoniste, Thomas, 11 ans, vit dans un "quartier de maisons mobiles", ces bâtiments rectangulaires pas très chers qui n'ont qu'un étage et sont tous faits sur le même modèle, comme des Legos. Il vit avec sa mère, son père ayant refait sa vie avec une autre femme après avoir trompé la mère de Thomas. La fin de l'année scolaire est imminente, c'est le temps des au revoir pour Madame Valérie, qui voit ses 6e année [Primaire] bientôt entrer en Secondaire. Elle leur offre à chacun un cadeau personnel et pour Thomas c'est une "cassette" sur laquelle se trouve une piste sonore des années 80 ( Elle vous sera fournie au début du roman, bonne écoute!). Thomas n'est pas particulièrement enthousiaste à l'idée de faire une dernière année au Camp de Jour, mais au moins, il sera avec son meilleur ami Derick. Il est de tradition que le 25 Juillet se tienne le Noël des Campeurs et pour cette occasion, un spectacle de talent est offert. Entre autres péripéties, Thomas se retrouvera seul pour faire un numéro et après avoir découvert les chanteurs des années 80, notamment Cyndi Lauper, Thomas pense alors qu'il serait intéressant se faire un Lip Sync en l'incarnant. Comble de hasard, son mystérieux voisin qui ne sort qu'en soirée, se révèle être un Drag Queen et en matière d'art de la scène en incarnant une chanteuse, il en sait forcément beaucoup! Entre son moniteur qui est un couillon de première, ses amitiés mouvantes, son anxiété à gérer, son père maladroit qui va se marier et son numéro on ne peut plus original, Thomas vivra un été mémorable au son de la musique des années 80.


Vraiment, c'était super ce roman, à pleins de niveaux. Bon, je ne crois pas divulgâcher quoique ce soit en parlant du thème du Drag, parce que franchement, la couverture est on ne peut plus claire à ce sujet! Thomas est super "cute" sur celle-ci. Sa pose n'est pas anodine, d'ailleurs, c'est la pose de départ de Cyndi Lauper lors de ses spectacles.[ Voir lien-Photo plus bas]. Ce n'est pas exactement du "Drag" dans le cas de Thomas, mais on est vraiment dans le même axe, le temps d'un spectacle. C'est le premier personnage de cet âge que je croise qui s'y essai, ça me fait tellement plaisir. On a le personnage de Sébastien, son voisin, dont on ignorera la carrière jusqu'au milieu du livre, mais honnêtement, quand Thomas pense voir une femme entrer chez lui, avec une énorme chevelure et une robe en strass, franchement, ça a cliqué tout-de-suite dans ma tête. Ce ne sera peut-être pas le cas de mes jeunes lecteurs, ça reste à voir. Bref. L'idée de mettre de l'avant un préado qui a le guts de se travestir pour faire un numéro de lip sync, ça faire une différence quand aux stéréotypes de genre qui ont encore un peu trop de place en littérature jeunesse, merci Sandra!


Je voudrais aussi souligner un aspect que j'estime intéressant par rapport au Drag, qui n'a pas été aussi développé que j'aurais voulu dans le roman "Boy Queen", mais qui est plus clair ici: la dimension "Personnage". Comme l'explique Sébastien, faire place à son alter ago Drag, c'est un peu s'immerger dans une seconde peau, une seconde nature. On fait parler une autre dimension de soi et pour Sébastien, Lady Sprinkle est plus fonceuse, plus affirmée. Il lui arrive de se remettre dans sa tête pour voir les choses autrement. D'une certaine manière, ce fut le cas de Thomas, qui puisait dans la "force" de Cindy, qui échappait aux dictats sociétaires et aux conventions. On oublie souvent, malheureusement, que nous sommes à la fois notre plus féroce critique et en même temps notre meilleur allié. Faire émerger une autre facette de soi, que ce soit le théâtre, le Drag ou toute forme d'art de scène, peut aider à prendre conscience de cette "voix" positive qui nous pousse en avant et fait taire les gens qui tentent de briser notre estime - souvent parce que le leur est carencé. Et en plus, en jouant ainsi sur l'apparence, en prenant vie à travers un personnage, on sort de ce sérieux qui nous paralyse trop souvent. Enfin, si ça peut combattre les idées préconçues quand aux vêtements que peuvent porter les gens en fonction de leur âge, bah tient! Ça ne peut faire que du bien!


Un autre élément que j'ai trouvé sympathique se trouve dans les relations entre les personnages, à commencer par Thomas et sa mère, très complices. le personnage de Derick était aussi mignon, il a d'ailleurs fait aucun commentaire désobligeant quand Thomas lui a présenté son projet secret ( meilleure réaction possible). Il est présent aux bons moments et compense le côté anxieux de Thomas. Rainbow, le nouveau moniteur super éclaté et habillé comme un petit frère de Harley Queen m'aura aussi fait sourire. C'est le genre de personnage hyper coloré qui s'en fout royalement de l'avis des autres et ne se prend pas au sérieux. Un moniteur très investi et joyeux comme je les ai moi-même apprécié quand j'ai fais les camps de jour. Kalliyah, dépeinte comme une fille colérique au début, va peu à peu gagné à être connue par Thomas. C'est une fille volcanique, détestant l'injustice, elle a donné une raclée à Killer quand il a volontairement plaqué ce dernier ( et causé une commotion cérébrale, quand même!). Kalliyah est une fille censée, authentique et ne se laisse pas impressionner...c'est même plutôt l'inverse en fait. C'est super que Thomas ait gagné à la connaître et ait changé d'avis à son sujet, ça démontre qu'on ne peut pas se baser sur peu pour juger les gens, il faut apprendre à les connaître.


"Killer", c'est un moniteur, un connard ( Appelons un chat un "chat"). Pas brillant, feignasse et sans personnalité. Pour vous faire une allégorie: Si son estime était une maison, il serait du genre à raser toutes les maisons autours juste pour ensuite prétendre que celle-ci est un gratte-ciel. Démolir l'estime des autres parce qu'il n'arrive pas à élever la sienne. Accessoirement, ce qu'il a fait à Thomas aurait pu être classé "Agression physique". C'est dommage qu'il n'ait jamais payé pour ça.


Les années 80 est le thème qui relie les actions, que ce soit les cadeaux de Madame Valérie, le spectacle de Thomas, le thème du Camp de Jour, le casse-tête de Monsieur Roland et même le spectacle de Lady Sprinkle. Pas besoin d'être calé en histoire, tout est fourni par l'autrice. Ce qui est amusant est le fait que les jeunes lecteurs ne connaitrons sans doute pas ce thème, mais les adultes sans doute un peu plus. J'aime le fait que le roman place de jeunes milléniaux avec la musique d'il y a 40 ans. Pour les personnages adultes, d'ailleurs, c'est la grande nostalgie.


Le "Camp de Jour", pour mes amis européens, n'est pas une "colo", c'est uniquement de semaine et de jour. Chansons, jeux, sorties et piscine sont généralement du lot, et certains plus spécialisés offrent des activités, de sports et des formations artistiques. Au Québec, c'est généralement là que finissent les 5 à 12 ans l'été, parce que les parents travaillent. les nombreuses chansons qu'on retrouvent dans le roman sont réelles et malheureusement, elles sont désuètes. Certaines sont même sexistes et racistes, on les évite maintenant. Bref, les camp de jours n'ont guère changé depuis les dernières décennies, c'est un fait. Et par expérience, oui, des couillons de moniteurs, il y en a et plus le bassin de population d'une zone donnée est bas, plus haut est le risque qu'ils soient pas très compétents, comme Killer. Donc, ce qui est mentionné à propos des camps de jour est généralement crédible. Reste que les moniteurs sont souvent très motivés, investis et créatifs, largement sous-payés pour une job aux si nombreuses responsabilités.


Entre autres éléments notables, j'ai apprécié ce passage où les jeunes du Camp ont passé un moment avec des aînés d'une résidence. C'est toujours touchant de voir le contact des générations. On aura aussi quelques pages en calligraphie attaché qui donne au personnage de Derick l'occasion de donner son avis et d'apporter un angle différent. En outre, on a une belle représentativité ethnique avec Kalliyah et Derick qui sont noirs, les frères Haddaoui qui sont probablement magrébins ou arabes et Giang, qui est Vietnamien ( et qui a un trouble du langage). J'apprécie que les romans reflète la diversité de notre province ( et même du pays). Enfin, j'apprécie qu'on ait abordé la pauvreté. Elle n'est pas extrême et n'est pas dans un contexte de violence, mais il est bon de représenter ces jeunes qui vivent à la limite du confortable et qui savent ce qu'est de se priver. Thomas connait d'ailleurs bien la notion d'argent et apprécie les plaisirs les plus simples, précisément parce qu'ils sont plus rares. Et les parcs à maison mobiles sont rarement employés par les auteurs comme décor.


Dernier détail que j'ai apprécié: le niveau du langage, propre et claire. J'ai horreur de ces romans où les personnages sont mal engueulé et jargottent pour le simple fait d'être "jeunes". C'est âgiste de prétendre cela. Donc ici, ils sont parfaitement compréhensibles, avec quelques expressions d'ici, et Derick qui passe son temps à dire "Baaaaaaateau!" pour éviter de dire un gros mot. le roman est écrit au "Je".


C'est donc assez convaincu que je sors de ce roman, qui m'aura fait sourire presque tout le long, avec des chapitres qui portent des noms de chansons, pleins de personnages charmants ( ou pas) et plusieurs thèmes généralement peu exploités.


Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.

Liens Photos:

https://tadmgmt.com/wp-content/uploads/2020/11/Nellie-as-Cyndi-1.jpg [ Tenue vestimentaire]

https://static-musique.qub.ca/images/covers/51/96/0886444329651_max.jpg
[ Pose de Cyndi]

Lien Vidéo [ Change of Heart]:

https://www.youtube.com/watch?v=svHeFdSvPL0
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