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sur 206 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A l'annonce du prix Nobel 2016, la surprise fut grande. Récompenser un auteur compositeur de chansons en la personne de Bob Dylan était vraiment inattendu, alors que l'Académie nous avait plutôt habitué à un certain classicisme, couronnant des poètes, des dramaturges, des romanciers. C'était oublier qu'en 1953, c'était un homme politique qui fut le lauréat, Churchill : les Nobels pouvaient donc parfois sortir des sentiers battus.

Les Nobels ont déclaré lui avoir attribué ce prix "pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d'expression poétique". C'est donc bien à son art d'auteur compositeur que l'Académie rend hommage. Cependant, avant d'aller explorer les textes de ses chansons (que je connais mal, à part les grands succès comme Blowing in the wind ou Like a rolling stone), j'avais envie de mieux connaitre l'homme, et son volume 1 de Chroniques m'autorisait à le faire par le biais de sa propre écriture, ce qui me permettait de juger sur pièces son style. Au-delà du prix Nobel, j'avais également un intérêt personnel puisque Springsteen, dont je suis fan, est souvent assimilé à un mélange entre Dylan et Presley.

Les Chroniques sont partagées en 5 parties, deux d'entre elles s'attachant chacune à la genèse d'un album et les trois autres évoquant les débuts du chanteur, un peu de son enfance et beaucoup de ses premiers pas à Minneapolis puis New York. La chronologie est totalement bouleversée, Dylan ne suivant aucun ordre et sautant d'un sujet à un autre ou d'une époque à une autre, guidé juste par ses envies d'aborder telle ou telle partie. On y retrouve notamment ses engouements littéraires, ses réflexions politico-philosophiques mais surtout de nombreux portraits des différents grands musiciens qu'il a pu croiser.

Si une certaine vanité point parfois et montre que l'image d'auto-suffisance qui lui colle souvent à la peau n'est pas totalement usurpée, on découvre finalement beaucoup d'humilité dans ce livre, notamment face à ces modèles qu'il évoque, Guthrie, Pete Seeger , d'autres bien moins connus mais qui l'auront aidé à forger son style, et pour finir Rimbaud, qu'une petite amie actrice lui fait découvrir. Il est plaisant de l'entendre parler de tous ces musiciens et la lecture est forcément émaillée de recherches internet pour aller écouter les chansons dont il parle, on ne peut que faire une lecture en musique de cet ouvrage.

Les deux parties concernant les albums New Morning et Oh Mercy sont également très intéressantes, pour leur description de la recherche d'inspiration, de la création et jusqu'aux sessions d'enregistrement pour Oh Mercy avec tout le travail de groupe avec les différents musiciens et arrangeurs pour réussir à obtenir un résultat qui sonne le plus proche de ce qu'on voudrait, sans jamais vraiment y parvenir.

Au final, on n'est pas très sûr de pourquoi Dylan a obtenu le prix Nobel. Lui-même n'apprécie pas trop les récompenses et a beaucoup tardé à envoyer son discours nécessaire pour obtenir le prix... certains ont dit surtout pour obtenir la somme d'argent qui allait avec. On ne peut dénier la parenté avec la poésie de l'art de la chanson tel que le concevait Dylan, un art mineur selon Gainsbourg dans un célèbre passage télé avec Guy Béart, mais un art tout de même. Il restera de cette lecture un voile soulevé sur le mystère Dylan, incontournable dans la musique de notre époque et pourtant méconnu de la plupart des gens.


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Comme un prélude à la lecture, comme une invitation à celle-ci, un concert d'adieu d'un groupe – The Band - à son public et à la vie nomade qui avait été la sienne, filmé par Martin Scorsese, "The last Waltz" convoquait sur cette scène, fin 1976, quelques invités comme van Morrison, Neil Diamond, Muddy Waters, Joni Mitchell, Neil Young, et Bob Dylan pour n'en citer que quelques uns. Histoire de créer une atmosphère musicale à la lecture… C'est d'ailleurs en écoutant ce concert fantastique que j'ai eu envie de connaître davantage Bob Dylan.



Les Chroniques invitent le lecteur à "écouter" Bob Dylan se raconter. Plusieurs thèmes construisent le livre. Si on apprend presque tout de la "fabrication" d'un disque, on comprend que l'enjeu de la création est aussi de faire travailler ensemble nombre de personnes pour qui le mot "musique" n'a pas la même signification et qu'accorder les caractères n'est pas d'une réelle évidence.

Bob Dylan raconte aussi son arrivée à New York, son désir de jouer de la folk sur les pas de celui qu'il admire par dessus tout, Woody Guthrie. Il est tout jeune, il faut se faire connaître, s'il espère vivre de sa musique, sa motivation première reste le désir de partager les rythmes Folk, de jouer, beaucoup, partout, avant celle de devenir un nom reconnu.
Il raconte aussi que bien que ne se rattachant ni à la country, ni au blues, il n'en a pas été moins subjugué le jour où il a entendu pour la première fois la voix et le jeu de Robert Johnson. Charmé par l'aura de celui-ci comme il l'avait été par celle de Woody Guthrie, il n'était pas loin d'être prêt à accepter de vendre, lui aussi, son âme au diable, mais pour quel but : il écrit des textes proches de la poésie ancrés dans la réalité qu'il met en musique, sa création musicale est intuitive. Se détachant des engagements de l'époque, des modes, de la notoriété, il n'aspire qu'à une vie tranquille de famille, loin de ceux qui l'admirent et lui volent son intimité.

Il lui a été reproché de ne pas se prononcer ouvertement sur les événements qui secouaient L Histoire des Etats-Unis durant ces années, il explique, de façon très claire et sans détour, les raisons de son désengagement, de son retrait devant une prise de position qui était attendue de sa part. Lors de ces explications, il se montre d'une très grande honnêteté avec lui-même.

On comprendra ainsi pourquoi Bob Dylan, que le public regardait comme une icône de sa génération, ne voulait en aucun cas endosser le rôle de meneur, ni dans les idées, ni dans l'art musical. Pourquoi alors qu'il aurait été si simple de jouir de l'adulation, il avait choisi la discrétion, refusant de s'engager notoirement pour telle ou telle cause.


Le livre est prenant, avec beaucoup de références au monde artistique de l'époque évoquée : beaucoup de noms, beaucoup de recherches à faire en lisant pour en connaître davantage sur tous ces personnages cités. C'est le reflet d'une époque, d'une génération, des attentes d'une jeunesse. C'est surtout la rencontre avec un homme humble, sincère, tout en discrétion que le succès n'a jamais ébranlé, ni corrompu dans ses idées.

On referme le livre et on ne peut qu'éprouver la nécessité d'écouter l'homme chanter…

"D'une dimension plus éclatante, la folk-music dépassait la réalité et l'entendement. Elle vous tirait par le petit doigt, et elle était capable de vous engloutir complètement. Je me sentais chez moi dans ce royaume mythique."

Juin 2021
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Tout l'intérêt de ces chroniques est de nous faire remonter le temps et de nous emmener en immersion dans un univers plus fantasmé que réel. On connait la tendance de Bob à raconter des histoires, à faire en sorte de sublimer la réalité. Pas pour frimer ou pour nous mystifier, mais parce que la mémoire de cet homme ressemble à un film de Wim Wenders. Comme dans Paris Texas ou les Ailes du Désir, il nous promène dans l'hiver glacé de New York ou dans la moiteur de New Orleans avec un réalisme poétique, mais sans fioritures.
Comment naissent les chansons? autant essayer de comprendre comment on fait les bébés! Conception, gestation, avortement parfois, accouchement avec ou sans forceps...Tout vient du désir, celui de l'âme et des tripes, qui va prendre forme dans un rythme, des mots, une mélodie, devenir blues ou rock, ballade ou chant de révolte.
Je dois avouer que j'ai été séduite par le ton souvent ironique du récit, la distance et en même temps la passion qu'on ressent chez ce personnage qui recherche la grâce plus que la gloire.
Carry on, Bob, don't give up the fight.
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Pour les 71 ans de Mr Dylan moi je décide de lire son autobiographie nommé Chroniques. J'ai toujours aimé Bob Dylan pour ses chansons mais sa personnalité ainsi que son histoire ça restait un mystère pour moi, quand je voyais Bob Dylan c'était plus comme une légende de la Folk Music.
Cette autobiographie est en fait une autobiographie en roue libre c'est à dire que Bob Dylan ne nous raconte pas son histoire en y rajoutant une touche personnelle qu'il n'y aurait pas dans les biographies. Dans Chroniques il raconte par exemple les débuts son arrivé à New York dans les deux premières partie puis deux autres ( New Morning et Oh Mercy ) pour revenir à ses débuts avec la signature de son premier contrat dans fleuve de Glace. En fait le chanteur/ auteur nous livre ses coup de coeur littéraires et artistique, les  personnalités qui l'ont influencés ( notamment Woody Guthrie et Robert Johnson ) les endroits ou il a commencé, sa volonté d'écrire ses propres chansons, l'inspiration etc. Dylan ne se montre pas comme un héros comme une super star bien sur il ne parle pas non plus de plusieurs chose que l'on connaît sur lui comme la drogue et l'initiation des Beatles, son amitié avec Joan Baez et j'en passe, il le fera certainement dans les autres volumes. Dans cette autobiographie j'ai tout de même eu l'impression qu'l essayait de se démystifier en parlant de ses craintes de vieillir que sa musique soit démodé, de sa perte de toute motivation, son envie de vivre en ermite avec sa famille, son refus d'être étiqueté comme porte parole et folk singer engagé qui m'a vraiment surprise. 
Ce qui est bien réussit c'est que quand Dylan parle de sa jeunesse il y a de l'innocence, de la volonté de percé, de l'admiration pour d'autre personnes, la motivation alors que quand il parle de 1987 ou il a 47 ans ou peut sentir de l'amertume, des regrets, des peurs, des hésitations...personnellement je préfère les parties ou il parle de ses débuts. 
Je m'attendais à une autobiographie proche de la biographie ou il nous raconterait année par année pour ceux qui ne connaissent pas les dates exact de l'histoire de Bob Dylan pourront trouvé cette autobiographie décousu avec plus d'anecdotes que de grande lignes sur la création du personnage. Je fais parti de ceux qui ne connaissent pas les dates exact du chanteur mais j'arrive à le situer ça m'a un peu dérangé mais o. Finit par s'y faire, ça m'a donné envie de me renseigner sur Wikipédia ou quoi. 
C'est assez dure de faire une critique sur une autobiographie, j'espère avoir réussi. Je conseille à toutes les personne qui aiment Bob Dylan et voudraient en apprendre plus sur sa vie et sa façon de voir son succès lié à sa vie de musicien, un portrait plus intimiste d'un grand artiste. 
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Bob Dylan n'est donc pas qu'un immense musicien et compositeur, il se révèle également un très bon écrivain. Ce livre, qui ne raconte que quelques années de sa vie, est véritablement passionnant; Comme ses chansons, son écriture est simple, sans artifices, son écriture est belle. Si on le savait passionné de musique ( il semble aimer tous les genres, les connaitre parfaitement tous), on le découvre ici grand amateur de littérature, de Whitman à Rimbaud, en passant par Kerouac. En espérant qu'il y aura vraiment une suite !
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1961, le jeune Robert Allen Zimmerman quitte son Midwest natal, aux Etats-Unis, pour se rendre à New-York et plus principalement à Greenwich Village dans une volonté farouche de jouer avec tous les grands de la folk-music. Celui qui aller devenir Bob Dylan affronte un froid hivernal, galère de squat de canapé en squat de canapé, de doutes en certitudes et finit par rencontrer les personnes qui lui permettront de signer ses premiers albums.

Le premier volume des chroniques autobiographiques de Bob Dylan sobrement intituler Chroniques – Volume 1, nous permet d'approcher cet artiste aux multiples facettes, qui vouent un culte sans nom au Folk sans toutefois être extrémiste et qui se livre avec pudeur quoiqu'avec cette pointe de narcissisme que l'on pardonne volontiers aux grands génies.

Le livre est truffé d'anecdotes croustillantes, ses premières scènes ouvertes au milieu d'une foule d'artistes peu commune, sa boulimie de livres, sa fuite constante des fanatiques qui l'on érigé en porte-parole et qui ne manquent pas de violer son intimité, sa rencontre avec un certain Sun Pie et sa vision sur les chinois, bref, beaucoup d'histoires aussi touchantes les unes que les autres. A la lecture de Chroniques – Volume 1, nous croisons aussi quantité de références à la folk-music, au Jazz, au Blues, à la littérature. Nous découvrons l'histoire de l'enregistrement, dans les doutes et la douleur mais aussi au gré des rencontres et des moments d'inspiration, de l'album Oh Mercy ! sorti en 1989, considéré par Bob Dylan comme un nouveau départ.

Une mention spéciale pour le glossaire en fin de livre qui nous permet de comprendre, par exemple, ce qu'est un acétate.

Cette autobiographie permet aux novices de comprendre pourquoi Bob Dylan marque tant son époque alors que sa musique est à contre-courant, pour les puristes d'en savoir encore plus sur cette légende vivante et de découvrir deux autres facettes de Bob Dylan : l'écriture et la littérature. Au fil des pages, au rythme des mots, nous sourions, nous rageons, nous compatissons, nous aimons, nous détestons. Bob Dylan manie les mots comme il compose avec les notes. Un livre à lire absolument !
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Je ne suis pas fan de Bob Dylan. Toutefois, après avoir lu ce livre j'ai envie de réécouter ses chansons.
Beaucoup de choses dans ce récit, et fort peu à la fois. L'image qu'on pouvait avoir de lui est fausse, et il s'ingénie à la détruire.
Livre brillant.
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Un ouvrage passionnant sur les débuts d'une icône.
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Puisque j'ai entendu ce matin que c'était l'anniversaire de Bob Dylan,
et que je viens de finir de lire son livre, autant vous en parler !

Sur la photo au dos du livre, il est très beau !! aussi beau que ses chansons !Bob Dylan nous raconte ses débuts dans la chanson....
Lien : http://bibliothequeouillon.o..
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Vous cherchez le Dylan de "Like A Rolling Stone", "Blowin' In The Wind", "Mr Tambourine >Man", "Desolation Row"...? Il n'est pas encore ou plus là.
Vous voulez tout savoir sur l'enregistrement de "Masters Of War", ou sur le concert de 66 à Manchester ? Pas là, non plus.

Pourtant, ce livre patchwork riche de digressions et de retours en arrière dresse un portrait remarquable de l'artiste, bâti à coups de souvenirs et sans doute, de vérités aléatoires.
Ses premiers pas au Village, écumant les bars, squattant chez les uns et les autres, lisant tout ce qui lui tombe sous la main au hasard des rencontres, admirateur de Roy Orbison ou Hank Williams et bien sûr, de Woodie Guthrie.

On passe sans transition à son séjour à Woodstock, harcelé par les fans et les pique-assiettes. Cette partie comprend un passage extraordinairement éclairant. Il est en voiture avec Robbie Robertson qui lui dit : "Alors, tu les emmènes où, maintenant ? "
J'ai répondu : "Qui ça ?"
- Eh bien, le rock and roll. Tout le monde."
Tout le monde ! Ma vitre était baissée de deux ou trois centimètres. je l'ai descendue entièrement. le vent m'a giflé le visage et je laissé faire jusqu'à ce que ces mots s'évanouissent -c'était comme lutter contre une conspiration. Il n'y avait plus d'endroit assez loin. je ne sais pas à quoi rêvaient les autres, mais moi, je rêvais d'horaires réguliers, d'une maison blanche et des roses au fond du jardin. Ç'aurait été chouette".

Sans davantage de lien apparent, on bascule de cette période de transition culminant avec la sortie de "New Morning" à l'enregistrement 20 ans plus tard, de "Oh Mercy" avec Daniel Lanois. Dylan est en proie aux doutes et aux frustrations, regrettant de ne pouvoir offrir à son producteur, des titres du calibre de "Hard Rain" ou "Gates of Eden".

Enfin, la dernière partie du livre offre un nouveau bond en arrière. de Minneapolis à New York, sur les traces de Guthrie, impressionné par Joan Baez ("sa voix à conjurer le mauvais sort. Elle était comme tombée d'une autre planète") et Dave van Ronk, le jeune artiste découvre par hasard un disque d'un alors inconnu, Robert Johnson. C'est le choc ("Je voulais être comme ça moi aussi").
Dylan entre en gestation. le Folk est encore sa matrice, mais son évolution future était déjà annoncée.

Avec son premier contrat, l'incomparable aventure va pouvoir commencer : "un monde étrange s'ouvrait devant moi, monde d'orages dans une boule de foudre. Beaucoup se sont trompés et n'ont jamais compris. J'ai foncé tout droit. La porte était grand ouverte."
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