Harbinger wars

Ce tome se déroule concomitamment à Harbinger T03 et à Bloodshot T03. Il vaut mieux avoir lu un de ces 2 volumes pour apprécier ce récit. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie (chacun d'une trentaine de pages), initialement parus en 2013, avec une histoire conçue par Duane Swierczynski et Joshua Dysart, écrite et dialoguée par Dysart. En fonction des séquences, l'épisode 1 est dessiné par Clayton Henry, Clayton Crain ou Mico Suayan. Les épisodes 2 à 4 sont dessinés et encrés par Clayton Henry, avec l'aide de Pere Pérez. Comme le titre l'indique, ce récit met en scène des psiots (individus doués de pouvoirs psychiques divers).

9 jours après les événements de Las Vegas, Morris Kozol (le nouveau directeur du Projet Rising Spirit) est entendu par des représentants du gouvernement étatsunien dans un lieu secret. Les premières questions portent sur l'intervention de psiots du Projet Rising Spirit, sur un site chinois à la demande du gouvernement chinois. La question suivante porte sur le fait que Bloodshot ait échappé à sa programmation depuis 2 mois, sans que Projet Rising Spirit ne réussisse à le récupérer. Neufs jours plutôt, Peter Stanchek se tape un rêve prémonitoire de mauvais augure, avec une apparition du moine qui saigne. Toyo Harada participe aussi à cet épisode télépathique.

Donc, neuf jours plutôt, Bloodshot (le tueur de psiots) a fait irruption dans une installation du Projet Rising Spirit, où il a libéré plusieurs psiots adolescents, certains fuyant à travers le désert du Nevada, jusqu'à Las Vegas, d'autres acceptant de l'accompagner. Harada et quelques psiots de sa fondation Harbinger sont à leur poursuite. Les Renégats (l'équipe de Peter Stanchek) suit Stanchek, lui-même influencé par le moine qui saigne pour aller sauver les psiots réfugiés dans un casino de Las Vegas.

Pour le premier crossover Valiant depuis la relance de cet univers en 2012, les éditeurs ont suggéré un dispositif déconcertant. Les événements racontés dans ce tome font également l'objet d'un récit dans chacune des 2 séries concernées. En ce qui concerne celle d'Harbinger (n'ayant pas lu celle de Bloodshot), il n'y a pas de redite. Cela signifie que Dysart et Swierczynski ont conçu une narration sophistiquée où chaque tome participe à la même intrigue, tout en apportant des éléments différents. Ainsi le lecteur retrouve bien les événements d'Harbinger 3, mais à des moments différents, ou avec le point de vue d'un autre personnage. Au final la description de ce qui s'est passé à Las Vegas s'enrichit de chacun des 3 tomes, tout en restant compréhensible en n'en lisant qu'un seul. C'est assez fort d'un point de vue narratif.

Le fond de l'intrigue est assez simple. Des adolescents dotés de pouvoirs psychiques s'échappent du centre dans lequel ils étaient détenus et prennent des otages dans un casino de las Vegas. Leur devenir est l'enjeu du combat que se livrent 3 factions : Toyo Harada et sa fondation Harbinger, Peter Stanchek et le groupe des renégats, et les responsables du Projet Rising Spirit qui aimeraient bien les récupérer. Il s'en suit la présence d'un grand nombre de personnages. Toyo Harada est accompagné de 3 Eggbreakers (Ion, Stronghold et Saturn). Peter Stanchek est à la tête des Renégats composés de Torque, Flamingo, Kris et Zephyr. Bloodshot a réussi à récupérer 8 psiots : Clem, Cloud, Serenade, Ramsey, Graham, Baxter, Katherine et Maggie. Enfin, il y a un groupe de 10 psiots qui a pris son indépendance et qui se fait appeler Génération Zéro : Cronus, Telic, Traveler, Isiah, Hive, Astral, Atomus, James, Howl et Eliphas. En outre, le lecteur familier de la première itération de l'univers Valiant datant de 1989 aura le plaisir de découvrir une nouvelle version du H.A.R.D. Corps.

Contre toute attente, l'intrigue reste lisible et compréhensible malgré cette forme particulière et le nombre de personnages. Les auteurs réussissent à exposer clairement les objectifs et les intérêts de chaque faction. Par contre il vaut mieux connaître le positionnement de Toyo Harada et ses relations avec le groupe de Peter Stanchek, parce que le bref résumé placé au début du premier épisode ne suffit pas à s'en faire une idée claire. Ils ont également placé une synthèse des forces en présence en début des épisodes 2 à 4, permettant au lecteur distrait de se remémorer qui est qui et qui fait quoi. Ils n'accordent pas beaucoup de pages pour la personnalité des Renégats, de Bloodshot ou de Toyo Harada ; par contre ils en accordent plus à la situation des psiots du Projet Rising Spirit et aux différents adolescents correspondants, ce qui apporte un complément bienvenu par rapport à la série Harbinger. Ils prennent également le temps de présenter les H.A.R.D. Corps, avec un soupçon d'humour bien dosé.

Même s'il connaît l'intrigue et son dénouement, le lecteur découvre plusieurs surprises qui maintiennent son intérêt. Il y a donc cette Génération Zéro, mais aussi les bouleversements subis par Projet Rising Spirit, ainsi que l'explication de la stratégie de Toyo Harada, vis-à-vis de ces psiots du Projet Rising Spirit. le lecteur de la série Harbinger consolide les moments qui étaient narrés un peu rapidement et il en apprend plus sur la toile de fond de l'événement, mais aussi de la rivalité entre Toyo Harada et le Projet Rising Spirit.

D'un point de vue visuel, le premier épisode commence très bien, puisqu'après une page de Clayton Henry (dessins fonctionnels, propres sur eux), le lecteur a droit à 8 pages réalisées à l'infographie par Clayton Crain. le rendu est sophistiqué, sans être illisible, avec des textures travaillées, des effets spéciaux complexes utilisés à bon escient, des lieux dotés de spécificités les rendant uniques et substantiels. le lecteur ressent toute l'urgence de l'intervention des psiots dans cette base chinoise, ainsi que l'horreur de ce à quoi ils se retrouvent confrontés. Il y a également 3 pages dessinées par Mico Suayan, correspondant à la vision induite par le moine qui saigne, avec un encrage appuyé pour rendre la noirceur de la situation. Quant à lui, Clayton Henry réalise des dessins avec une approche réaliste, un peu simplifiée, sans la sophistication de Clayton Crain, ou la noirceur de Mico Suayan, mais avec un bon niveau de détails et une mise en scène vivante. le lecteur se demande seulement pourquoi les enfants et adolescents psiots vont se coucher avec leur uniforme, plutôt que de dormir en pyjamas.

En ayant parcouru le sommaire, il sait que les 3 épisodes suivants sont réalisés par Clayton Henry avec l'aide plus ou moins importante de Pere Pérez (sans précision supplémentaire quant à son apport). Cet artiste n'a pas la tâche facile puisqu'il doit déjà gérer un grand nombre de personnages. de ce côté-là, il s'en sort bien en les rendant reconnaissables, alors que la plupart portent un uniforme identique. Il effectue donc un bon travail sur leur morphologie, leur taille, leur chevelure et leur visage pour leur donner des apparences distinctes. En ce qui concerne les différents lieux, Henry donne un aperçu ressemblant de Las Vegas, tout en simplifiant grandement les formes à l'intérieur du casino. Il en fait assez pour que le lecteur éprouve l'impression de se trouver dans ces chambres et couloirs qui se ressemblent, pas tout à fait assez pour la décoration.

Pour les séquences se déroulant dans le désert du Nevada, le lecteur est saisi par le sentiment désertique des arrière-plans, dans le sens où l'artiste ne représente rien, ni faune, ni flore, ni reliefs, laissant le soin au metteur en couleurs de meubler. Il devient alors difficile de croire à ce décor naturel. Henry est plus à l'aise pour mettre en scène les séquences d'action et les affrontements, toujours bien secondé par le metteur en couleurs Brian Reber. le degré de simplification demeure mais les angles de prise de vue et le choix des moments représentés rendent bien compte de la violence des coups portés, et de la soudaineté des attaques. le principe des H.A.R.D. Corps (un seul pouvoir à la fois) est également bien transcrit, y compris dans ses limites (petits problèmes de connexion).

Ce premier crossover Valiant (version 2012) s'adresse à un lecteur familiarisé avec la série Harbinger, car il y comprend de nombreuses références. Il apporte un point de vue complémentaire au tome 3 de la série Harbinger, en développant d'autres parties de cette histoire. le crossover repose essentiellement sur les psiots et sur l'intervention de Toyo Harada et des Harbinger, mais Bloodshot dispose également de scènes qui lui sont dédiées et qui permettent de découvrir le personnage, sa situation très particulière, son efficacité et son pouvoir guérisseur. le premier épisode présente des dessins de bonne facture apportant de la consistance au récit. Les épisodes 2 à 4 reposent sur des dessins plus fonctionnels, avec une mise en scène efficace. 4 étoiles pour un complément enrichissant à la série Harbinger.

un peu x-men, un peu heroes, bref des super heros qui apprennent à utiliser leurs pouvoirs en même temps qu'ils essayent d'être libres, ce qui n'est pas si facile... une lecture qui passe le temps, je continuerai volontiers à lire si la médiathèque où je les prends continue de les acheter...