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Citations sur Ecrits sur le sable, tome 1 (12)

Souvent, en face de ces vieux mendiants de l'islam, aveugles et caducs, je me suis arrêtée, me demandant s'il y avait encore des âmes et des pensées derrière ces masques émaciés, derrière le miroir terne de ces yeux éteints... Étrange existence d'indifférence et de morne silence, si loin des hommes qui, pourtant, vivent et de meuvent alentour!
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Mais l’adversité est la pierre de touche des âmes et ceux qui n’ont pas souffert sont incapables de faire de grandes choses.

(p. 315)
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Les grands buissons sahariens au feuillage d’aiguilles sombres se sont dépouillés des poussières hivernales et semblent vêtus de velours.

Les jujubiers, ratatinés,, comme ramassés sur eux-mêmes, d’aspect méchant, se couvrent de petites feuilles rondes d’un vert tendre, presque doré ; les genêts sont tout étoilés de fleurs blanches, petits sabots candides et parfumés ; des herbes s’élèvent gonflées de sève ; les touffes de drinn, faisceaux rigides et brillants, sont vertes et s’empanachent déjà : çà et là, une asphodèle érige sa haute hampe et ses petites clochettes pales ; un iris violet et d’humbles fleurettes bleues qui se cachent dans l’ombre amie des buissons…

De toute cette verdure, de toutes ces richesses écloses d’hier, étalées pour quelques jours sous le ciel qui sera de plomb bientôt, qui cessera de sourire pour des mois et des mois, un parfum monte, composite et grisant, une senteur languissante et chaude.

Une infinité d’oiseaux migrateurs voltigent et chantent dans le désert en fête. Les alouettes s’élèvent vers le jour naissant, lancent en battant des ailes leur appel tendre, puis retombent dans les buissons comme pâmées.
Et sur toute cette joie éphémère la tristesse mystérieuse du désert partout son ombre éternelle. 

(p. 98 et 99)
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 ….Combien misérables sont ceux qui, encrassés irrémédiablement dans les basses matérialités journalières, usent les heures brèves de la vie en de vaines et ineptes récriminations contre tous et contre tout, et qui restent aveugles devant l’ineffable beauté des choses et devant la splendeur triste de la douloureuse humanité.

Heureux celui pour qui tout ne va pas point bêtement et cruellement au hasard, à qui tous les trésors de la terre sont familiers, et pour qui tout ne finit pas sottement dans l’ombre du tombeau !

Il est des êtres disgraciés qui envisagent le monde sous les plus sombres couleurs et qui, de l’inépuisable Beauté, qui est l’essence même de l’Univers et de la Vie, ne voient rien.

C’est la plus déshéritée des déshérités de ce monde, une exilée sans foyer et sans patrie, une orpheline dénuée de tout, qui écrit ces lignes.

Elles sont sincères et vraies.

(p. 107)
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 …. Rien ne saurait égaler en splendeur et en mystère les nuits de lune dans le désert de sable.

Le chaos des dunes, des tombeaux, les maisons et les jardins, toutes les choses s’estompent, se fondent. Le désert, d’un blanc neigeux, s’emplit de fantômes, de reflets tantôt roses, tantôt bleuâtres, de lueurs argentées…

Aucun contour net et précis, aucune forme arrêtée et distincte : tout reluit, tout scintille à l’infini, mais tout est vague.
Les dunes semblent des vapeurs amoncelées à l’horizon. Les pentes les plus proches disparaissent dans l’infini clarté d’en haut. Les hommes vêtus de blanc marchent, telles des apparitions, à peine distincts, comme vaporeux.

...Remarqué souvent l’aspect fantastique que prenait au clair de lune un petit pan de muraille resté debout au coin de la ruine située derrière le « quartier », au-dessus du jardin des tirailleurs. De loin, malgré moi, elle me semblait toujours une silhouette humaine dressée là, sur mon chemin, et il m’est arrivé de tressaillir en l’apercevant. 

(p. 106)
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Je mes dis que l'amour est une inquiétude et qu'il faut aimer à quitter, puisque les êtres et les choses n'ont de beauté que passagère.
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 …. Oh ! Le doux assoupissement des sens et de la conscience dans la monotonie de la vie aux pays du soleil !
Oh ! La douce sensation de se laisser vivre, de ne plus penser, de ne plus agir, de ne plus s’astreindre à rien , de ne plus regretter, de ne plus désirer, sauf la durée indéfinie de ce qui est !
Oh ! La bienheureuse annihilation du moi, dans cette vie contemplative du désert !

….Parfois, cependant il est encore de ces heures troublées où l’esprit et la conscience, je ne sais pourquoi, se réveillent de leur longue somnolence et nous torturent.
Combien de fois n’ai je pas senti mon cœur se serrer en songeant à ma vocation d’écrire et de penser, à mon ancien amour de l’étude et des livres, à mes curiosités intellectuelles de jadis…..

Heures de remords, d’angoisse et de deuil.

Mais ces sentiments n’ont presque jamais d’action sur la volonté qui reste inerte et n'agit point….

Puis la paix et le silence ambiants nous reprennent et de nouveau, recommence pour nous la vie contemplative, la plus douce, mais aussi la plus stérile de toutes.

« Tu enfanteras dans la douleur », fut-il dit à la première femme, et pareille obligation pesa sans doute sur les destins du premier Prométhée de la pensée, du premier Héraclès de l’art. Une voix secrète a dû lui dire : Quand ton esprit ne sera pas à la torture, quand ton cœur ne souffrira pas, quand ta conscience ne te fera pas subir d’interrogatoires sévères, tu ne créeras pas…

Inerte reste ma main et silencieuses mes lèvres.

Pourtant je comprends bien la fatalité universelle : c’est la brûlure délicieuse et torturante d’aimer qui fait chanter l’oiseau au printemps, et les immortels chefs-d’œuvre de la pensée sont issus de la souffrance humaine... 

(p. 100 et 101)
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La vallée de Figuig s'ouvrait sous le soleil comme un grand calice pâle. J'étais
assise sur le parapet en terre dorée d' une haute tour branlante, si vieille et si fragile
qu'elle semblait prête à tomber en poussière. [ ... ] Elle était située très haut et
dominait toute la vallée.
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Une grande tristesse inconnue règne sur cette région singulière, « d’où la bénédiction de Dieu s’est retirée », vestige peut-être d’une mer Morte oubliée, où règnent maintenant le sel amer, la glaise stérile, le salpêtre et l’iode…

Tristes lacs éphémères sans poissons, sais oiseaux et sans bateaux, tristes îles sans végétation, désert absolu, plus lugubre que les plus desséchées des dunes !

Là-bas, la vie peut être engendrée par l’homme, le sol est fertile. Ici, la mort est irrémédiable et, sauf l’inondation hivernale, rien ne vient y manquer la succession des jours.

Et, cependant, ils ont leur splendeur et leur magie, les vallons de sel gemme, les lacs transparents où se jouent les mirages, où se mirent les cités chimériques, les bois de palmiers et les mosquées de rêve, où viennent s’abreuver les troupeaux innombrables qui ne sont que de blanches vapeurs surchauffées par le soleil !

Pays d’illusions, de reflets, de visions et d e fantômes, pays d’irréel et de mystère, souvenirs encore intacts des origines océaniques de la planète, ou plaies de lente désagrégation, lèpres, gangrènes prématurées éclatant déjà à la face de la terre...Qui sait ?

(p. 98)
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(...) La palmeraie, transie, aux têtes échevelées des dattiers, s'emplit de poussière blafarde et les vieilles maisons en toub, debout au milieu des ruines, émergent, jaunâtres, comme salies de l'ombre trouble de la vallée, au-delà des grands cimetières isolés.
p.164
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