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Ecrits sur le sable tome 1 sur 2

Marie-Odile Delacour (Éditeur scientifique)Jean-René Huleu (Éditeur scientifique)
EAN : 9782246392217
Grasset (04/01/1989)
4.28/5   16 notes
Résumé :
Destin exceptionnel que celui de cette jeune femme russe, apatride vagabonde, qui, à vingt ans, parcourait les sables, les villes et les oasis du sud algérien. Petit reporter habillée en homme, à la musulmane, sorte de Tintin réincarné dans un corps de femme, elle bravait tous les interdits avec une audace tranquille, un mépris du conformisme et une soif insatiable de liberté. Fragments de journaux, reportages, récits et nouvelles, ces Écrits sur le sable, plus de m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Isabelle Eberhardt fut brûlée par le soleil du désert... L'Amazone des sables!
Elle était aventurière, vagabonde, disciple d'une confrérie, maraboute, reporter de guerre et mystique !

Elle laissa son empreinte, dans le sable, en noircissant des centaines de pages de notes et de récits, alors qu'elle n'avait pas 27 ans.


Le cavalier, vêtu des gandouras et de burnous blancs, avec le chapelet noir des Qadriya, la main droite dans un mouchoir rouge pour tenir les rênes, c'est Isabelle déguisée en homme, sous le nom de Mahmoud Saadi.


Enfourchez votre pur-sang arabe, pour suivre Isabelle, dans sa quête!
Elle rencontre l'amour avec Slimène Ehnni, mais est blessée par le sabre d'un musulman fanatique... Elle plaida la clémence, pour son agresseur, le 04 juin 1901. Mais, ce procès la livra à la vindicte du milieu colonial...
La jeune femme déclare dans "La dépêche algérienne": ...que je n'ai jamais été chrétienne, que je ne suis pas baptisée, et quoique sujet russe, je suis musulmane depuis fort longtemps.


Elle aime le cimetière antique de Bab-el-Gorjani, ses herbes sèches, et ses rosiers dans l'ombre centenaire des figuiers et des cyprès noirs.
Les tombes grises revêtent de splendides couleurs, quand les rayons obliques du soleil glissent, en traînées roses, sur les pierres d'oubli.


Dans la vaste plaine, Seldjoumi d'un brun violacé prend des aspects trompeurs de mer vivante, d'une profondeur d'abîme.


"Une multitude d'eucalyptus au pâle feuillage bleuâtre, forme une couronne d'argent sertissant la plaine maudite, où rien ne pousse, où rien ne vit!"


Un court extrait de ce qu'écrivait Isabelle Eberhardt, sur le sable, avant de disparaître, dans le désert, trop tôt...
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magnifique écriture, vie extra ordinaire dans le sud algérien. On n'oublie pas de sitôt Isabelle. Ces deux tomes sont une mine de diamants.
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Voyage, aventure sous le signe d'une vie qui a valu la peine d'être vécue.
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Excellente édition bien annotée.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Souvent, en face de ces vieux mendiants de l'islam, aveugles et caducs, je me suis arrêtée, me demandant s'il y avait encore des âmes et des pensées derrière ces masques émaciés, derrière le miroir terne de ces yeux éteints... Étrange existence d'indifférence et de morne silence, si loin des hommes qui, pourtant, vivent et de meuvent alentour!
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Les grands buissons sahariens au feuillage d’aiguilles sombres se sont dépouillés des poussières hivernales et semblent vêtus de velours.

Les jujubiers, ratatinés,, comme ramassés sur eux-mêmes, d’aspect méchant, se couvrent de petites feuilles rondes d’un vert tendre, presque doré ; les genêts sont tout étoilés de fleurs blanches, petits sabots candides et parfumés ; des herbes s’élèvent gonflées de sève ; les touffes de drinn, faisceaux rigides et brillants, sont vertes et s’empanachent déjà : çà et là, une asphodèle érige sa haute hampe et ses petites clochettes pales ; un iris violet et d’humbles fleurettes bleues qui se cachent dans l’ombre amie des buissons…

De toute cette verdure, de toutes ces richesses écloses d’hier, étalées pour quelques jours sous le ciel qui sera de plomb bientôt, qui cessera de sourire pour des mois et des mois, un parfum monte, composite et grisant, une senteur languissante et chaude.

Une infinité d’oiseaux migrateurs voltigent et chantent dans le désert en fête. Les alouettes s’élèvent vers le jour naissant, lancent en battant des ailes leur appel tendre, puis retombent dans les buissons comme pâmées.
Et sur toute cette joie éphémère la tristesse mystérieuse du désert partout son ombre éternelle. 

(p. 98 et 99)
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 …. Oh ! Le doux assoupissement des sens et de la conscience dans la monotonie de la vie aux pays du soleil !
Oh ! La douce sensation de se laisser vivre, de ne plus penser, de ne plus agir, de ne plus s’astreindre à rien , de ne plus regretter, de ne plus désirer, sauf la durée indéfinie de ce qui est !
Oh ! La bienheureuse annihilation du moi, dans cette vie contemplative du désert !

….Parfois, cependant il est encore de ces heures troublées où l’esprit et la conscience, je ne sais pourquoi, se réveillent de leur longue somnolence et nous torturent.
Combien de fois n’ai je pas senti mon cœur se serrer en songeant à ma vocation d’écrire et de penser, à mon ancien amour de l’étude et des livres, à mes curiosités intellectuelles de jadis…..

Heures de remords, d’angoisse et de deuil.

Mais ces sentiments n’ont presque jamais d’action sur la volonté qui reste inerte et n'agit point….

Puis la paix et le silence ambiants nous reprennent et de nouveau, recommence pour nous la vie contemplative, la plus douce, mais aussi la plus stérile de toutes.

« Tu enfanteras dans la douleur », fut-il dit à la première femme, et pareille obligation pesa sans doute sur les destins du premier Prométhée de la pensée, du premier Héraclès de l’art. Une voix secrète a dû lui dire : Quand ton esprit ne sera pas à la torture, quand ton cœur ne souffrira pas, quand ta conscience ne te fera pas subir d’interrogatoires sévères, tu ne créeras pas…

Inerte reste ma main et silencieuses mes lèvres.

Pourtant je comprends bien la fatalité universelle : c’est la brûlure délicieuse et torturante d’aimer qui fait chanter l’oiseau au printemps, et les immortels chefs-d’œuvre de la pensée sont issus de la souffrance humaine... 

(p. 100 et 101)
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 …. Rien ne saurait égaler en splendeur et en mystère les nuits de lune dans le désert de sable.

Le chaos des dunes, des tombeaux, les maisons et les jardins, toutes les choses s’estompent, se fondent. Le désert, d’un blanc neigeux, s’emplit de fantômes, de reflets tantôt roses, tantôt bleuâtres, de lueurs argentées…

Aucun contour net et précis, aucune forme arrêtée et distincte : tout reluit, tout scintille à l’infini, mais tout est vague.
Les dunes semblent des vapeurs amoncelées à l’horizon. Les pentes les plus proches disparaissent dans l’infini clarté d’en haut. Les hommes vêtus de blanc marchent, telles des apparitions, à peine distincts, comme vaporeux.

...Remarqué souvent l’aspect fantastique que prenait au clair de lune un petit pan de muraille resté debout au coin de la ruine située derrière le « quartier », au-dessus du jardin des tirailleurs. De loin, malgré moi, elle me semblait toujours une silhouette humaine dressée là, sur mon chemin, et il m’est arrivé de tressaillir en l’apercevant. 

(p. 106)
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 ….Combien misérables sont ceux qui, encrassés irrémédiablement dans les basses matérialités journalières, usent les heures brèves de la vie en de vaines et ineptes récriminations contre tous et contre tout, et qui restent aveugles devant l’ineffable beauté des choses et devant la splendeur triste de la douloureuse humanité.

Heureux celui pour qui tout ne va pas point bêtement et cruellement au hasard, à qui tous les trésors de la terre sont familiers, et pour qui tout ne finit pas sottement dans l’ombre du tombeau !

Il est des êtres disgraciés qui envisagent le monde sous les plus sombres couleurs et qui, de l’inépuisable Beauté, qui est l’essence même de l’Univers et de la Vie, ne voient rien.

C’est la plus déshéritée des déshérités de ce monde, une exilée sans foyer et sans patrie, une orpheline dénuée de tout, qui écrit ces lignes.

Elles sont sincères et vraies.

(p. 107)
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Vidéo de Isabelle Eberhardt
Rencontre avec Leïla Sebbar & Manon Paillot animée par Patrice Rötig Lecture par Frédéric Mitterrand
Après Je ne parle pas la langue de mon père et L'arabe comme un chant secret, Lettre à mon père est le dernier volet, le plus tendre et le plus violent, de la trilogie autobiographique de Leïla Sebbar. Pour la première fois, elle ose, outre-mort, une adresse directe à son père Mohamed dont le silence l'a tenue loin de son roman familial, qu'elle écrit dans la langue de sa mère, le français. Sans fin elle l'interroge, et il ne parle guère. Au cours de cette soirée nous évoquerons également un recueil de récits et nouvelles où Leïla Sebbar nomadise avec Isabelle, son héroïne, sa muse, Isabelle Eberhardt ; un ouvrage préfacé et édité par Manon Paillot. Enfin, par la voix de Frédéric Mitterrand, nous entendrons différents extraits.
À lire – aux éd. Bleu autour : Leïla Sebbar, Lettre à mon père – Leïla Sebbar & Isabelle Eberhardt (nouvelles), préface de Manon Paillot, 2021.
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